L'infirmière Libérale Magazine n° 286 du 01/11/2012

 

Cahier de formation

Savoir faire

Alors que vous soignez le pied de M.G., patient diabétique et incontinent, vous remarquez que son pantalon est auréolé sur le devant. Sa femme vous confie qu’il a souvent des problèmes de fuites. Elle pense que des protections absorbantes seraient plus efficaces que ses étuis péniens.

En cas d’incontinence masculine moyenne ou lourde, les étuis péniens présentent de nombreux avantages sur les absorbants : ils évitent les problèmes d’odeur et de macération, minimisent les risques d’escarres et sont remboursés par la Sécurité sociale. Normalement, un étui pénien offre une bonne sécurité quant aux risques de fuite : il convient donc de s’assurer que M.G. maîtrise correctement la technique de pose (notamment que les poils pubiens sont suffisamment coupés), mais aussi que la taille des étuis qu’il utilise est bien adaptée (en diamètre et en longueur).

LES DIFFÉRENTS TYPES D’ÉTUIS PÉNIENS

Il existe des étuis péniens en latex ou en silicone (à utiliser chez les patients allergiques au latex).

Certains sont auto-adhésifs, et donc enduits sur toute leur surface interne d’un adhésif permettant la fixation à la verge et assurant l’étanchéïté du dispositif. Pour les patients intolérants à la masse adhésive, il existe des étuis péniens non adhésifs, mais présentés avec un joint de fixation, qui sera placé à la base de la verge et sur lequel viendra adhérer l’extrémité de l’étui déroulé.

Il existe différentes tailles d’étui pénien, en fonction du diamètre de la verge au repos, qui peut être mesuré grâce à des réglettes munies de demi-cercles, fournies par les laboratoires fabriquants (voir exemple de réglette page ci-contre). De même, il existe deux types de longueur, la version courte étant indiquée en cas de rétraction de la verge (ce qui peut être le cas de patients âgés). En cas de doute sur la mesure, il faut préférer un diamètre légèrement supérieur.

PROTOCOLE DE POSE D’ÉTUI PÉNIEN

→ Un étui pénien se pose sur une peau propre (après avoir effectué une toilette à l’eau et au savon neutre) et soigneusement séchée. Éviter l’utilisation de savon gras qui altère l’adhésion de l’étui pénien. Il convient de couper si nécessaire les poils pubiens, pour permettre une meilleure adhésion de l’étui à la verge et éviter un retrait douloureux. L’étui est placé au bout du pénis (en veillant à laisser un espace de 1 à 2 cm entre l’extémité du gland et le fond de l’étui pénien), puis est déroulé jusqu’à la base du pénis. Ensuite, l’étui pénien est raccordé à une poche collectrice d’urine, dont la tubulure sera connectée à l’étui par l’intermédiaire d’un joint de raccord (voir schéma page ci-contre).

→ Il existe des poches de jour (ayant une capacité de recueil de 500 ou 750 ml, voire de 1,5 l) qui sont maintenues à la jambe du patient sous le pantalon, ou à la cuisse sous un bermuda, par l’intermédiaire d’attaches jambières en velcro. Il existe également des filets en jersey tubulaire assurant le bon maintien des poches de jambe. Si la tubulure est trop longue, elle peut être coupée (et le joint de raccord déplacé) de façon à s’adapter à la longueur de jambe du patient et à ses vêtements. Les poches possèdent une valve-antireflux, évitant l’urine de refluer avec les changements de position. Certaines possèdent un voile en non tissé offrant un contact plus agréable avec la peau, respectant l’épiderme et évitant de transpirer. Les poches se vident dans les toilettes lors qu’elles sont pleines, grâce à un robinet de vidange, sans qu’il y ait besoin de les déconnecter de l’étui pénien.

→ La nuit, l’étui est raccordé à une poche à urine ayant une capacité de 2 litres, ce qui évite les levers nocturnes pour vider la poche. Il existe des porte-poches permettant de fixer la poche de nuit au lit, cette dernière ayant à cet effet une tubulure de 140 cm (plus longue que celle des poches de jour).

→ Par mesure d’hygiène, il faut changer l’étui pénien et la poche collectrice quotidiennement. Pour retirer l’étui pénien, il faut le déconnecter de sa poche d’urine, puis enrouler l’étui pénien sur lui-même.

PRESCRIPTION INFIRMIÈRE

→ Selon l’arrêté du 13 avril 2007, les infirmiers sont autorisés, lorsqu’ils agissent pendant la durée d’une prescription médicale d’une série d’actes infirmiers et dans le cadre de l’exercice de leur compétence, à prescrire aux patients (sauf en cas d’indication contraire du médecin), les dispositifs médicaux pour le traitement de l’incontinence et pour l’appareil urogénital, et notamment les étuis péniens, joints, raccords et collecteurs d’urine.

→ Pour la prescription de poches collectrices : bien indiquer la marque et la contenance en ml de la poche ou le format (de jambe, de nuit, de lit) et le nombre de poches souhaitées.

→ Pour la prescription d’étuis péniens : préciser impérativement le diamètre en mm, la marque désirée, le nombre de boîtes et le nombre d’unités par boîtes.

→ Il faut savoir qu’il existe des kits pour incontinence masculine comportant 30 étuis péniens avec raccord, 30 poches à urine et une paire d’attaches pour les jambières. Sur la prescription, il convient d’indiquer le nom du kit (Urimed Vision Set, Conveen Duo, Conveen Duo Security, Conveen Duo Optima, Kit Penilex…) ou sinon indiquer sur l’ordonnance la marque avec 30 étuis péniens de diamètre X + 30 poches collectrices de nuit ou ambulatoires.

→ Les étuis péniens ainsi que les poches collectrices sont sont pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale.

L’ordonnance infirmière

• Depuis 2007, les infirmiers sont autorisés à prescrire des dispositifs médicaux, sauf indication contraire du médecin, et sous réserve pour certains dispositifs d’une information au médecin traitant.

• Doivent être mentionnés sur l’ordonnance infirmière :

→ le nom, la qualification de l’infirmier, le numéro Adeli ;

→ la date de prescription ;

→ la signature de l’infirmier prescripteur ;

→ le nom, prénom, âge et sexe du patient ;

→ la dénomination du dispositif médical, le mode d’emploi, la durée de traitement et la quantité de dispositif nécessaire (il faut savoir que si ces dernières mentions font défaut, le pharmacien est tenu de délivrer la plus petite boîte).

→ L’ordonnance doit être rédigée en double exemplaire (un pour le patient, un pour la caisse d’Assurance maladie).