Cahier de formation
Savoir faire
Madame D. vient de subir une gastrectomie longitudinale. De retour à son domicile, elle fait appel à vous pour des injections d’héparine. Depuis ce matin, elle ressent de fortes douleurs abdominales et se sent fiévreuse.
Vous prenez sa température et constatez qu’elle est à 39°C. Vous lui conseillez de revoir immédiatement le médecin du centre médico-chirurgical où elle a été opérée. Étant donné la gravité potentielle des complications de ce type de chirurgie, mieux vaut ne pas prendre de risque.
La gravité potentielle des complications après chirurgie bariatrique justifie un suivi par l’équipe pluridisciplinaire qui a posé l’indication opératoire, en liaison avec le médecin traitant. Ce suivi s’intègre dans le cadre d’un programme personnalisé mis en place dès la phase préopératoire et poursuivi à vie. En suivi post-opératoire précoce, il est néanmoins possible que l’infirmière libérale voit ces patients dans le cadre de la prévention thrombo-embolique : lever précoce, bas de contention et héparine de bas poids moléculaire sont recommandés.
Toute suspicion de complications suite à l’intervention chirurgicale doit conduire à réintervenir précocément, d’où l’importance d’en repérer les signes cliniques.
→ Les signes de complications précoces (perforations, hémorragies, occlusions…) sont essentiellement une tachycardie, une dyspnée, des douleurs abdominales, une confusion, de la fièvre. Ils doivent conduire à consulter en urgence.
→ Les signes de complications chirurgicales tardives sont essentiellement des douleurs, des dysphagies, des vomissements. Les éventuelles carences nutritionnelles peuvent aussi avoir des conséquences graves, notamment la carence en fer, vitamine B12, vitamine D et B1 (risque de Béri-Béri). Les signes à surveiller sont neurologiques (paresthésies, vertiges, baisse d’acuité visuelle, etc.), une perte de poids très rapide, une fatigue intense. Dans tous les cas, il faut rapidement revoir son médecin.
Les consignes nutritionelles post-chirurgicales, même si elles sont parfois contraignantes, jouent un rôle décisif dans le succès du traitement. Les rappeler une fois encore n’est pas inutile :
→ respecter à la lettre les modalités de réalimentation post-opératoires pour limiter au maximum le risque de complications précoces ;
→ boire suffisamment, ne pas négliger les apports en protéines ;
→ si des compléments alimentaires sont prescrits (vitamines, calcium, fer…), les prendre en continu. Le plus souvent, ils seront poursuivis à vie. Un bilan nutritionnel et vitaminique doit être réalisé chaque année. La supplémentation pourra être renforcée dans certaines situations, comme des vomissements fréquents, une grossesse…
Le suivi sur le plan psychologique et psychiatrique ne doit pas non plus être négligé. Il est recommandé systématiquement pour les patients qui présenteraient des troubles du comportement alimentaire ou des pathologies psychiatriques avant l’opération et peut être proposé au cas par cas pour les autres patients. Les objectifs sont d’accompagner le patient dans ses réaménagements psychiques liés aux nouvelles habitudes de vie et à la perte de poids qui peut avoir un retentissement important sur l’image du corps, la place dans la société, dans la famille… Le suivi est assuré par un psychiatre ou un psychologue, qui travaille en concertation avec les membres de l’équipe pluridisciplinaire.
Une grossesse n’est pas souhaitable dans les 12 à 18 mois après l’intervention, durant lesquels une contraception est recommandée.
Certaines études suggérant une diminution de l’efficacité des méthodes orales (notamment en cas de chirurgie malabsorptive), une autre méthode peut être préférée (stérilet, préservatif…).
Un projet de grossesse après chirurgie bariatrique sera par la suite envisageable, mais il doit donner lieu à une évaluation nutritionnelle, clinique et biologique en amont et, à défaut, au tout début de la grossesse.