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ALTERNATIVE → Dans le cadre du Salon infirmier, un infirmier libéral, Cees Dek, a présenté une initiative qui se déroule depuis environ dix ans à Banyuls-sur-Mer, dans le Languedoc-Roussillon : la prise en charge des soins palliatifs à domicile par une équipe libérale.
« Faire des soins palliatifs à domicile en milieu rural, c’est possible », soutient Cees Dek. Six infirmiers libéraux, un médecin – qui peut se faire remplacer par un autre médecin en cas d’indisponibilité – et ponctuellement un kinésithérapeute et les pharmaciens du village, travaillent conjointement pour prendre en charge les patients qui souhaitent rester à leur domicile situé à Banyuls-sur-Mer, petite commune de 5 000 habitants, pour leur fin de vie. « L’originalité de notre prise en charge réside dans le concept de pluriprofessionnalité, souligne l’infirmier. Chaque professionnel tient compte des remarques des uns et des autres. La confiance dans le savoir-faire de chacun fonde le travail commun. »
Ces dix dernières années, l’équipe a pris en charge pendant un à deux mois 74 patients âgés de 31 à 95 ans ayant principalement des pathologies cancéreuses (80 % d’entre eux). La coordination des soins a été assurée par les Idels, « qui semblent les seuls tenus à assurer une continuité des soins », précise Cees Dek. Aussi, tous les jours, l’équipe a-t-elle été présente sur le terrain 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. « Les familles savent qu’elles doivent joindre en premier les infirmiers en cas de problème, indique-t-il. D’ailleurs, ces dix dernières années, 85 % des problèmes des patients, liés à la douleur ou à une dyspnée, ont été résolus par l’intervention des infirmiers. Pour les troubles du comportement, il est fait appel au médecin. » Les infirmiers ont aussi réglé 65 % des interventions en urgence.
Dans le cadre de cette prise en charge, une mise au point est effectuée tous les matins avant les consultations du médecin et avant la tournée des infirmiers sur les patients en fin de vie concernés. Ce sont d’ailleurs cette communication régulière ainsi que la grande disponibilité des professionnels qui pallient l’absence de dossier partagé. En cas de problème, les Idels contactent immédiatement le médecin et c’est ensemble qu’ils retournent voir le patient. « Il est tout à fait possible de mourir à domicile en milieu rural, mais les professionnels doivent avoir un relais au domicile, notamment la famille qui sert d’interface, explique Cees Dek. Les épouses sont précieuses pour évaluer les plaintes de leurs conjoints. »
D’après Cees Dek, la prise en charge libérale des soins palliatifs et de la fin de vie à domicile constitue une véritable chance pour les Français, puisque 80 % d’entre eux souhaitent finir leur vie à domicile. « Cela permet aux patients de partir en paix tout en laissant leur entourage en paix », soutient-il. Cette prise en charge libérale représente aussi une économie pour le système de soins car « elle coûte entre 90 et 130 euros par jour. Alors que l’hospitalisation à domicile coûte en moyenne 234 euros par jour ». De plus, elle peut générer une diminution du nombre d’appels aux numéros d’urgence car les équipes sont entièrement disponibles. « Cette prise en charge peut aussi constituer une solution face à la désertification et ce modèle pourrait s’élargir à des pôles de santé en milieu rural », suggère-t-il. Et de conclure : « De nombreux infirmiers libéraux prennent en charge la fin de vie à domicile, mais personne ne le sait. Il n’y a aucune reconnaissance car le système est hospitalo-centré. Il faut que cela change. » L. M.