L'infirmière Libérale Magazine n° 292 du 01/05/2013

 

Cahier de formation

Savoir

La SLA est une maladie neurodégénérative entraînant une paralysie progressive de tous les muscles squelettiques. Une prise en charge pluridisciplinaire incluant les infirmières libérales permet de retarder les symptômes, d’en atténuer les conséquences et de maintenir la meilleure qualité de vie possible pour le malade et ses proches.

LA MALADIE

Trois noms

La SLA est également connue sous le nom de maladie de Charcot, en hommage au médecin l’ayant caractérisée au XIXe siècle, mais aussi de maladie du motoneurone parce qu’elle représente 80 % des maladies du motoneurone (neurones moteurs) ou encore de maladie de Lou-Gehrig, en hommage à un célèbre joueur de baseball américain décédé de cette pathologie en 1941.

Manifestations

La SLA se traduit par une dégénérescence des neurones moteurs, les motoneurones, conducteurs de l’influx nerveux responsable de la production de la force par le muscle. Le patient atteint de SLA souffre progressivement d’un affaiblissement puis d’une paralysie des muscles des jambes et des bras, des muscles respiratoires, ainsi que des muscles de la déglutition et de la parole. Il va perdre l’usage de ses membres et de la parole. Hormis dans 10 % des cas pour lesquels on observe la survenue d’une atteinte cognitive (démence fronto-temporale), la conscience des patients atteints de SLA n’est pas affectée. Le malade se retrouve comme prisonnier dans son propre corps. Le pronostic vital du patient est engagé par une insuffisance respiratoire et une dysphagie.

Étiologie

Dans 10 à 20 % des cas, les SLA sont héréditaires. Dans les autres cas, il s’agit d’une maladie sporadique dont les causes ne sont pas encore identifiées. Les recherches portent en particulier sur les facteurs de risques liés à l’alimentation (influence des vitamines E et D ou du glutamate), à des pathologies associées ou à des modes de vie (activité physique intense), mais aussi sur des facteurs de susceptibilité génétiques.

Les formes héréditaires sont le plus souvent dues à une mutation dominante sur un gène porté par un autosome et non par un chromosome sexuel. La probabilité d’avoir le gène muté chez un enfant dont l’un des parents est malade, et donc de déclencher la maladie, est de 50 %, qu’il soit fille ou garçon. À ce jour, les chercheurs ont identifié quatre gènes impliqués dans les formes héréditaires de la SLA.

PHYSIOPATHOLOGIE

Dégénérescence progressive

Les motoneurones ne sont pas tous affectés en même temps. « Les mécanismes de progression de la maladie ne sont pas encore connus, mais des pistes de recherche existent, notamment sur l’inflammation via la microglie, cellules immunes présentes dans le système nerveux central. Tout se passe comme si la maladie se propageait à la manière d’un prion dans tout le corps du patient, affectant petit à petit l’ensemble des motoneurones », explique William Camu, neurologue à la clinique du Motoneurone, centre SLA du CHRU de Montpellier (34).

Atteinte centrale

La dégénérescence des motoneurones centraux, ou atteinte centrale, entraîne une raideur des muscles (spasticité), un trouble des réflexes ostéo-tendineux et une labilité émotionnelle, se traduisant par des rires et des pleurs spasmodiques déconcertants pour le patient et son entourage.

Atteinte périphérique

La dégénérescence des motoneurones périphériques entraîne une faiblesse puis la paralysie progressive de tous les muscles squelettiques, une amyotrophie et l’apparition de crampes et de contractions involontaires d’un ensemble de fibres musculaires (fasciculations). Les fasciculations se traduisent par une sensation que les malades décrivent parfois comme des « vers grouillant sous la peau », et ne doivent pas être confondues avec les myokimies, petits battements réguliers d’une partie musculaire, à l’œil, la main ou la cuisse (symptôme banal).

L’atteinte périphérique affecte les muscles oropharyngés impliqués dans la parole, la déglutition, les mouvements du visage et de la langue, les muscles des membres inférieurs et supérieurs, de la respiration, du thorax et de l’abdomen.

Des atteintes variables

La maladie ne touche pas initialement les mêmes motoneurones pour tous les patients. Lorsque les motoneurones périphériques allant du bulbe rachidien vers les muscles oropharyngés sont atteints (en plus de l’atteinte centrale), on parle de forme bulbaire de la maladie. Lorsque les motoneurones périphériques allant de la moelle épinière vers les muscles des membres inférieurs et supérieurs sont atteints en premier, on parle alors de forme spinale.

SYMPTÔMES ASSOCIÉS

Outre les symptômes directement liés à la dégénérescence des motoneurones, les patients atteints de SLA sont confrontés à la dépression et l’anxiété, à des troubles de la salivation, des mycoses et candidoses buccales, une constipation ou encore des douleurs causées par les crampes, contractures et raideurs articulaires.

LE DIAGNOSTIC

Le diagnostic de la SLA n’est pas facile à établir, car il se base sur peu de signes cliniques positifs, et parce que certains symptômes peuvent évoquer d’autres pathologies. Le diagnostic repose sur le tableau clinique associé à des examens complémentaires : électroneuromyographie (examen de référence pour le diagnostic), IRM et examens biologiques qui permettront d’exclure d’autres pathologies.

La plupart du temps, le patient se plaint d’un trouble localisé comme une difficulté à tenir les objets ou à serrer, des problèmes pour marcher sur un terrain irrégulier ou un trouble de la parole. Une faiblesse au niveau de la main peut évoquer un syndrome du canal carpien ou des rhumatismes. Des entorses de la cheville à répétition pourront orienter par erreur sur un problème purement orthopédique, et les rires et pleurs spasmodiques vers des troubles psychologiques, retardant d’autant la prise en charge adéquate.

ÉVOLUTION DE LA MALADIE

Maladie à deux vitesses

Au tout début de la maladie, il est difficile de prédire son évolution. Dans les formes les plus rapides, le décès peut survenir dans les 3 mois. Environ 50 % des malades décèdent dans les 3 ans qui suivent le diagnostic. Dans d’autres cas, la SLA peut évoluer très lentement, offrant au patient une espérance de vie pouvant aller, pour les cas les plus lents, jusqu’à 30 ans.

L’évolution de la SLA est habituellement linéaire : une maladie dont l’évolution a commencé lentement va progresser lentement. Une SLA qui débute à un âge précoce et/ou une atteinte centrale importante constituent de bons facteurs pronostic. À l’inverse, un début par une forme bulbaire de la maladie, une atteinte respiratoire précoce et une perte de poids représentent des mauvais facteurs pronostic.

Les risques de décès

Le décès du patient atteint de SLA peut survenir brutalement, suite à une chute, une embolie pulmonaire, un AVC ou une défaillance globale durant la nuit. Il peut le plus souvent être progressif, causé par une infection pulmonaire, une dénutrition ou une carbonarcose. Dans la carbonarcose, une somnolence évolue vers le coma puis le décès en raison d’une hypercapnie secondaire à l’inefficacité progressive du diaphragme, principal muscle assurant la respiration.

POPULATION CONCERNÉE

La SLA peut toucher tous les individus, hommes et femmes, dès l’âge adulte jusqu’au grand âge. Actuellement, la moyenne d’âge des patients est de 64 ans. « La médiane de survie dans la SLA est de 3 ans environ, ce qui donne un nombre total de cas en France relativement faible comparé à d’autres pathologies neurodégénératives, remarque le Dr Camu. Ce qui incite souvent à penser la SLA comme une maladie bien moins fréquente qu’elle ne l’est en réalité. »

TRAITEMENT ÉTIOLOGIQUE

Le médicament

À ce jour, le riluzole (Rilutek ou génériques) est le seul médicament efficace pour ralentir la dégénérescence des neurones moteurs. C’est le seul médicament ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) « pour prolonger la durée de vie ou pour retarder le recours à la ventilation mécanique assistée chez les patients atteints de SLA ». Il est soumis à une prescription initiale hospitalière (PIH) annuelle réservée aux spécialistes et/ou services spécialisés en neurologie. L’ordonnance de renouvellement peut être établie par tout prescripteur. Délivrance sur présentation de la PIH datant de moins d’un an. La posologie quotidienne recommandée chez l’adulte ou la personne âgée est de 100 mg (50 mg le matin et le soir).

Mode d’action

Bien que la pathogenèse de la SLA ne soit pas totalement élucidée, il semble que le glutamate, principal neurotransmetteur excitateur du système nerveux central, joue un rôle dans la mort cellulaire liée à la maladie. Le riluzole, antagoniste glutamate, agirait par inhibition de processus glutamatergiques, mais son mécanisme d’action est incertain. « Le mode d’action du riluzole est complexe. Initialement, il a été utilisé pour son rôle antiglutamate, acide aminé excitateur, mais les recherches ont montré que son action pouvait largement dépasser ce cadre, explique Wiliam Camu. Le riluzole fonctionne d’autant mieux que la prise en charge du patient démarre tôt et il n’a pas d’efficacité si son utilisation débute dans les phases avancées de la maladie. ». Le riluzole prolonge surtout la phase de la maladie durant laquelle le patient est autonome.

Surveillance

Bien toléré de manière générale, les effets indésirables les plus fréquemment rapportés avec le riluzole sont : asthénie, nausées et anomalies des paramètres biologiques hépatiques.

Risque d’hépatite médicamenteuse

Le taux de transaminases sériques, dont les ALAT (alanine aminotransférase ou serum glutamate pyruvate transaminase, SGPT), doit être contrôlé avant la mise sous traitement et pendant la durée du traitement, tous les mois pendant les 3 premiers mois, puis tous les 3 mois pendant la première année et périodiquement ensuite. Ce suivi devra être plus fréquent chez les patients dont le taux d’ALAT s’élève sous traitement.

Neutropénie

Les patients doivent informer leur médecin de toute maladie fébrile qui doit entraîner un contrôle de la numération formule sanguine et une interruption du traitement par riluzole en cas de neutropénie.

Maladie interstitielle pulmonaire

Des cas, pour certains sévères, ont été rapportés chez des patients traités avec riluzole. Devant l’apparition de symptômes respiratoires tels que toux sèche et/ou dyspnée, une radiographie pulmonaire doit être réalisée. En cas de signes évocateurs d’une maladie interstitielle pulmonaire (opacités pulmonaires diffuses bilatérales), le riluzole doit être immédiatement arrêté. Dans la majorité des cas rapportés, les symptômes disparaissent après l’arrêt du produit et sous traitement symptomatique.

PRISE EN CHARGE GLOBALE

Kinésithérapie

Elle consiste en une prise en charge musculaire de relaxation et de massages et une mobilisation passive des articulations, sans travail actif et sans électrothérapie, pour prévenir l’algodystrophie et la thrombose veineuse. Ce travail de kinésithérapie sera appliqué sur l’ensemble des secteurs déficitaires et, au niveau respiratoire, avec un drainage systématique pour éviter l’encombrement bronchique.

Le patient doit diminuer son activité de façon à limiter autant que possible la sensation de fatigue ainsi qu’éviter la pratique d’une activité inadaptée pour ne pas aggraver son état. Il doit demander conseil au kinésithérapeute.

Orthophonie

La rééducation de la parole, de la déglutition et de la coordination pneumophonique devra être proposée à tout patient ayant une atteinte bulbaire initiale ou survenant au cours de l’évolution. Elle permet de conserver plus durablement une phonation et une déglutition satisfaisante, tout en permettant une relaxation. « L’orthophonie va pouvoir aider sur le plan de la déglutition et du maintien du bol alimentaire », explique Émilie Haon, orthophoniste au centre SLA du CHRU de Montpellier (34). Le patient peut être sujet à de la spasticité au niveau des muscles de la langue, des joues et des lèvres. La sollicitation des fibres musculaires permet d’éviter les raideurs. Les exercices peuvent aussi aider pour les problèmes d’hypersalivation, qu’un traitement médicamenteux pourra par ailleurs améliorer, ainsi qu’un appareil d’aspiration des mucosités ou encore des injections de toxine botulique en cas de besoin.

Prise en charge nutritionnelle

Risque de dénutrition

Plusieurs causes peuvent être à l’origine d’une dénutrition du patient qui est un facteur pronostique péjoratif :

→ troubles de la déglutition avec risque de fausses routes : le malade présentant une atteinte bulbaire est sujet à des troubles de la déglutition avec un risque de fausses routes. Le patient peut moins manger par crainte de s’étouffer ;

→ l’amyotrophie des muscles du visage engendre des difficultés pour la mastication ;

→ les troubles de la salivation, comme une salive très épaisse et une hypersalivation, gênent aussi l’alimentation ;

→ perte d’appétit liée à tous ces éléments qui rendent les repas longs et fatigants ;

→ hypermétabolisme associé à la SLA : « La dépense énergétique du patient est plus importante que pour une personne non malade, pouvant aller de 25 à 50 % de plus qu’à l’état antérieur. Cela va également contribuer à la perte de poids », souligne le Dr Camu.

Gastrostomie

Quand les processus paralytiques sont évolués, la déglutition trop altérée fait courir un risque trop important de fausse route. Une gastrostomie doit être proposée et être impérativement réalisée avant tout amaigrissement important et avant une atteinte respiratoire marquée (voir la partie Savoir faire p. 39).

Prise en charge respiratoire

L’atteinte respiratoire est une cause essentielle de la mise en jeu du pronostic vital. Elle impose une surveillance régulière et une kinésithérapie respiratoire bien réalisée. Lorsque le handicap respiratoire devient trop important, seront alors proposées une ventilation non invasive (voir la partie Savoir faire p. 39) ou une ventilation artificielle avec trachéotomie. Cette dernière ne correspond plus à une prise en charge de la maladie stricto sensu mais à un maintien en vie artificiel. Le patient nécessite alors une prise en charge extrêmement lourde, d’où les indications réduites de ce type d’intervention.

TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE

Il est destiné à traiter les conséquences ou les complications de la SLA, et doit être instauré dès l’apparition des signes pour ne pas laisser s’installer des troubles trop sévères.

Traitements de l’hypersalivation

La scopolamine est utilisée sous forme de patch à changer tous les 3 jours (Scopoderm). Le traitement peut donner quelques vertiges. Si besoin, le patch peut être coupé. « Le traitement de l’hypersalivation est souvent très ingrat, explique William Camu. C’est pourquoi deux autres stratégies ont été développées, la toxine botulique et l’irradiation des glandes salivaires. Ces stratégies ne doivent être proposées que dans les centres spécialisés car la toxine botulique peut aggraver les troubles de déglutition et l’irradiation peut donner une asialie définitive. »

Traitement de la douleur

Si la douleur est trop importante, des dérivés morphiniques peuvent être utilisés. « La douleur dans la SLA est presque exclusivement liée à la raideur des articulations qui sont en train de se bloquer », indique William Camu. La spasticité peut être atténuée par une kinésithérapie adaptée, car les médicaments antispastiques sont souvent inopérants. « En cas de douleurs liées aux crampes, le recours aux médicaments est à éviter. Ces crampes sont un signe que les patients ont une activité physique inappropriée et, quand ils diminuent bien leur activité, elles disparaissent. »

Autres traitements symptomatiques

→ Des médicaments sont aussi prescrits aux malades pour diminuer le risque thrombo-embolique dès l’apparition des troubles de la marche (héparines de bas poids moléculaires).

→ Anxiolytiques et antidépresseurs peuvent être prescrits pour soulager la dépression et l’anxiété. Le rire et pleurer spasmodique réagit bien en règle aux antidépresseurs, soit tricycliques, soit inhibiteurs de la recapture de la sérotonine.

→ Des bains de bouche au bicarbonate de sodium peuvent être prescrits en cas de mycoses buccales.

→ La constipation est traitée dans un premier temps à l’aide de mesures diététiques : boire du jus de pruneau, augmenter les fibres dans l’alimentation per os ou dans les poches de nutrition, veiller à une hydratation équivalente à 1,5 litre d’eau par 24 heures. Des massages abdominaux peuvent aussi aider. Si cela ne suffit pas, le médecin pourra prescrire un traitement adapté (laxatifs).

RECOURS AUX SOINS PALLIATIFS

Lorsque la situation devient trop difficile à domicile, ou dans le cadre d’une situation de fin de vie, une équipe spécialisée en soins palliatifs peut venir en soutien des acteurs de la prise en charge du patient pour accompagner au mieux le malade et son entourage. Les soins palliatifs sont sollicités par le médecin traitant ou l’équipe du centre SLA.

La sla en chiffres

→ Incidence de la SLA :

2/100 000

→ Prévalence de la SLA :

7 à 8/100 000

→ Nombre de cas en France :

6 000 à 7 000

→ Nombre de nouveaux cas par an : 1 500

Source : données fournies par le Professeur Philippe Couratier, neurologue au centre SLA du CHU de Limoges et spécialiste d’épidémiologie neurologique.

Question de patient

Le médecin m’a annoncé que j’avais une SLA. Mes enfants vont-ils aussi tomber malades ? Peuvent-ils le savoir dès maintenant ?

Les formes héréditaires de la SLA concernent actuellement 10 à 20 % des cas. Dans le cas d’une mutation génétique chez un parent, les enfants peuvent entrer dans un processus de diagnostic présymptomatique, démarche très encadrée par la législation à demander au médecin.

Point de vue…

« Un risque d’escarre lié à la dénutrition »

Didier Accariès et Carole Drocourt, infirmier et aide-soignante à la clinique du motoneurone, CHRU de Montpellier (34)

« En règle générale, les malades atteints de SLA ne souffrent pas d’escarres, car la pathologie entraîne un léger épaississement du derme et le patient conserve toute sa sensibilité. Néanmoins, même si le poids est régulièrement contrôlé, le patient connaît un risque de dénutrition et de déshydratation qui incite les soignants à une vigilance accrue de son état nutritionnel et de la survenue d’escarres. »

Les centres SLA

Tout patient pour lequel une SLA est suspectée par le neurologue de ville ou par le médecin traitant peut être suivi dans l’un des 17 centres SLA répartis dans toute la France (liste disponible sur le www.portail-sla.fr). Une équipe pluridisciplinaire spéciali­sée (ergothérapeute, orthophoniste, psychologue, diététicienne, kinésithérapeute, assistante sociale) assure une prise en charge concertée avec les soignants de proximité. Le patient est suivi par un neurologue spécialisé à raison d’environ une consultation tous les 3 mois (recommandation nationale). En cas de besoin, d’autres spécialistes peuvent intervenir (pneumologue, gastro-entérologue). Le patient est suivi par son médecin traitant et par un neurologue de ville qui le verra en alternance avec le neurologue du centre SLA.

Point de vue…

Consulter un centre SLA

Agnès Gonzalez, infirmière à la clinique du motoneurone, centre du CHRU de Montpellier (34)

« Les patients qui souhaitent une consultation dans un centre SLA ne doivent pas hésiter à contacter directement l’équipe pour obtenir des renseignements sur les modalités de prise en charge. Le transport jusqu’au centre SLA le plus proche est pris en charge par l’Assurance maladie grâce à un bon de transport que peut établir, par exemple, le médecin traitant. Ensuite, si le centre SLA où ils sont suivis participe à l’essai clinique et seulement si les patients le souhaitent, ils pourront participer à des tests cliniques. Les tests se déroulent selon des protocoles très encadrés. Le patient sera vu plus souvent par l’équipe du centre SLA pour une surveillance accrue. Il est important que l’Idel qui suit le malade soit informée que son patient est entré dans un protocole d’essai clinique. Elle pourra ainsi être d’autant plus vigilante et signaler au médecin tout changement préoccupant. »

Question de proche

On vient de diagnostiquer une SLA à mon père âgé de 55 ans dont les muscles de la main droite sont atrophiés. Comment la maladie va-t-elle évoluer ?

Il n’est pas possible de prédire l’évolution de la SLA, à quelle vitesse la maladie progressera et l’ordre dans lequel les fonctions musculaires seront touchées. Les premiers symptômes ne seront pas identiques pour tous les patients et seul un suivi régulier permettra d’obtenir peu à peu des informations.

Point de vue…

« Une prise en charge précoce »

William Camu, neurologue à la clinique du motoneurone, centre SLA du CHRU de Montpellier (34)

« Chez lui, en cabinet ou à domicile selon son état de santé, le malade doit pouvoir bénéficier dès que possible d’un suivi régulier par un kinésithérapeute et/ou d’un suivi orthophonique qui va contribuer à limiter ou éviter certaines complications de la maladie. Pour ne pas être néfastes au malade atteint de SLA, les séances ne doivent pas entraîner de fatigue et, dans le cadre de la kinésithérapie, il ne doit pas être pratiqué d’électrothérapie. »

Point de vue…

« Lorsque la mastication devient trop difficile »

Emmanuelle Hamm, diététicienne chez Homeperf, prestataire de santé à domicile, Montpellier (34)

« Lorsque la mastication devient trop difficile pour le patient, on aborde la question de la texture des aliments. Un aliment solide est difficile à mâcher et à avaler, les compotes et purées peuvent aider aux repas. Lorsque le patient a des problèmes de salive, accompagner les aliments tels que la viande ou le poisson avec de la sauce facilite la mastication. Mixer les repas peut aussi représenter une solution adaptée. »

Point de vue…

« Une prise en charge transversale et un engagement fort »

Bertrand Cunnac, kinésithérapeute et ostéopathe à Brax (31)

« Pour le kinésithérapeute, la prise en charge d’un patient atteint de SLA est la plus « transversale » qui soit. Elle fait appel à du travail ostéo-articulaire et à de la kinésithérapie antalgique, respiratoire et neurologique. Le contenu des séances évolue avec la maladie. La prise en charge peut poser des questions d’organisation car le suivi du patient demande plus de temps à mesure que la maladie évolue. C’est un engagement fort que l’on doit être capable d’assumer jusqu’au bout. Il s’agit d’une pathologie qui devient particulièrement lourde et handicapante. »

Je cote à la nomenclature

→ Les patients atteints de SLA relèvent d’une prise en charge globale, d’emblée palliative (puisqu’il n’y a pas de traitement curatif), et chaque intervention au domicile est composée le plus souvent de multiples soins relevant de l’hygiène et du confort. Aussi les séances de soins infirmiers consécutives à l’élaboration de la DSI sont les cotations les plus indiquées chez ces patients. Un problème subsiste : parfois, les 4 séances par jour prises en charge par l’Assurance maladie ne suffisent pas !

→ Soins post-gastrostomie (pansement quotidien après la chirurgie) puis soin quotidien de la stomie une fois cicatrisée = AMI 2.

→ Lancement des séances de nutrition entérale, alimentation entérale par gavage ou en déclive ou par nutripompe, y compris la surveillance, par séance : AMI 3.

M.C. DAYDÉ