L'infirmière Libérale Magazine n° 291 du 01/04/2013

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

ORGANISATION DES SOINS → L’Association des petites villes de France a présenté début mars son quatrième livre blanc pour une approche territoriale de la santé.

Enrayer la progression des déserts médicaux et rationaliser l’emploi de l’argent public : tels sont, en santé, les objectifs poursuivis par l’Association des petites villes de France (APVF), dont plus de 1 200 municipalités de 3 000 à 20 000 habitants sont membres, soit 30 % de la population française. Dans le débat préparatoire à la grande loi de santé publique annoncée pour 2014, l’APVF entend porter la voix de ces espaces urbains et semi-urbains que la loi HPST a parfois eu pour effet de violenter.

Et l’association d’énumérer les « défauts de l’approche actuelle » : absence de lien entre secteurs social et sanitaire, prise en charge hospitalo-centrée, faiblesse de la coordination entre professionnels libéraux, recours insuffisant au maintien à domicile, etc.

Culture de l’isolement

Pour l’APVF, le modèle « fondé sur le déplacement du patient vers les soins a trouvé ses limites ». C’est pourquoi l’association plaide en faveur de tous les dispositifs de nature à favoriser la dispensation de soins au plus près du domicile, qu’il s’agisse de « solutions de télésanté », à l’hôpital, « mais également chez les professionnels libéraux » ou de « la généralisation des équipes mobiles de territoire, notamment en gériatrie ».

Notre système de soins « a laissé se développer une culture de l’isolement chez les professionnels de santé quand il aurait fallu développer un travail en équipe et des soins coordonnés », déplore l’APVF. Elle propose au contraire de « favoriser l’émergence de véritables filières de santé territorialisées en orchestrant la cohérence des acteurs de la santé sur les territoires ». Comment ? En expérimentant des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) de territoire, à l’instar de ce qui se fait aujourd’hui à l’échelle de chaque établissement : il s’agirait de choisir le territoire d’expérimentation à partir du projet régional de santé et en fonction des volontés locales, de partir des contrats locaux de santé et du CPOM de l’établissement pivot, de dessiner une nouvelle modélisation des parcours de soins de territoire à partir de filières de prise en charge structurées, de tester de nouvelles règles de financement des professionnels et des établissements, sans oublier de former la population à l’utilisation d’un nouveau système de distribution des soins. Les acteurs associés à la définition de ce CPOM de territoire seraient les autorités de régulation, les élus et les professionnels des champs sanitaire, social et médico-social.

Formation à la coordination

La lutte contre les déserts médicaux, elle, passe par l’attractivité des petites villes aux yeux des professionnels de santé. Mais cela « ne se décrète pas », admet l’association, qui avance plusieurs pistes : l’expérimentation du salariat des praticiens en maison de santé pluriprofessionnelles qui favoriserait « les projets médico-soignants intégrés », l’instauration de correspondants d’installation chargés d’aider les praticiens dans chaque territoire, l’ouverture des programmes de recherche et d’innovation aux territoires non urbains.

L’APVF a enfin de grands desseins pour les Ifsi : ils doivent « participer au changement à venir dans l’exercice des métiers » et élargir leurs activités « au monde du social ». Surtout, ils pourraient accueillir des centres de formation à la coordination médicale et territoriale, dont la création, à destination des personnels de santé déjà en poste (salariés des hôpitaux, mais aussi praticiens libéraux, pharmaciens, infirmières), est jugée nécessaire pour hisser la coordination, « aujourd’hui empirique et limitée », au rang de véritable discipline.