L'infirmière Libérale Magazine n° 293 du 01/06/2013

 

SANTÉ PUBLIQUE

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PRÉVENTION > Reculer l’âge de départ en retraite ou mieux repérer les personnes âgées présentant un risque de dépendance… Des pistes lancées par des experts de l’avancée en âge.

Plutôt que prendre en charge la dépendance, ne faudrait-il pas en en premier lieu éviter que les personnes âgées ne s’y retrouvent ? C’est la position défendue par le Dr Aquino lors des 19es Rencontres parlementaires de la longévité, qui se sont tenues le 22 mai dernier, à Paris. « Bon nombre de situations de perte d’autonomie sont évitables, insiste Jean-Pierre Aquino, président du comité “Avancée en âge” et auteur d’un rapport sur ce sujet(1). Parmi les personnes âgées de 65 ans et plus, certaines sont autonomes au quotidien mais susceptibles de basculer dans la dépendance en cas de stress, de chute… Ces patients fragiles doivent être repérés en amont, au domicile, puis accompagnés, comme en hôpital de jour. » Exemples de profils concernés : des personnes en GIR 4, 5 ou 6, des patients polypathologiques, ou qui ne sont plus allés voir leur médecin traitant depuis un certain temps… Ce repérage anticipé, c’est une tâche à laquelle s’attelle le Pr Bruno Vellas, qui dirige le Gérontopôle de Toulouse (31). Ce médecin expérimente depuis plusieurs années un travail d’identification des personnes âgées à risque, en partenariat avec les médecins traitants et les intervenants au domicile – dont les infirmières libérales. L’outil de dépistage qu’il a développé s’avère pertinent : 97 % des patients adressés par les généralistes à son hôpital de jour se révèlent “pré-fragiles” ou fragiles. La ministre déléguée en charge des Personnes âgées et de l’Autonomie a d’ailleurs chargé Bruno Vellas de définir un schéma de repérage et d’accompagnement de ces personnes.

L’activité contre Alzheimer

Prévenir la dépendance, cela passe aussi par… une vie professionnelle plus longue. « Plusieurs études que nous avons menées soulignent les effets délétères de la retraite sur les capacités cognitives. Ainsi, un an d’activité professionnelle supplémentaire réduit l’incidence de la maladie d’Alzheimer », assure le Pr Françoise Forette, directrice de l’International Longevity Center. Auteur du livre Vivre et travailler plus longtemps, La retraite à quel âge ?(2), Jean-Olivier Hairault plaide dans le même sens, mais, cette fois, pour des raisons socio-économiques: « 20 % des François choisissent de travailler au-delà de l’âge légal. Augmenter le taux d’emploi des 55-65 ans permettrait d’engranger des cotisations et de limiter le poids financier des préretraites et des allocations chômage. » Pour lui, pas de doute: il faut repousser l’âge légal de départ à la retraite et supprimer les préretraites. Certes, des aménagements seraient nécessaires pour les professions pénibles. Et il resterait à modifier profondément les conditions de travail en France pour réduire la souffrance au travail, qui en décourage plus d’un de prolonger sa carrière. Un chantier immense…

(1) Rapport “Anticiper pour une autonomie préservée : un défi de société” remis au gouvernement le 15 mars 2013.

(2) Éditions Descartes et Cie, 2012.