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MOBILISATION → Né sur les réseaux sociaux, le mouvement de contestation infirmière “Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes” se structure en association. À sa tête, une infirmière libérale.
Né sur Facebook en octobre dernier, le mouvement des “Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes”
Sur Paris, seule une vingtaine d’infirmiers et d’aides-soignants étaient toutefois au rendez-vous fixé devant le ministère de la Santé. « Attentisme », « peur » de perdre son travail, réticence à laisser les patients et les collègues dans des services en sous-effectif… autant de freins qu’il faudra lever pour susciter le même “réveil blanc” qu’en 1988. « C’est notre première mobilisation, relativise Alexandra Saulneron. Le but est de se faire connaître pour rassembler plus de monde la prochaine fois. »
Un pari réussi : la presse nationale et régionale avait répondu présente et a largement relayé leur malaise. Au micro des journalistes, les “Pigeonnes” ont dénoncé « la dégradation constante » des conditions de travail des soignants, menant « à la mise en danger du patient » et au burn-out.« La santé ne peut plus être rentable. On a besoin de travailler en toute humanité, de retrouver ce pour quoi on a voulu être infirmière ou aide-soignante », martèle Alexandra Saulneron. « On n’ose pas parler de notre malaise. Quand on en parle, on nous répond “il ne fallait pas faire ce métier” ou “vous vous organisez mal” », témoigne également Myriam, IDE intérimaire à Paris.
Paiement des milliers de RTT non prises, revalorisation des compétences et des salaires, remise à plat de la nomenclature des actes et mise en place d’une consultation infirmière pour les libérales, création de postes pour avoir « plus de temps pour les patients » à l’hôpital… Les revendications du mouvement ne manquent pas, mais n’ont pas encore trouvé d’écho au ministère de la Santé. Ces dernières semaines, 5 000 à 6 000 lettres ont pourtant été adressées à Marisol Touraine par les membres du groupe Facebook. Un compte Twitter a été créé (@Ni_Bonnes) pour témoigner du quotidien difficile des soignantes. Enfin, une pétition circule également sur Internet : elle rassemble 9 021 signatures à ce jour. Les “Pigeonnes” n’ont pas fini de faire parler d’elles.
* L’appellation fait référence au slogan “Ni bonnes, ni connes, ni nonnes” du mouvement infirmier de 1988 et au groupe d’auto-entrepreneurs, les “Pigeons”, qui se sont récemment mobilisés contre les mesures fiscales du gouvernement. Ils ont ensuite été imités, sur Facebook, par les médecins.