L'infirmière Libérale Magazine n° 293 du 01/06/2013

 

SANTÉ PUBLIQUE

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MÉDIATION ANIMALE →  En Saône-et-Loire, une aide-soignante et un labrador interviennent à domicile ou en maison de retraite.

Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Roger-Lagrange, à Chalon-sur-Saône. Grignette, jeune labrador, doit retrouver une balle en peluche qu’une personne âgée vient de cacher dans un cube de couleurs. Elle se laisse aussi gentiment peigner et caresser à hauteur des fauteuils roulants. « Grignette, c’est ma collègue, lance dans un lumineux sourire Annie Tavernier, aidesoignante. Elle n’est pas un simple chien visiteur : c’est un chien qui soigne. »

En Ehpad et à domicile

Si certains services hospitaliers utilisent depuis des décennies l’animal en médiation thérapeutique, la Mutualité française Saône-et-Loire* innove en proposant cette prestation, aussi bien en Ehpad (110 euros pour deux heures) qu’à domicile (20,60 euros par heure). Marie-Anne Bully-Marilier, la directrice du pôle services à la personne, explique que « ce projet est né sous l’impulsion de l’infirmière coordinatrice du Ssiad, Karine Martin Da Silva (dernièrement décédée). Nous avons obtenu 16 500 euros d’aide au démarrage, après avoir remporté un appel à projets financé par le Conseil général et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, visant à créer des services d’intérêt spécifique auprès des malades d’Alzheimer ». Pour créer ce duo “homme-chien”, Annie Tavernier, aide-soignante au Ssiad, présentait un profil idéal : propriétaire de Djiki (un terrier de 7 ans), elle a auparavant travaillé au sein de plusieurs institutions médicales suisses qui admettaient des animaux. « Il fallait quelqu’un d’autonome, capable de s’investir à 100 %, reconnaît la directrice. Le chien reste notre propriété, mais elle le garde chez elle, 365 jours par an. » Annie et Grignette ont aussi suivi 25 leçons auprès de Corinne Gaillard, éducatrice canine et comportementaliste.

À force d’exercices quotidiens et de complicité, Grignette est aujourd’hui devenue un chien de travail docile, joueur, sociable, qui aime saisir les objets. En Ehpad, elle intervient durant deux séances de trois quarts d’heure, auprès de deux groupes successifs de malades d’Alzheimer. « À sa vue, son toucher, certains patients reviennent à l’état présent, participent à une action. Souvent, les souvenirs remontent: ils me parlent de leurs anciens animaux », constate Annie. Lancer une balle, cacher une croquette dans un jeu développe leur dextérité, mobilise leur mémoire.

« Ce sont souvent les infirmières ou les animatrices qui parviennent à convaincre les directeurs d’Ehpad de faire appel à nous, conclut Marie-Anne Bully-Marilier. Mais la demande reste insuffisante pour rembourser nos frais (soit 31 000 euros en 2012). C’est pourquoi nous envisageons d’élargir l’offre à des personnes handicapées et à des enfants, tant en institution qu’à domicile. »

* En savoir plus sur www.mutualite-71.fr.