L'infirmière Libérale Magazine n° 287 du 01/12/2012

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

DIABÈTE → Après un coup d’arrêt imposé par la loi informatique et libertés, le déploiement du programme Sophia lancé par l’Assurance maladie redémarre.

Sauvé le jour de l’Armistice. Le programme Sophia, destiné à accompagner les diabétiques et limiter les risques de complications liées à leur maladie, a pu reprendre le 11 novembre grâce à la parution d’un décret du conseil d’État. Lancé en 2008 par l’Assurance maladie, ce dispositif avançait bon train jusqu’à cet été. Puis l’épopée s’est arrêtée net, pour des raisons juridiques. « Nous avions fourni une autorisation pour un dispositif expérimental », explique le service juridique de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil). Impossible de l’étendre à l’ensemble du territoire national sans un sésame supplémentaire. « Comme l’indique l’article 27 de la loi informatique et libertés de 1978, dès lors qu’il y a recours au NIR (numéro de Sécurité social), il faut un décret du conseil d’État. »

Attendu depuis des semaines par les spécialistes, l’heureux événement est donc arrivé mi-novembre. « Il y a eu un décalage dans le temps », admet la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnamts) qui gère le dispositif. Résultat : le déploiement courra jusqu’en 2013. Ouf ! Le projet avait tout de même remporté le prix du manager public de l’année 2012 dans la catégorie “organismes sociaux”. Ce programme s’appuie sur plusieurs types de supports d’information (livrets Repères, journal trimestriel Sophia et vous, courriers thématiques) et du soutien d’un infirmier par téléphone à un numéro unique*. Ce dernier contacte le patient par téléphone en fonction de son état de santé, de ses besoins et de sa situation personnelle.

Premiers résultats encourageants

Destiné à améliorer ou préserver l’état de santé des personnes atteintes de maladies chroniques, dans le cadre d’un accompagnement téléphonique gratuit relayant les recommandations du médecin traitant ou du diabétologue, ce dispositif se veut prometteur.

« Cela fait quatre ans que ce programme fonctionne chez nous, et cela marche plutôt bien. Certains de mes patients en sont adhérents, observe David Guillon, infirmier libéral à Nice. Cela dit, le dispositif repose sur le volontariat. Ne sont donc touchés que les patients qui veulent bien y participer. C’est l’éternel problème du dépistage. » Une remarque balayée par Christian Fabre, directeur adjoint de la Caisse primaire d’Assurance maladie (CPAM) des Alpes-Maritimes (06), pilote dans le domaine. « D’après la mesure de satisfaction des médecins traitants et patients, 90 % des patients suivis sont satisfaits de ce programme et recommanderaient ce service, précise le haut fonctionnaire. De plus, le taux d’adhésion à Sophia est de 33 %, ce qui semble très positif étant donné que c’est un acte volontaire. »

Pour en savoir davantage sur les effets de Sophia en termes de santé publique, il faudra attendre une dizaine d’années. Toutefois, une évaluation médico-économique, confiée à la société Cemka-Eval, un prestataire extérieur à l’Assurance maladie, fournit déjà quelques éléments. « On constate un recours plus important aux examens de contrôle chez les patients adhérents à Sophia que chez les autres, commente Christian Fabre. Et ceci après avoir corrigé le biais lié à l’âge et à la catégorie socioprofessionnelle. »

Pour l’heure, le programme s’appuie sur deux centres d’accompagnement, l’un situé à Nice (08), l’autre à Albi (81), dans chacun desquels une soixantaine d’infirmières-conseil opèrent pour accompagner les adhérents de Sophia. « Un troisième centre ouvrira à Lille, ajoute le directeur adjoint de la CPAM 06. Il devrait y en avoir un autre à la Réunion en raison des spécificités locales, notamment la langue créole. »

* Tél. : 0811 709 709 (prix d’un appel local depuis un poste fixe) ou www.centreressource.org

19 départements couverts

À la mi-novembre, l’Assurance maladie estimait à 140 000 le nombre d’adhérents au programme Sophia. Ce qui représente un taux d’adhésion de 30 à 32 % des malades concernés, à savoir des diabétiques majeurs en affection longue durée. À la même période, dix-neuf départements étaient couverts : Alpes-Maritimes, Ariège, Côte-d’Or, Haute-Garonne, Gers, Gironde, Hérault, Loire, Loiret, Marne, Meurthe-et-Moselle, Nord, Puy-de-Dôme, Hautes-Pyrénées, Sarthe, Somme, Tarn, Seine-Saint-Denis et la Réunion.