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ANALYSE→ Dans le paysage de la santé, il y a des évolutions que les professionnels appellent de leurs vœux, et d’autres qu’ils subissent. Le congrès de l’Anfiide donne des pistes pour prendre son destin en main.
« Infirmières horizon 2024 », voici la phrase qui a donné le ton du congrès annuel de l’Anfiide qui s’est tenu à Nice, les 11 et 12 octobre : 2024, parce que c’est à cette date que l’association aura 100 ans. Tous les thèmes abordés devant la centaine de participants ont donc tourné autour de l’avenir du métier, qu’il s’agisse de pratiques libérales ou au sein des établissements. Tout au long de ces deux jours, médecins, philosophes, infirmiers, cadres… se sont succédé devant un public attentif, constitué de professionnels pratiquant tous les types d’exercice.
Lorsqu’on annonce l’intervention d’un philosophe, l’auditoire baille souvent d’avance. Cela n’a pas été le cas avec Dominique Folscheid, professeur de philosophie morale et politique à l’université Paris-Est. Son sujet : “La santé et les soins infirmiers dans l’ère de la post-modernité”. Au travers de multiples anecdotes, il a revisité l’identité infirmière, construite dans une histoire qu’on peut faire remonter jusqu’à Socrate. Avec un sens de la formule remarquable, il a terminé son discours en assurant à son public qu’il n’y aurait pas « de post-humains post-modernes, donc pas de post-infirmières ou de post-soignants, bien au contraire ». Un peu plus tard, c’était au tour d’Isabelle Monnier d’intervenir. La directrice des soins, chargée de missions au ministère de la Santé a mis l’accent sur l’évolution nécessaire vers une coopération interdisciplinaire avec les aides-soignants, les auxiliaires puéricultrices et les auxiliaires médico-psychologiques tout au long du parcours de soin. En clôture de son intervention, elle a également insisté sur la nécessité de mettre en place des processus de gestion du risque.
Le lendemain, l’un des points d’orgue de ces rencontres a été l’intervention de Christophe Debout, infirmier, professeur au département des sciences infirmières et coordinateur du laboratoire de recherche infirmière à l’École des hautes études en santé publique. “Analyse et perspective des pratiques infirmières en Europe” est le thème sur lequel il s’est exprimé devant un public passionné. Ainsi, la déclaration de Munich, signée en 2000 par les ministres de la Santé des pays membres de l’OMS région Europe (zone bien plus vaste que l’UE), listait un certain nombre d’objectifs à atteindre. Il y était question de renforcement de la position des infirmières au sein des systèmes de santé, le rééquilibrage des relations infirmières/médecins, l’offre de nouvelles possibilités d’évolution, etc. Depuis, pas grand-chose n’a vraiment changé chez nous, mais, dans certains des pays membres, « on est parti de très loin », souligne-t-il. Dans la moitié, en tout cas, le niveau licence est devenu obligatoire pour exercer la profession. Pour l’orateur, l’infirmière de 2024 devra être une vraie force de proposition dans des équipes pluridisciplinaires, produire de la recherche amenant à des résultats utilisables, développer des réseaux, etc. Enfin, dans une dernière envolée, Christophe Debout pose la question qui fait mal aux professionnels : « Êtes-vous satisfaits de la position des infirmières dans notre système ? » Et donne immédiatement des pistes : « Si oui, on ne change pas une équipe qui gagne. Si non, réfléchissons ensemble aux axes de progrès, refusons le fatalisme et le misérabilisme ! Ne soyons pas passifs. Soyons pro-actifs, construisons une vision et œuvrons ensemble afin qu’elle devienne réalité. »
→ Le site de l’Anfiide : www.anfiide.com
→ Déclaration de Munich : http://petitlien.fr/651d