Éditorial
Avec vos déplacements incessants, s’il est bien une chose dont vous souffrez très peu dans votre activité professionnelle, c’est du sentiment d’enfermement. Un sentiment d’autant plus fort lorsque pointent les premiers rayons de soleil. L’été, c’est carrément un supplice de passer la journée entière entre quatre murs. Devant un écran. Espace impénétrable aux saisons, si ce n’est le chauffage qui se transforme en clim’ et vice-versa.
Sommeille quand même en vous le souvenir de l’élève qui reprenait le chemin de l’école après deux mois de vacances… Le douloureux abandon des sandales pour des chaussures fermées, les mouvements de vos doigts de pied entravés par des chaussettes, et ce léger sentiment de déprime associé à la rentrée. Quand on y pense, une grande partie de notre vie est une affaire de restriction de liberté. Est-ce que tout ne commence pas plus tôt encore, lors de l’apprentissage de la marche, quand les parents, lassés d’être cassés en deux, vous attachent de force dans la poussette ? Savoir avec certitude qu’on recouvrira la liberté de mouvement dans quelques minutes, quelques heures, c’est le luxe propre aux enfants, aux écoliers, aux travailleurs. Des voix s’élèvent : et nos vieux dans les Ehpad, de quelle liberté jouissent-ils ? Fragiles comme peuvent l’être des petits enfants, leur liberté d’aller et venir est réduite. Tous n’ont d’ailleurs pas conservé les capacités physiques de se porter eux-mêmes… Alors le contrôleur des prisons de s’inquiéter : les Ehpad ne seraient-ils pas des ersatz de prisons ? Votre position d’électron libre – et libéral – de la santé, portée dans le nom de votre magazine, a fait peur aux directeurs d’Ehpad, décidément peu enclins à nous répondre
* Lire notre actualité Perte d’autonomie, la double peine ? pages 6 et 7.