L'infirmière Libérale Magazine n° 286 du 01/11/2012

 

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RÉFLEXION→ À 24 heures d’intervalle, les deux Journées d’échanges organisées à Paris par l’URPS-IDF et le CNPS confortent l’idée d’un inquiétant sur place en matière de coordination.

Si la coopération est une opportunité pour restructurer le parcours de soins en ville et permettre un fonctionnement plus harmonieux, « il faut s’entendre sur ses finalités, son financement, ses modalités d’organisation et maintenir l’esprit libéral qui nous caractérise. C’est bien beau de dire qu’il faut tout réorganiser, mais si c’est à coût constant, je suis moins d’accord », assène Michel Chassang, président du Centre national des professions de santé (CNPS), au cours de la Journée du 5 octobre.

Formaliser la coordination

« Nous sommes tous d’accord sur la nécessité de formaliser la coordination, souligne Marcel Affergan, ancien président de Convergence infirmière. Mais quand les professionnels libéraux font des propositions, les pouvoirs publics se tournent vers l’hôpital pour faire les expérimentations. Nous nous battons sans cesse contre cela. Pour les libéraux, il faut mettre en place une ingénierie, ce qui n’est pas encore le cas. »

Des outils à mettre en œuvre

Même discours la veille avec les intervenants d’une autre Journée organisée par l’Union régionale des professionnels de santé de l’Île-de-France (URPS-IDF). La coopération semble se mettre doucement en place, en dehors du feu des projecteurs, avec des professionnels qui s’organisent dans leur structure, au gré de leurs attentes et ententes. « Promouvoir et développer la coordination est un levier clef dans l’ensemble des Agences régionales de santé (ARS) et l’ARS-IDF en a fait l’un des axes majeurs de son programme régional de santé », fait savoir Claude Évin, directeur général de l’ARS de cette région. « Le défi majeur est de promouvoir une approche intégrée des parcours de santé entre l’ambulatoire et l’hospitalier », a-t-il ajouté, en précisant que la coordination doit également avoir lieu avec le secteur médico-social.

Des outils devront ainsi être mis en œuvre via les programmes régionaux de santé. « Parmi eux, l’exercice collectif qui favorise la coopération et qui devrait se développer avec l’appétence des jeunes médecins pour cette pratique », soutient Claude Évin. Il insiste également sur la création de la coordination d’appui dans les plateformes de proximité, notamment avec les réseaux de santé compétents pour la prise en charge des patients complexes.

Partage d’informations

La coopération et la coordination induisent un partage d’informations entre les professionnels qui « ont besoin d’un outil simple pour gagner du temps », a souligné Jean-Pierre Lemaitre, secrétaire de l’URPS masseurs-kinésithérapeutes (IDF), qui a restitué le contenu de l’atelier consacré aux informations à partager. « Le DMP est un outil majeur de partage des informations entre la ville et l’hôpital, considère Claude Évin. Ces évolutions nécessitent une modification des modes de rémunération et des changements culturels. »

Les infirmières libérales s’inscrivent dans cette mouvance, d’autant plus qu’elles « recueillent des données, des informations cliniques et médico-sociales, et transmettent ces informations aux autres professionnels, a rappelé Jean-Jules Mortéo, président de l’URPS infirmiers libéraux (IDF). C’est un axe de travail qui nous mobilise : la notion d’infirmière traitante ou de famille a toute son importance. »

Parmi les informations que les professionnels souhaitent partager : les numéros de téléphone des intervenants en ambulatoire et en hospitalier, les connaissances sur le niveau d’autonomie du patient ou encore la liste de ces traitements. D’ailleurs, une expérimentation s’est déroulée cette année dans les Hauts-de-Seine entre les URPS médecins, infirmiers et pharmaciens, consistant en la création d’une “carte navette”. Cette fiche permet, à l’initiative du patient, de recueillir les coordonnées de l’ensemble des professionnels hospitaliers et libéraux qui le prennent en charge afin que ces derniers puissent échanger entre eux plus facilement. Elle devrait être fonctionnelle d’ici la fin de l’année et les autres professions de santé devraient être associées à ce projet prochainement.

Oni, annonce…

Au cours de la Journée de rentrée du CNPS, le 5 octobre, la ministre de la Santé a abordé l’épineuse question de l’Ordre infirmier. « Les débuts de l’Ordre infirmier ont été marqués par d’importantes difficultés, a-t-elle souligné. Il n’a pas su trouver sa place auprès de la profession. » Aussi a-t-elle évoqué la nécessité pour le Parlement de se saisir de cette question en vue d’instaurer une adhésion facultative à l’Ordre. « Le Parlement va devoir mener une réflexion sur la fonction de régulation déontologique et la création d’une instance spécifique », a-t-elle ajouté. Des propos confirmés en ouverture du Salon infirmier.

À RETENIR

→ L’URPS a pour mission de contribuer à l’organisation et à l’évolution de l’offre de santé au niveau régional et notamment à la préparation du projet régional de santé et à sa mise en œuvre.

→ Le CNPS vise à faire respecterles professions libérales de santé, sauver le système conventionnel, préparer l’avenir des professions libérales de santé et favoriser l’exercice interprofessionnel.