Cahier de formation
Savoir faire
Monsieur H. est rentré chez lui après un AVC. La gastrostomie a été retirée avant sa sortie de l’hôpital, mais il doit manger mixé et boire de l’eau gazeuse. Son épouse s’inquiète car elle ne veut pas faire d’erreur. Elle vous demande si son mari doit boire exclusivement de l’eau gazeuse et pourquoi.
L’eau gazeuse est privilégiée car elle oblige le patient à boire moins vite. Elle permet également de sentir le trajet du liquide avalé. L’eau plate, à l’inverse, passe trop vite et entraîne un risque de fausse route que l’on peut parfois observer sans trouble de la déglutition.
La dysphagie ou trouble de la déglutition définit la difficulté d’avaler avec une sensation de gêne (arrêt du transit), douloureuse ou non, éventuellement associée à des fausses routes. La déglutition est l’acte d’avaler, c’est-à-dire de faire passer le bol alimentaire de la bouche dans le pharynx, puis de l’œsophage dans l’estomac.
La survenue de troubles de la déglutition est systématiquement vérifiée immédiatement après l’AVC en cas de paralysie. Ils sont pris en charge par l’orthophoniste qui précise les consignes de nature, température, texture et saveur des aliments. L’orthophoniste établit aussi les recommandations pour l’installation et la posture du patient, et dispense la rééducation proprement dite. Le kinésithérapeute pratique une rééducation pour assurer le maintien du tronc et de la tête, et travaille la respiration.
En cas de difficultés à avaler les liquides, privilégier dans un premier temps les petites quantités en buvant à la paille ou à la cuillère (une cuillère à café vaut 3 à 5 cc).
Les boissons glacées et gazeuses (eau, soda…) permettent de stimuler le réflexe de déglutition.
Augmenter la viscosité des boissons froides ou chaudes avec des épaississants instantanés ralentit la vitesse d’écoulement. Les eaux gélifiées sont utilisées avec précaution car elles se liquéfient dans la bouche.
Privilégier les verres remplis à ras bord, les verres à découpe nasale ou les verres inclinés (chez les revendeurs médicaux ou les pharmacies).
À l’inverse, éviter les situations qui nécessitent une bascule de la tête en arrière comme boire le fond d’un verre ou directement à la bouteille.
Il s’agit essentiellement de donner aux aliments une texture onctueuse, glissante, homogène, non dispersible et non collante. Les aliments secs, émiettés ou collants sont à proscrire. Préparer une alimentation molle si défaut de mastication.
Les médicaments peuvent être enrobés avec du fromage blanc, du yaourt, de la compote ou de la confiture pour faciliter leur ingestion.
→ Éviter les distractions (télévision, radio, parler en mangeant) et privilégier une ambiance calme et détendue pour faciliter la concentration.
→ Éviter un temps de repas supérieur à 40 minutes. Fractionner les prises alimentaires, car la fatigue augmente le trouble.
→ Maintenir le buste droit et la tête légèrement inclinée en avant lors de la déglutition pour protéger les voies aériennes.
→ Ne pas empêcher la toux qui permet d’expulser les corps étrangers des voies aériennes.
→ Concentrer l’énergie dans de faibles volumes par un enrichissement des préparations ou des suppléments nutritionnels oraux.
→ Maintenir le plaisir de manger en variant les saveurs et les cuissons, en préférant les cuissons humides, en papillote, à l’étouffée, au micro-ondes, à la vapeur, au court-bouillon.
Les fausses routes peuvent être silencieuses. Certains signes doivent alerter le soignant ou l’aidant naturel :
→ la toux, l’étouffement, la suffocation immédiats post-déglutition ;
→ la toux retardée (dans la minute qui suit la déglutition) ;
→ les raclements récurrents ;
→ la déglutition “forcée” ;
→ une gêne respiratoire : respiration bruyante, encombrement bronchique ;
→ accumulation de salive dans la bouche en dehors des repas ;
→ l’angoisse vis-à-vis de la prise alimentaire ;
→ allongement du temps de repas ;
→ diminution de la quantité d’aliments consommés ;
→ plusieurs déglutitions pour une seule bouchée ;
→ déshydratation, amaigrissement, dénutrition.
1. Faire cracher le contenu de la bouche du patient.
2. Lui demander de fermer la bouche et de bloquer un instant la respiration.
3. L’inciter à inspirer lentement par le nez.
4. Lui demander de tousser le plus fortement possible.
5. Lui faire vider la bouche.
6. Répéter si nécessaire les points 3 et 4.
Si la respiration est bloquée, utilisez la manœuvre de Heimlich.
• Les poudres épaississantes vendues en pharmacie ne sont pas prises en charge par la Sécurité sociale, mais il est possible d’épaissir des boissons sur le principe de l’eau gélifiée.
• Recette de la gélatine
Substance à base de porc et de bœuf.
→ 16 à 20 g de gélatine (8 à 10 feuilles).
→ 1 litre d’eau ou de café, tisane, chocolat, lait, citronnade, jus de fruits, sirop, bouillon, potage, jus de tomate, jus de légumes.
→ Faire chauffer 1/4 du liquide.
→ Ajouter la gélatine en remuant jusqu’à dissolution.
→ Verser le mélange chaud dans le reste de la boisson.
→ Répartir celle-ci dans plusieurs verres.
→ Garder 24 heures au réfrigérateur maximum.
• Recette de l’agar-agar
Gélifiant 100 % végétal.
→ Délayer 4 g d’agar-agar dans 1 litre d’eau tiède.
→ Faire bouillir 3 minutes et rajouter 250 ml de sirop aromatisé.
→ Le mélange doit refroidir dans des bols, être placé dans le compartiment à glaçons du réfrigérateur durant 30 minutes, puis stocké au froid pas plus de 24 heures (Association des paralysés de France).
* On peut trouver l’agar-agar dans les magasins d’alimentation bio et les pharmacies.