L'infirmière Libérale Magazine n° 289 du 01/02/2013

 

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ÉTUDE → Classées championnes de l’optimisme l’an dernier par l’Observatoire des professions libérales de santé, les infirmières semblent gagnées par la morosité ambiante au cours de l’édition 2013. Même si leur situation économique ne s’avère pas si mauvaise que cela…

L’épidémie de “sinistrose” a fini par toucher les infirmières. C’est ce que révèle la seconde édition du Scan CMV Médiforce(1), menée en juillet dernier auprès de 500 professionnels de santé libéraux(2) et publiée le 22 janvier. Championnes de l’optimisme l’an passé, les Idels seraient aujourd’hui gagnées par un « certain vague à l’âme ». Sur une échelle de 1 à 10, en 2012, elles évaluent leur situation professionnelle à 6,2, contre 7,1 en 2011. C’est toutefois supérieur à la moyenne générale (5,4).

Inquiétudes sur l’avenir

L’avenir leur semble plus sombre encore : les libérales lui octroient un petit 5,4. Baisse des revenus, augmentation des charges, contraintes administratives et réglementaires (citées par 13 % des soignantes), dévalorisation de la profession… Les sources d’inquiétude sont multiples. La moitié des Idels interrogées se sentent également menacées par la concurrence : 30 % déclarent leur activité professionnelle pénalisée par Internet, notamment par les sites développés par certains cabinets(3), et 20 % par l’automédication. Ce climat d’incertitude pousse les libérales à se regrouper en cabinet : alors que 42 % des sondées le sont déjà, 33 % l’envisagent dans les cinq prochaines années, et 31 % voient d’un bon œil le regroupement au sein d’une maison de santé. La morosité ambiante n’empêche pas 65 % des Idels d’affirmer que, si c’était à refaire, elles choisiraient certainement la même voie, là où les pharmaciens chutent à 35 %… Mais, signe des temps, elles sont moins nombreuses que l’an passé à recommander l’exercice de leur profession : 40 %, contre 65 % en 2011.

30 000 kilomètres par an

Sur le plan économique, les Idels tirent leur épingle du jeu. Plus de la moitié d’entre elles (58 %) affirment que leurs honoraires sont restés stables et 15 % estiment qu’ils ont même augmenté. Le nombre d’actes est identique pour 43 % des sondés et en augmentation pour 35 % d’entre eux. La crise et le chômage ne semblent pas avoir affecté leurs relations avec la patientèle : 40 % des infirmières assurent que leurs patients acceptent comme avant les soins proposés et 42 % rapportent des refus de traitement pour des raisons économiques, des proportions identiques à l’an passé. Les besoins de trésorerie des soignantes sont essentiellement justifiés par le règlement des charges sociales (56 %), le remboursement des crédits (33 %) et les paiements différés de la CPAM (28 %).

En matière d’investissements, les Idels seraient plus frileuses que les autres professionnels de santé : “seules” 65 % ont investi dans l’achat de matériel médical, 63 % dans un équipement informatique (contre 81 %, en moyenne, toutes professions confondues) et 10 % ont acheté un cabinet ou réalisé des travaux (contre 37 %, en moyenne). Priorité à la voiture : dans les deux prochaines années, 53 % affichent leur intention d’acheter un véhicule professionnel. Avec près de 30 000 kilomètres effectués en moyenne chaque année (+ 33 % par rapport à 2011 !), les infirmières sont encore une fois les plus grandes conductrices de tous les professionnels de santé (15 642 km/an en moyenne).

À l’instar des autres professionnels de santé, les Idels sont plus que jamais connectées : 82 % des sondés utilisent Internet chaque jour dans un cadre professionnel. Une grande majorité (90 %) consulte des sites d’informations, 45 % des sites de formations professionnelles et une même proportion des sites de e-commerce, notamment de matériel médical. Les sites de l’Assurance maladie (Ameli), de leur banque, du Vidal, des Pages jaunes/blanches et des laboratoires sont les plus prisés des libérales. En revanche, elles ne sont que 2 % à avoir créé leur propre site Internet pour informer les patients.

(1) CMV Mediforce est une société de BNP Paribas, spécialisée dans le financement des professions libérales de santé.

(2) Comme l’an dernier, l’enquête a été conduite par la TNS Sofres auprès de 500 libéraux. Médecins généralistes, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes, vétérinaires et, depuis cette année seulement, radiologues et biologistes.

(3) Nous développerons le sujet “sites Internet et Idels” dans la rubrique “Votre cabinet” du mois prochain.