L'infirmière Libérale Magazine n° 289 du 01/02/2013

 

Cahier de formation

Savoir faire

On vient de diagnostiquer un diabète de type 2 à monsieur D., 43 ans. Alors que vous le piquez pour une glycémie capillaire à jeun, il vous confie : « Je sais que cela a un rapport avec mon obésité, mon père aussi a du diabète et on fait le même poids ! Mais, avec mon boulot et ma pause d’une demi-heure, je mange au fast-food : c’est ce que j’aime ! J’ai déjà arrêté les sodas… »

Vous lui expliquez qu’en effet, au fast-food, les aliments y sont à la fois gras, salés et très sucrés, ce qui n’est pas l’idéal pour le diabète. Mais on peut essayer d’y manger plus équilibré en se limitant à un seul aliment gras par repas, en prenant la salade, de l’eau et en complétant par ailleurs son repas avec un produit laitier allégé et un fruit. Et en mangeant plus équilibré le soir !

UNE INTERVENTION BIEN CADRÉE

Les besoins du patient

Le premier objectif des conseils hygiénodiététiques n’est pas juste de faire perdre du poids, mais de guider les patients et leur famille dans la mise en place de changements selon leurs capacités. Les objectifs doivent être raisonnables mais durables, adaptés au mode de vie, à l’environnement et aux possibilités de chacun. Ils peuvent être rappelés dans le cadre d’un surpoids ou d’une obésité, mais aussi dans celui d’un message de prévention en population générale.

Le rôle de l’Idel

L’intervention de l’Idel s’inscrit dans une première étape du processus d’éducation du patient, essentiellement cantonnée à :

→ observer : la visite au domicile offre l’avantage de pouvoir rencontrer le patient dans son environnement et de pouvoir y adapter son intervention ;

→ informer sur les bénéfices d’une perte de poids même modérée, les principes d’une alimentation équilibrée et de l’augmentation de l’activité physique ;

→ encourager.

MANGER MIEUX

Le rôle de l’infirmière libérale est de rappeler les règles de base d’une alimentation équilibrée et d’aider à la correction des grosses erreurs diététiques.

Équilibrer les apports

→ Diversifier son alimentation en mangeant de tout, c’est-à-dire en piochant dans chacune des sept grandes familles d’aliments : viande, poisson, œuf (protéines, fer) ; produits laitiers (protéines, calcium) ; céréales et féculents (glucides lents, protéines végétales, fibres) ; fruits et légumes (minéraux, vitamines, fibres) ; Corps gras type beurre, huile (lipides, vitamines A, D, et E) ; produits sucrés (glucides rapides) ; eau.

→ Limiter la consommation (et non éliminer complètement) des aliments riches en lipides, notamment saturées (charcuteries, fritures, beurre, viennoiseries, crèmes glacées…), ou en sucres (sodas sucrés, jus de fruit industriels, gâteaux, bonbons…), de l’alcool et du sel. Attention aux plats préparés, toujours riches en graisses et en sel.

→ Privilégier le poisson (non pané), la volaille (plus maigre), les fruits, les légumes et l’eau, à volonté.

Mieux répartir les apports

→ Manger chaque jour :

– 1 à 2 fois une viande, un poisson ou des œufs ;

– 1 produit laitier à chaque repas (de préférence demi-écrémé, du fromage une fois par jour) ;

– 1 crudité à chaque repas (légume cru, râpé, salade ou fruits) ;

– 1 plat de légumes cuits ;

– 1 plat de féculents ;

– du pain.

→ Diminuer la taille des portions : utiliser des assiettes de diamètre standard afin de ne limiter les quantités d’aliment, et éviter de laisser le plat sur la table pour ne pas se resservir machinalement.

→ Faire trois vrais repas réguliers pour limiter les petites faims, et ne pas sauter de repas.

→ Limiter les grignotages : manger à sa faim aux repas, s’activer…

Conserver le plaisir

→ Manger lentement, à table, si possible en compagnie, ne pas bouder son plaisir ou se cacher.

→ Manger à sa faim en prêtant attention aux sensations de satiété.

→ Ne pas s’interdire strictement les aliments.

Faire ses courses

→ Prévoir les repas et une liste de courses avec des quantités ajustées, faire ses courses le ventre plein, essayer de s’en tenir à sa liste. Éviter d’acheter en quantité les aliments habituellement grignottés.

→ Adapter au budget : la variété des aliments au sein d’une même catégorie permet d’équilibrer un menu selon ses moyens. Il faut notamment connaître les équivalents nutritionnels en protéines : la viande ou le poisson peuvent être remplacés par des œufs ou des légumes secs (pois, lentilles haricots secs…) associés à un féculent (riz, pâte…). Respecter la saisonnalité des produits est la meilleure assurance des bas prix.

→ Déchiffrer les étiquettes : l’étiquette renseigne sur la composition en graisse ou lipides des aliments. Un plat comportant plus de 10 % de graisses (10 g de graisses pour 100 g de produit) est considéré comme gras.

Cuisiner plus “light”

→ Il est important de limiter l’utilisation de matières grasses pour la cuisson (une cuillère à café suffit), et de privilégier les huiles végétales au beurre ou à la crème.

→ Il est préférable d’utiliser les modes de cuisson à la vapeur, en papillote, à l’étouffée.

→ Il est primordial de cuisiner des quantités adaptées et de limiter la taille des plats.

BOUGER PLUS… SOUS SURVEILLANCE !

Les objectifs

Il s’agit d’inciter à augmenter très progressivement les dépenses énergétiques en faisant davantage d’activité physique.

Voici des exemples d’activités physiques en fonction de leur intensité :

→ intensité faible : marcher lentement, laver les vitres ou la voiture, faire le ménage, jouer à la pétanque ou au ping-pong, au billard, au bowling… ;

→ intensité modérée : marche rapide (6 km/h), jardinage, danse de salon, vélo, natation plaisir et aquagym… ;

→ intensité élevée (ne pas pratiquer sans avis médical) : randonnée en moyenne montagne, jogging, VTT, natation sportive, sports d’équipe, tennis…

Vos conseils

→ En cas de longue inactivité, il faut demander son avis au médecin et/ou à un entraîneur spécialisé. La reprise de l’activité doit se faire très progressivement puis on augmentera lentement le temps de pratique.

→ Il est plus judicieux de faire plusieurs séances hebdomadaires.

→ Il faut respecter ses capacités et ses envies.

ROMPRE L’ISOLEMENT

La peur du regard des autres isole parfois les obèses de toute vie sociale. Des associations de patients qui militent pour une meilleure acceptance de l’obésité existent dans la plupart des régions. Ouvertes aux obèses et à leur famille, elles organisent des rencontres, des activités, des groupes de parole. Se renseigner auprès du Collectif national des associations d’obèses (Cnao) www.cnao.fr ou 01 42 71 17 57, auprès des ARS et des mairies.

Question de patient

Est-ce mieux d’acheter des produits allégés en matières grasses ?

Oui, si on n’en profite pas pour en consommer plus ! Par exemple, environ 20 g de beurre allégé apportent la même quantité de graisses que 10 g de beurre classique. Par ailleurs, “allégé en matières grasses” désigne une réduction des graisses de 30 % par rapport à un produit standard.