L'infirmière Libérale Magazine n° 286 du 01/11/2012

 

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ORGANISATION→ En matière de passage de l’hôpital au secteur libéral, la coordination des soins autour d’un patient cancéreux connaît encore des ratés. Le point sur la situation lors du dernier congrès de l’Afsos fin septembre à Paris.

Pour prendre des nouvelles d’un patient, les médecins libéraux ont souvent bien du mal à joindre leurs confrères hospitaliers. C’est en tout le cas le témoignage apporté par Christophe Thore, médecin généraliste à Tarbes et invité du 4e congrès de l’Afsos* : « Parfois, j’apprends qu’un patient est sorti en le croisant dans la rue ! » Nadine Meyer, médecin généraliste à Lyon, renchérit : « J’ai beaucoup de mal à joindre l’hôpital. Les sorties d’hôpital le vendredi soir sont très difficiles à organiser. »

Qui peut faire la jonction ? Depuis 2010, 35 établissements de cancérologie expérimentent dans leurs murs le poste d’infirmière de coordination. Mais, selon un bilan dressé récemment par l’INCa (Institut national du cancer), si ces infirmières facilitent sans conteste les liens entre soignants au sein de l’établissement, la coordination avec le secteur libéral laisse à désirer…

Quelques bonnes pratiques ont cependant été évoquées lors de ce congrès. Infirmière coordinatrice au centre Léon-Bérard, à Lyon, Karine Rinck témoigne : « Les libéraux savent que je suis leur interlocuteur référent. J’ai de nombreux contacts avec les Idels sur les complications de radiothérapie et de chirurgie. »

Réseaux de santé et structures d’HAD

Une fois sorti de l’hôpital, le patient cancéreux peut intégrer un réseau de santé. Les responsables du réseau SPES (Soins palliatifs Essonne Sud) ont mis en place un dossier médical partagé avec le médecin traitant, l’infirmière libérale et l’hôpital, qui facilite la circulation des informations. « Nous intégrons les infirmières libérales qui suivent habituellement les patients, précise le Dr Lilia Fernandes Billiaud, médecin du réseau SPES. Il n’est pas rare sur notre secteur que les Idels nous donnent leur portable et se déplacent jour et nuit… »

Autre cas de figure : à sa sortie de l’hôpital, le patient cancéreux est pris en charge par une structure d’hospitalisation à domicile (HAD). En principe, une infirmière de la structure d’HAD assure la jonction. À noter que les établissements de HAD ne sont pas forcément en concurrence avec les infirmières à domicile. Ainsi Marie-Claire Colozzi (photo ci-contre), ancienne Idel reconvertie en coordinatrice de la HAD de Lyon/Saint-Étienne : « Nos infirmières coordinatrices viennent voir le patient en moyenne tous les quinze jours, mais les soins sont toujours dispensés par l’infirmière libérale habituelle. Toutes les informations dont nous disposons sont transmises aux équipes libérales (Idels, médecin traitant, kinésithérapeute). »

La solution pour améliorer la coordination ville-hôpital ? Pour le Dr Christophe Thore, il faudrait créer des personnels dédiés à cette fonction dans les établissements. Pour l’heure, seuls les plus grands hôpitaux en sont dotés.

* 4e congrès de l’Association francophone pour les soins oncologiques de support (Afsos) du 26 au 28 septembre à Paris.

Les deux tiers en libéral

En 2003, l’Institut de cancérologie Gustave-Roussy, en région parisienne, a créé un service de coordination des soins externes. Objectif : faciliter le retour à domicile des patients nécessitant des soins complexes. « Ce service oriente les patients qui quittent l’hôpital vers la HAD ou l’infirmière libérale, selon les cas », témoigne Marilène Lacaze, cadre de santé au département ambulatoire. La HAD est choisie en priorité en cas de soins multiples (notamment en phase palliative), de soins post-opératoires lourds, de nutrition parentérale, et pour tous les patients ayant un traitement à délivrance hospitalière. « Sur 2 800 patients suivis par notre service chaque année, les deux tiers sont pris en charge par une Idel à la sortie de l’hôpital, et un tiers par la HAD. »