L'infirmière Libérale Magazine n° 293 du 01/06/2013

 

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INNOVATION > Une première médicale réalisée à Lyon permet à un patient opéré d’une colectomie de rentrer chez lui douze heures plus tard. Sous le suivi attentif de son Idel.

La moyenne du séjour pour une colectomie est de deux à trois jours à la clinique lyonnaise de la Sauvegarde, quand le patient est volontaire pour suivre le protocole de récupération rapide après chirurgie, dit Rrac », annonce Isabelle Lecointre, cadre infirmier.

Méthode

Le 21 février, l’équipe soignante de chirurgie digestive, mobilisée autour du chirurgien Benoît Gignoux, a pourtant établi une première en permettant un retour au domicile en douze heures! Quid de la méthode ? Le patient détient toutes les clés concernant son séjour et son régime alimentaire grâce à un entretien spécifique avec une infirmière Rrac et une diététicienne. « Le côlon n’est pas vidé, précise Stéphanie Raye, cadre du service digestif. Il y a un jeun préalable de 6 heures et le malade absorbe 400 ml d’une boisson sucrée sans pulpe, trois heures avant l’intervention, afin de réduire les pertes énergétiques. » Des produits anesthésiants de moindre durée de vie sont utilisés. La douleur est traitée en systématique et les effets de l’hypothermie sont limités. En post-opératoire, aucun drainage n’est posé. Trois heures après l’intervention, le patient est invité à se lever et à s’asseoir. Dès le soir, boisson et alimentation sont reprises.

Au domicile, l’infirmière Rrac de la clinique téléphone au patient, chaque matin, jusqu’au 5e jour après opération. Une visite par une Idel a également lieu jusqu’au 10e jour après l’intervention. « J’avais notamment à surveiller la température, la tension, la reprise des gaz, des selles et de l’alimentation », témoigne Audrey Vayer, l’Idel qui s’est occupée de l’opéré du 21 février (à sa demande). « Comme il était en forme, je n’ai pas eu à déployer de compétence particulière. Au moindre problème, je pouvais joindre l’infirmière coordinatrice de Médicile, un prestataire d’assistance médicale. Ainsi, je me sentais épaulée. » Médicile l’a effectivement régulièrement contactée ainsi que l’opéré, afin de transmettre un mail quotidien de suivi au chirurgien de la clinique. « Par ailleurs, observe Audrey Vayer, le patient remplissait un journal de bord quotidien, où il notait ce qu’il avait bu, mangé, s’il s’était assis ou levé, etc. On ne pourrait pas faire ça avec n’importe qui. »

Patient volontaire

« Au premier entretien, le chirurgien juge si le patient peut ou non intégrer le protocole Rrac, précise Stéphanie Raye. Il doit être volontaire, mentalement apte et ne pas vivre seul. » Et de conclure : « Ces retours à domicile précoces, assortis de temps de coordination infirmiers, sont la voie de l’avenir. La clinique a déposé un dossier auprès de l’ARS de Rhône-Alpes, dans l’espoir que de futurs changements tarifaires encouragent ces pratiques. ».