L'infirmière Libérale Magazine n° 286 du 01/11/2012

 

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FIN DE VIE→ Une conférence était organisée à la mi-octobre* à Clermont-Ferrand pour aider les soignants à trouver les bons mots et les bonnes attitudes devant les familles endeuillées.

Savoir quoi dire, quoi faire. Ils sont autour de 170, assis dans l’amphithéâtre du Centre diocésain de Pastorale à Clermont-Ferrand (63). Majoritairement des professionnels de santé, en établissement ou libéraux, tous preneurs de conseils pour mieux accompagner les familles confrontées à la disparition d’un proche.

D’abord, l’écoute

Depuis vingt ans, Denis Landry forme les soignants qui doivent régulièrement faire face à la fin de vie et la mort. Il les aide à trouver les bons mots, gestes et attitudes. Que dire à ces familles qui se préparent à la séparation ? « D’abord les écouter, insiste-t-il. Si je les ai écoutées, je saurai bien mieux leur parler. » Que dire aussi à ces patients épuisés qui forment encore le souhait de pouvoir assister dans six mois au mariage de leur petite-fille ? « L’expression d’un désir et la réalisation d’un désir, ce sont deux choses différentes, remarque le psychologue. On peut très bien dire à une personne “ce serait formidable si vous aviez la possibilité d’assister à ce mariage”, sans lui donner de faux espoir pour autant. »

Des paroles simples et du naturel

Que dire encore à cette fille, désarmée devant son père qui ne lui parle plus ? « Quand on est un accompagnant, il faut faire le pari qu’on ne parle pas au mur ni à la tête de lit. Parfois, les gens ne comprennent pas les mots, mais ils perçoivent la tonalité affective, si on est agité, calme, doux… » Et à ce fils devenu un étranger pour sa propre mère ? « Demandez-lui : “Est-ce que vous, vous la reconnaissez encore ?” S’il répond “oui”, dites-lui qu’il doit prendre soin de ce lien pour deux. S’il dit “non”, c’est un peu plus compliqué, mais il ne faut pas le laisser tomber. On peut lui dire qu’on reste mère jusqu’à notre mort, quoi qu’il arrive. » Pas besoin de grands discours en somme pour Denis Landry, mais plutôt du naturel et de la simplicité.

Patrice Pereton, s’attarde, lui, sur les rites funéraires selon les religions, comme la toilette rituelle chez les musulmans effectuée par une femme chez une femme et par un homme chez un homme (le mari peut cependant laver sa femme et vice-versa). Dans la salle, le sujet intéresse particulièrement Sylviane Murat, infirmière libérale dans les quartiers nord de Clermont-Ferrand où se côtoient des habitants de confessions différentes. Son souci : « Éviter de faire des erreurs. » Mais, au lieu de chercher à connaître tous ces rites dans le détail, Patrice Pereton invite plutôt les soignants à l’honnêteté et la simplicité. « Dites à la famille “je ne sais pas”, demandez-lui ce qu’il convient de faire et écoutez. »

* Le 16 octobre, la conférence-formation, mise sur pied par le groupe de pompes funèbres Dabrigeon, était animée par Denis Landry, psychologue, et Patrice Pereton, directeur de Dabrigeon Funéris.