Échappées
Buenos Aires, dans la maison des belles personnes, comme l’appellent les voisins, vit Roberto, le père « dans les affaires ? », entouré de ses trois enfants : Paula, passionnée de psychanalyse, Javier, qui souffre d’une maladie mentale, et Camila, petit génie musical. Le père est retrouvé assasiné dans un terrain vague. Paula appelle un éminent docteur analyste, pour qu’il l’aide à démontrer l’irresponsabilité de son frère, accusé du patricide. En recourant à la psychanalyse, ce médecin va percer les mystères entourant la famille Vanussi. Outre un très bon thriller psychologique, c’est aussi une réflexion habile sur la structure sociale argentine et le poids du passé sur la destinée individuelle. Gabriel Rolón exerce comme psychanalyste et signe là son premier roman.
Gabriel Rolón, La Maison des belles personnes (trad.). Belfond, 2013. 379 pages, 19,50 euros.
U premier roman qui nous porte de la côte landaise à l’ambiance moite et salée des plages du Viêtnam en passant par les couloirs confinés d’un hôpital où sa mère malade opère un « syndrome de glissement », dixit les médecins. « Le docteur était pessimiste ; par contagion, ma mère l’était devenue. » Porté par des formules qui résonnent, ce court roman est de ceux que l’on relit volontiers, en espérant trouver chaque fois quelques sens cachés. Dévasté par la maladie de sa mère, Jacques résiste mal à l’intrusion de grains de sable dans les rouages de sa vie. Il navigue entre attirances et renoncement, jusqu’à cette marée de sentiments qu’il provoque dans une scène finale oppressante. Étrange, triste et lucide.
Erwan Desplanques, Si j’y suis. Éd. de l’Olivier, 2013. 104 pages, 12 euros.
L’auteur va très loin ! Jusqu’à la dernière page, on espère que Rosette rebondira, et que Despature, le vieux prof amoureux, retroussera ses manches pour contrer ces cinq grands enfants qui décident d’interner leur vieille mère. Pas si vieille, pourtant, pour le bonheur. Un petit verre, une chute, et c’est toute sa vie qui se met en branle : dépossédée, infantilisée… Il ne fait décidément pas bon devenir vieux à notre époque.
Bernard Leconte. Qu’allons-nous faire de grand-mère ? L’Éditeur, 2012. 124 pages, 14 euros.