PROFESSION
Actualité
SOCIOLOGIE → Une étude montre que le personnel infirmier confronté aux fantasmes des patients n’est pas du tout préparé à y réagir.
Les clichés ont la vie dure et ils n’épargnent pas les infirmières. Les chercheurs qui viennent de publier cette étude
Alain Giami, directeur de recherche à l’Inserm, Pierre Moulin de l’université de Lorraine et Émilie Moreau de Paris VIII se sont entretenus avec 64 infirmiers (dont 85 % de femmes, à l’image de la profession, et 7,8 % en cabinet libéral) entre 2007 et 2008. La majorité interviennent en milieu hospitalier (78,1 %) et plus rarement à domicile (21,9 %).
Outre les propositions indécentes, alimentées par les scénarios cuturels dominants (les infirmières “nues sous leur blouse”, confusion entre soin et service sexuel, etc.), l’expression sexuelle des patients peut déstabiliser, surtout en début de carrière. Qu’il s’agisse d’une érection réflexe durant un examen ou une toilette intime, un massage ou une désinhibition liée à la prise d’anesthésiques… le malaise se dissipera avec l’expérience.
Car, au-delà de la gêne, l’infirmière semble capable d’adopter « une attitude de compréhension compassionnelle envers ce type de demande et de situation » C’est le cas, ont constaté les auteurs, face à des patients en service d’oncologie, par exemple. Quant aux plaisanteries salaces, elles sont alors relativisées comme des tentatives « pour se prouver qu’ils sont encore des hommes ». Un bouclier de défense bricolé par chacune sur le terrain, faute de formation suffisante sur le sujet.
* “La place de la sexualité dans le travail infirmier : l’érotisation de la relation de soins”. Retrouvez sur notre site espaceinfirmier l’interview d’Alain Giami.