L'infirmière Libérale Magazine n° 288 du 01/01/2013

 

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ADDICTION → Intervenant au domicile, les Idels ont un rôle central dans le repérage des pratiques addictives et l’orientation des patients en difficulté. Un rôle appelé à se renforcer.

« Réussir à faire face à l’ampleur des pratiques addictives, qui percutent notre société, est l’un des grands chantiers qui s’ouvre aux professionnels de santé. À cette fin, ils devront coopérer et adopter un message commun pour aider sans stigmatisation les personnes à s’en sortir ou, au moins, à modérer leurs consommations et vivre avec », affirme Albert Herszkowicz, conseiller médical au Bureau des addictions de la Direction générale de la santé (DGS). Cet enjeu, qui était au cœur du colloque “L’infirmier(ère) face aux addictions”*, concerne l’ensemble de la profession infirmière et particulièrement les infirmières libérales. « Quel que soit leur secteur, les infirmières se retrouvent en première ligne face aux addictions », analyse ainsi Karim Mameri, secrétaire général de l’Ordre national des infirmiers.

Liens forts

Dans une proximité forte avec les patients, tissant une relation de confiance, elles remplissent en effet une fonction de premier recours pour les personnes en difficulté avec une pratique addictive ou pour leurs proches. Mais, se rendant au domicile, les libérales nouent des contacts privilégiés avec les patients et plongent dans leur environnement. « Ce sont elles qui pénètrent le plus dans l’intimité des familles et des pratiques. À l’occasion d’un soin, elles peuvent constater l’existence d’un problème de tabac, d’alcool ou autre, remarquer les tensions familiales que cela génère… », observe Albert Herszkowicz.

D’ores et déjà, pour aller au-delà du constat et favoriser le repérage et l’orientation, des instruments destinés aux libérales ont été créés (voir encadré). « Le manque de disponibilité reste cependant un obstacle majeur pour les autoriser à se former à certains outils qu’elles souhaiteraient utiliser », déplore Philippe Michaud, directeur de recherche à l’Institut de promotion de la prévention secondaire en addictologie (Ippsa). En outre, « aucune rémunération n’est prévue pour faciliter la prévention », se désole Anne Borgne, présidente du Réseau des établissements de santé pour la prévention des addictions (Respadd).

Dans son futur plan 2013-2015, la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et les toxicomanies (Mildt) entend néanmoins renforcer la mise à disposition d’outils et de formations au repérage et à l’intervention brève pour les libérales. Et, pour Danielle Jourdain-Menninger, sa présidente, il est clair qu’il « faudra intégrer leur contrainte de temps, de gestion des déplacements, tout ce qui fait la richesse et la difficulté de leur mode d’exercice ». Dont acte.

* Organisé le 5 décembre à Paris par le Respadd et la Fédération Addiction.

DES OUTILS CIBLÉS

→ Pour valoriser le rôle infirmier et soutenir les pratiques, la DGS, la Mildt, le Respadd ont développé, avec l’Oni et le Groupement des infirmiers du travail notamment, une campagne d’information, d’action et de formation visant les infirmières libérales et celles en santé au travail. Initiée courant 2011, la démarche s’est poursuivie en 2012 et continuera en 2013. Pour la DGS, le bilan se révèle positif : quelque 60 000 affiches incitant le patient à dialoguer autour du tabac, de l’alcool et autres drogues, 60 000 flyers étayant la démarche de repérage et d’orientation et contenant des questionnaires d’évaluation des consommations, ainsi que 55 000 guides d’aide à la pratique addictologique ont été diffusés*. Des libérales ont aussi pu se former lors de journées organisées en région par le Respadd et l’Ippsa à l’approche de la prévention secondaire et au RPIB (repérage précoce-intervention brève), très adaptés à leur contexte d’exercice.

* Pour les obtenir ou en savoir plus : www.respadd.org