L'infirmière Libérale Magazine n° 287 du 01/12/2012

 

Cahier de formation

Savoir faire

Vous remarquez que monsieur H., 76 ans, se déplace de plus en plus difficilement et a tendance à chercher des appuis pour pouvoir s’agripper.

Après avoir expliqué l’intérêt d’anticiper un risque de chutes pour en éviter les conséquences qui peuvent être graves, vous évoquez la possibilité d’une aide à la marche.

ÉVALUER LES BESOINS

Les infirmières libérales ont une position privilégiée pour évaluer les besoins réels d’une personne compte tenu de ses capacités et incapacités, de son lieu de vie et de ses habitudes, de ses ressources. L’intervention d’un ergothérapeute leur apportera une nécessaire expertise.

UN CONSEIL PERSONNALISÉ

Le marché des aides techniques évolue rapidement. Il est important de choisir une aide la plus adaptée aux besoins en tenant compte de ses qualités et de ses défauts, y compris au moment du renouvellement. Chaque situation demande une aide particulière, il est important que le conseil soit personnalisé.

PRIVILÉGIER LES SOLUTIONS SIMPLES

Contourner la situation

Dans certains cas, il est préférable d’étudier la possibilité d’éviter une situation à risque. Par exemple, lorsqu’on a une chambre à l’étage, il peut être opportun d’envisager la chambre au rez-de-chaussée plutôt que d’investir dans des techniques onéreuses (monte-escalier, ascenseur, etc.).

Les produits grand public

Certains problèmes peuvent être résolus avec du matériel vendu dans le commerce. Souvent moins cher, ce type de matériel est parfois mieux accepté car il n’appartient pas au matériel spécialisé. C’est aussi l’occasion de solliciter les bricoleurs dans l’entourage de la personne à risque de chutes, car certaines aides techniques simples peuvent être fabriquées.

LES AIDES À LA MARCHE

Les masseurs-kinésithérapeutes sont autorisés à prescrire les cannes, béquilles, déambulateur, et fauteuils roulants à propulsion manuelle de classe 1, à la location pour des durées inférieures à trois mois.

LES FAUTEUILS ROULANTS

Fauteuils roulants manuels

Un fauteuil roulant se compose d’un châssis sur lequel sont fixés un système de soutien du corps (assise, dossier, accoudoirs et repose-pieds), des roues et un système d’immobilisation.

Le châssis

→ Un châssis fixe est plus confortable et plus robuste qu’un châssis pliant, mais plus encombrant à ranger, notamment lors des transferts.

→ Le châssis pliant permet de réduire le volume total du matériel facilitant son transport en voiture, et ce, d’autant que le châssis est léger.

L’assise

→ Un mécanisme d’inclinaison permet de limiter les glissements vers l’avant et améliore le confort.

→ Des panneaux latéraux protègent les vêtements des roues.

→ Un coussin antiescarre est recommandé pour les patients qui passent de nombreuses heures assis dans le fauteuil.

Le dossier

Le dossier fixe assure un meilleur confort. Le dossier inclinable, le plus utilisé, permet un réglage personnalisé, favorisant la position de repos.

Les accoudoirs

Les accoudoirs peuvent être réglables en hauteur et en profondeur, fixes ou amovibles, longs ou “en escalier” (afin de faciliter l’accès aux tables).

Les repose-pieds

→ Constitué de la potence (système qui relie la palette repose-pieds au châssis) et de la palette, le repose-pieds positionne les membres inférieurs, afin de les protéger des roues avant.

→ La potence est réglable en hauteur et/ou en profondeur et/ou en inclinaison afin de pouvoir adapter la palette repose-pieds aux membres inférieurs et à la déficience de l’utilisateur.

→ La plupart des systèmes de potence sont amovibles pour faciliter le transport.

Les roues

→ Les roues à bandage (revêtement plein) suppriment les risques de crevaisons et sont plus maniables en intérieur. Pour une utilisation principalement extérieure, il est préférable de prendre des pneumatiques (revêtement creux) qui amortissent les chocs et vibrations.

→ Les roues arrière peuvent être à démontage rapide pour permettre un rangement facile dans les véhicules.

Le système de conduite

La propulsion se fait généralement par deux mains courantes.

En cas d’hémiplégie, une double main courante du côté valide ou une commande unilatérale à levier pendulaire permet de bien diriger le fauteuil.

Celui-ci peut également être poussé par un tiers à l’aide de poignées ou d’une barre de poussée.

Les accessoires optionnels

→ Le repose-jambes permet d’allonger la jambe et de limiter ainsi les problèmes vasculaires et orthopédiques (jambe plâtrée).

→ Des sangles abdominales assurent le maintien du patient sur son ­fauteuil.

→ Des sangles appui-mollet ou des cales talonnières au niveau du repose-pieds limitent les glissements en arrière des jambes et des pieds des personnes présentant un déficit des membres inférieurs.

→ Pour les personnes présentant un mauvais positionnement du bras, des gouttières d’avant-bras peuvent être ajoutées au niveau des accoudoirs.

→ Pour un meilleur maintien du tronc et du rachis cervical, des rallonges ou des supports latéraux du tronc (cale-buste) et des appuie-tête peuvent être fixés au niveau du dossier.

→ Au niveau du siège, des cales d’abduction ou d’adduction permettent de maintenir certaines positions des membres inférieurs.

→ Un système garde-robe peut être ajouté, mais il rend alors le fauteuil non pliable.

Fauteuil roulant de confort

Le fauteuil de confort, dit gériatrique, est destiné aux personnes restant assises de longues heures dans leur fauteuil.

Fauteuil roulant verticalisateur

Le fauteuil roulant verticalisateur est équipé d’un système de soutien du corps qui permet de passer de la position assise à la position debout. La verticalisation est actionnable manuellement ou électriquement.

Fauteuil roulant électrique

Le fauteuil roulant électrique est réservé (remboursement) aux personnes ne pouvant pas propulser un fauteuil roulant manuel.

Les infirmières peuvent prescrire des coussins anti-escarres sous réserve d’une information du médecin traitant (cf. Mémento) :

→ risque faible à modéré de survenue d’escarres sans problèmes médicaux de type dénutrition et/ou baisse de la pression artérielle et/ou incontinence urinaire, ou pathologie neurologique avec troubles sensitifs :

– coussin à air non motorisé autre qu’à cellules télescopiques ou pneumatiques individuellement déformables (modèle Repose, Hospidex France) ;

– coussin mixte constitué de mousse et de gel (modèles : Dune C300, Gelo Mousse Lotus, Jay 2, Geltop, Gel Air 2D) ;

→ sans risque d’escarre spécifique : un coussin gel (Elastil II) pour un usage transitoire ou partiel du fauteuil chez une personne en bon état général. Ce coussin doit être systématiquement fourni avec le fauteuil.

Question d’Idel

Quelles informations doivent être recueillies pour la commande d’une aide au déplacement ?

Pour les fauteuils roulants en location, seuls importent la largeur des portes (afin que le fauteuil passe aisément les portes), la largeur d’assise (taille et poids du patient) et les accessoires nécessaires, comme le repose-jambes, en veillant au côté où elles doivent être positionnées. À l’achat, le fauteuil roulant nécessite plus de renseignements. La commande d’un cadre de marche ou d’une canne nécessite le poids et la taille du patient.

Point de vue…
Angélique Abeline, kinésithérapeute à Issy-Les-Moulineaux (92)

Le kinésithérapeute pour conseiller les aides à la marche

« Le kinésithérapeute est plus à même de conseiller une aide à la marche que le médecin traitant en raison du temps qu’il passe avec son patient lors de sa rééducation. Il connaît en effet ses capacités et ses besoins, et il intègre l’apprentissage de l’utilisation de l’aide technique lors des séances. De plus, depuis 2006, il a le droit de prescrire cannes, béquilles, déambulateurs et fauteuils roulants à propulsion manuelle. Par ailleurs, le kinésithérapeute fait en sorte que cette aide soit seulement temporaire si elle est mise en place après un accident. Quand la perte de capacité physique est liée à l’âge, l’aide à la marche doit permettre de limiter l’aggravation de la perte d’autonomie et le passage à des aides de plus en plus importantes. »

Question d’Idel

Comment être sûr que l’aide au déplacement est bien adaptée ?

→ Si le fauteuil est bien adapté au patient, il reste un espace d’environ 2 cm entre le creux poplité et l’assise et de chaque côté des hanches. Le dossier ne monte pas plus haut que le bas des omoplates. La personne doit également pouvoir poser ses pieds à plat au sol. Le fauteuil doit se glisser sous une table et ne doit pas buter au niveau des bateaux de trottoir.

→ La hauteur du cadre de marche et de la canne correspond à une poignée à hauteur de hanche, plus précisément au niveau de la partie saillante du fémur (grand trochanter) avec des coudes fléchis à 30°.

→ Lorsqu’une seule canne est utilisée, la prendre du côté opposé au côté douloureux.

Prise en charge par la Sécurité sociale

→ Fauteuil roulant (à l’achat ou à la location) avec un forfait livraison (uniquement en cas de location) et deux forfaits annuels pour la prise en charge des réparations : l’un pour les roues et l’autre pour le reste du fauteuil.

→ Cadres de marche (à l’achat ou à la location) avec un forfait de livraison (uniquement en cas de location) : le tarif de remboursement (53,81 euros) étant le même pour tous les modèles, seul le modèle le plus simple (déambulateur fixe) est généralement intégralement remboursé.

→ Cannes (à l’achat) :

– canne en bois verni (6,10 euros) ;

– canne métallique réglable, avec appui antébrachial ou poignet en T (12,20 euros) ;

– canne tripode ou quadripode réglable en hauteur (12,65 euros) ;

– béquilles d’aisselles réglables en hauteur, tout type, la paire (18,29 euros).

→ Le soulève-malade (à la location).

→ Sangles pour soulève-malade (à l’achat).

→ Fauteuil garde-robe (à l’achat).

NB : pour le matériel à l’achat, le prix peut être supérieur à la prise en charge. Une partie du montant reste alors à la charge du patient.