Cahier de formation
Savoir faire
Madame V., 79 ans, a fait une chute sans gravité chez elle ce week-end. Son fils se demande quelle en est l’origine et souhaite améliorer l’aménagement de la maison de sa mère.
La chute est un événement multifactoriel qui nécessite une observation globale de la situation de la personne âgée. Vous proposez de faire un inventaire des facteurs de risque de chutes de madame V. (lire ci-dessous).
Il s’agit d’évaluer l’environnement en fonction des capacités de chaque personne.
→ Vérifier que les meubles, les tapis, les plantes vertes ou les autres objets installés dans les lieux de passage ne gênent pas la circulation.
→ Fixer les câbles électriques au mur ou bien utiliser des range-fils.
→ Préférer la moquette aux carrelages, aux sols en linoléum, aux parquets vitrifiés ou cirés, même pour la salle de bain : il existe des moquettes spécifiques (voir schéma page ci-contre). Sinon, recouvrir les sols glissants de tapis antidérapants ou bien fixés sur le sol à l’aide de rouleaux adhésifs en veillant à ce que les coins et les bordures des tapis ne se relèvent pas.
→ Dans la chambre (voir schéma ci-contre), attention aux descentes de lit qui provoquent fréquemment des chutes par glissade.
→ Poser des tapis antidérapants ou de grosses pastilles autocollantes dans le fond de la douche ou de la baignoire (voir schéma page ci-contre).
Augmenter la puissance des ampoules électriques.
→ Installer des barres d’appui dans différents endroits du logement pour assurer l’équilibre ou aider les personnes à se relever en cas de chute.
→ Utiliser une aide à la marche.
→ Ranger à portée de main les objets que l’on utilise le plus souvent (vêtements, ustensiles de cuisine, produits d’entretien, outils de jardinage ou de bricolage), en particulier s’ils sont lourds.
→ En cas de nécessité, attendre une tierce personne pour accéder au-dessus d’une armoire ou pour laver les vitres. Préférer les escabeaux d’une hauteur limitée à deux ou trois marches.
→ Utiliser un escabeau ou une échelle en présence d’un tiers. Se servir d’une échelle de petite taille permettant de garder un appui pour les mains ou un escabeau.
→ Limiter la présence de plantes rampantes dans le jardin au risque de trébucher.
→ Vérifier l’absence d’obstacle sur le chemin, tels que des outils ou un tuyau d’arrosage, ou encore des dalles mal posées. Attention également aux animaux de compagnie.
→ Envisager une rééducation périnéale et sphinctérienne ou un traitement médicamenteux contre l’incontinence urinaire par besoin impérieux d’uriner.
→ Penser également à placer une chaise garde-robe dans la chambre.
→ Mobiliser les jambes et les pieds avant le lever. Se lever du lit en observant une pause en position assise. Assurer son équilibre debout avant de marcher. Porter une contention veineuse en cas d’œdème.
→ Ne pas marcher sans chaussures ou chaussons quand on porte des bas de contention (risque de glissade).
Consulter un pédicure-podologue afin de soulager les douleurs des pieds qui incitent certaines personnes à porter des chaussures ou des chaussons un peu trop grands ou qui soutiennent mal le pied et qui sont à l’origine de chutes. Dans tous les cas, conseiller des chaussures fermées à la juste pointure et adaptées à l’activité, sans talon ou avec un petit talon.
Consulter un spécialiste (ophtalmologiste ou oto-rhino-laryngologiste). Le port régulier de lunettes adaptées et d’appareils auditifs permet d’éviter des accidents.
→ Faire de l’exercice physique adapté à ses capacités. Privilégier la marche à pied.
→ Bien manger (produits laitiers au moins quatre fois par jour) et bien dormir.
→ Conserver des relations avec sa famille, ses voisins, ses commerçants, ses amis.
→ Ne pas hésiter à demander de l’aide, dès que cela semble nécessaire.
→ En cas de difficulté à sortir, des voisins, des proches ou la gardienne d’immeuble peuvent rendre visite régulièrement ou faire quelques courses. Leur proposer de garder un double des clés.
Propriétaire, locataire ou occupant à titre gratuit d’une habitation principale, fiscalement domiciliée en France, peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt pour certaines dépenses d’équipements
→ Équipements sanitaires : éviers et lavabos à hauteur réglable, baignoires à porte, surélévateurs de baignoire et de WC, bacs et portes de douche, sièges de douche muraux, WC pour personnes handicapées, etc.
→ Équipements de sécurité et d’accessibilité : mains courantes, barres de maintien ou d’appui, poignées de rappel de portes, systèmes de commande, de signalisation ou d’alerte, dispositifs de fermeture, d’ouverture ou systèmes de commande des installations électriques, d’eau, de gaz et de chauffage, revêtement de sol antidérapant, etc.
→ Acquisition d’ascenseurs électriques à traction possédant un contrôle à variation de fréquence.
→ Plafonds des dépenses ouvrant droit à crédit d’impôt : pour une personne seule, 5 000 euros, et 10 000 euros pour un couple soumis à imposition commune. Renseignements par téléphone au 0 810 467 687 (coût d’un appel local depuis un poste fixe), ou par courriel sur le site impots.gouv.fr.
L’Agence nationale de l’habitat (Anah) propose une aide au maintien des personnes à domicile et sur l’adaptation du logement au handicap.
Les propriétaires qui occupent, louent ou souhaitent louer leur logement ont droit, sous conditions, à une aide pour l’adaptation des logements à la perte d’autonomie des personnes. Les travaux envisagés doivent être d’un montant minimum de 1 500 euros HT, sauf pour les propriétaires occupants aux ressources “très modestes”, pour lesquels aucun seuil n’est exigé.
Ils ne doivent pas être commencés avant le dépôt de la demande de subvention. Renseignements au 0 820 15 15 15, numéro Indigo (0,15 euros TTC/min).
Les aides de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) peuvent prendre la forme d’une aide à l’amélioration de l’habitat, destinée à rénover certains logements ou à les aménager pour en faciliter l’accès et l’usage, ou bien d’une adaptation personnalisée du logement au handicap, destinée aux personnes âgées les plus dépendantes qui doivent réaliser des travaux pour adapter leur logement à leur handicap.
Le montant maximum par bénéficiaire de la participation de la Cnav est de 1 998 euros.
Renseignements par téléphone au 39 60 (prix d’un appel local depuis un poste fixe) ou 09 71 10 39 60 depuis un mobile ou une box.
* Cf. actualité p. 8 sur la 2e Semaine nationale de maintien à domicile des seniors (19-24 novembre), qui s’accompagne de la parution du “Guide sur le financement du maintien à domicile” (Synalam/ANFE).
« Parler du risque de chutes à une personne âgée n’est pas toujours évident. La chute symbolise le vieillissement, la dépendance et la perte d’autonomie. Cependant, malgré elle, la personne âgée adapte sa vie à sa diminution de capacité. Demander pourquoi elle ne fait plus telle ou telle chose permet d’amorcer le dialogue et de mettre en avant des solutions, notamment le maintien de la capacité physique dont la diminution paraît à tort inéluctable à la personne âgée. Évoquer également ce qu’elle perdrait si aucune prévention n’est mise en place : la possibilité de vivre chez elle, de s’occuper de ses petits-enfants… Une prise de conscience est par ailleurs facilitée quand le discours vient d’une personne qui leur ressemble et non d’un professionnel de santé. Les conseils d’une personne de l’entourage ou de la commune ayant suivi un atelier de prévention des chutes peuvent avoir plus de poids que les vôtres en cas de réticence de la personne âgée. »
La téléassistance permet aux personnes âgées qui tombent à terre et qui n’arrivent pas à se relever de prévenir des secours. Ceci est possible par l’activation d’un bouton d’alerte d’un émetteur porté sur elle (collier, bracelet, broche…), reliée à une centrale d’alarme, qui intègre un transmetteur téléphonique. La personne âgée entre en contact avec une assistance téléphonique qui peut prévenir l’entourage ou les secours. En cas de malaise rendant impossible l’activation du bouton d’alerte (rupture d’anévrisme, arrêt cardiaque…), certaines alarmes se déclenchent quand elle repère une longue inactivité. Ce système est généralement proposé en location en association avec un abonnement à une assistance 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Pour obtenir la liste des entreprises de la téléassistance, contacter le CCAS (Centre communal d’action sociale). Par ailleurs, certaines communes remboursent une partie de la téléassistance. Il est également possible d’obtenir un remboursement partiel ou total par les caisses de retraite, ou une déduction d’impôt jusqu’à 50 %.
« Quand l’aménagement du domicile d’une personne âgée est nécessaire, des aides financières peuvent être obtenues auprès de l’Association nationale pour l’amélioration de l’habitat (Anah). Certains conseils généraux participent également aux frais. Par ailleurs, dans le cadre des HLM, des bailleurs acceptent d’aménager la salle de bain (barres d’appui, bac de douche extra-plat) et d’élargir les portes moyennant le plus souvent une hausse du loyer. Ne pas oublier aussi que les personnes âgées peuvent solliciter leur mutuelle et leur caisse de retraite. Les centres Pact/Arim proposent par ailleurs une évaluation des besoins réalisée au domicile de la personne. Pour les aides techniques non prises en charge par la Sécurité sociale, des mutuelles participent au financement de certains frais spécifiques (incontinence) ou matériels. Pour les personnes à faibles ressources, une aide “extra-légale” peut également être obtenue auprès de leur caisse d’Assurance maladie. Enfin, les personnes âgées de plus de 60 ans peuvent faire une demande de l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa) auprès du centre d’action sociale de la mairie. L’Apa peut financer une aide humaine, voire quelques aides techniques. »
« Rééduquer l’équilibre, renforcer le tonus musculaire, avec l’aide d’un kinésithérapeute, est pertinent. Des exercices simples d’assouplissement, de mobilisation articulaire, de marche avec obstacles contribuent à prévenir les chutes. Le potentiel d’adaptation du patient à son environnement et à sa vie au quotidien doit ensuite être optimisé par un ergothérapeute. Toutefois, cette approche physique et ergonomique n’est pas suffisante. Tous les paramètres pouvant conduire à la chute doivent être repérés et analysés, dont les aspects psychosociaux comme le mal-être, l’angoisse, la dépression, le deuil… Le caractère multifactoriel de la chute nécessite impérativement une approche globale, par une équipe multidisciplinaire, où la personne et son entourage ont une place prépondérante. Un apprentissage du relevé du sol, en amont de toute chute, constitue également une nécessité absolue. »