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EXPÉRIMENTATION → À l’initiative de l’Union régionale des professionnels de santé Infirmiers de Picardie, des patients opérés en ambulatoire sont désormais pris en charge par des infirmières libérales dès leur retour à domicile. Une première en France.
Isipad, pour Intervention de soins infirmiers post-ambulatoire à domicile. L’acronyme est à retenir, car il pourrait faire partie du langage commun entre la ville et l’hôpital. Initié par des infirmières libérales de Picardie, ce dispositif est opérationnel depuis février sur le secteur de Compiègne et Noyon, dans l’Oise.
À l’origine, explique Marie-Odile Guillon [notre photo], infirmière libérale et présidente de l’URPS Infirmiers de Picardie, un bilan simple mais récurrent : « Après des opérations en ambulatoire, il y a parfois des complications qui, sans soins et surveillance adéquats, nécessitent une réhospitalisation. Bref, il est temps que l’on arrête de parler de coordination des soins et de parcours de soins, il faut passer à l’acte ! » Forte de ce constat, l’URPS Infirmiers a donc proposé fin 2012 à l’Agence régionale de santé de Picardie (ARS) que les infirmières libérales puissent se rendre au domicile des patients le soir même de leur sortie et le lendemain matin afin d’assurer une surveillance et d’effectuer les premiers soins. Très intéressé par cette démarche, l’hôpital de Compiègne a été retenu comme site pilote de l’expérimentation et quelque quarante libérales ont suivi une formation dispensée par l’équipe de chirurgie ambulatoire, et notamment par des infirmières anesthésistes, afin de mieux appréhender les spécificités de cette chirurgie et de maîtriser la prise en charge de la douleur.
Annie, qui vient d’être opérée d’un hallux valgus, a bénéficié de ce nouveau dispositif et « trouve ça formidable ». Pour éviter les douleurs post-opératoires, elle est équipée d’un cathéter périnerveux. « La dernière fois, j’étais restée trois jours à l’hôpital. Cette fois, je suis entrée au bloc vers 12 heures et, à 19 heures, j’étais chez moi », explique la patiente. Pour Isabelle Brillet, libérale à Margny-lès-Compiègne, qui a pris en charge cette patiente, « Isipad permet d’inclure des interventions qui ne pouvaient jusqu’alors être pratiquées que dans le cadre d’une hospitalisation de plusieurs jours. Assurance maladie et patients, tout le monde est gagnant ».
Sur les 38 actes réalisables en ambulatoire, une quinzaine ont été retenus pour cette expérimentation. « L’objectif de ce projet, conduit en partenariat avec l’Assurance maladie, et qui s’inscrit dans le cadre du programme d’actions régionales du développement de la chirurgie ambulatoire, est d’améliorer la qualité et la sécurité des soins et de renforcer la coordination des soins entre la ville et l’hôpital », précise Rezak Idris, co-chef de projet du programme à l’ARS Picardie. Isipad permet en outre d’inclure des patients qui, du fait de leur fragilité physique ou psychologique ou de leur isolement, n’auraient pas pu bénéficier de ce type de chirurgie.
Concrètement, le jour de la consultation pré-opératoire, le chirurgien prescrit les deux visites infirmières qui comprennent une astreinte de nuit. En cas de complication, l’infirmière peut contacter l’unité de chirurgie ambulatoire. Ce dispositif unique en France sera évalué en fin d’année. S’il est pertinent, il pourrait être étendu à d’autres interventions et à d’autres établissements de la région, et pourquoi pas à l’ensemble du territoire.
Une difficulté subsiste cependant : le paiement des actes infirmiers. La Nomenclature générale des actes professionnels ne prévoit pas de cotation pour ce type d’intervention. Des discussions sont en cours pour trouver une solution. À suivre…