L'infirmière Libérale Magazine n° 294 du 01/07/2013

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

ENFANCE → Face à la pénurie de médecins, la commission Berland préconise de développer l’offre de soins des infirmières spécialisées libérales.

C’est la satisfaction chez les puéricultrices. Dans le rapport de la commission Berland, elles n’ont pas été oubliées, loin de là. Sébastien Colson, le président de l’Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiantes (ANPDE), a fait rapidement les comptes : elles sont citées pas moins de 37 fois. On y lit un appel clair à renforcer le rôle des puéricultrices. À l’hôpital, certes, mais aussi en ville.

Ces travaux répondent à la demande de la Direction générale de l’offre de soins. À la fin de l’année 2011, la DGOS a confié une mission à l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS). Il a été chargé de proposer des pistes pour améliorer le système actuel de prise en charge de la santé de l’enfant, en particulier face à la pénurie de médecins. Une commission, composée notamment de représentants des médecins généralistes, des pédiatres ou encore des puéricultrices, s’est mise à la tâche, sous la houlette du Pr Yvon Berland, président de l’ONDPS. Elle s’est réunie à huit reprises avant de rendre ses conclusions à la fin du mois de mai dernier.

Déléguer davantage

Dans son rapport, la commission Berland appelle à un plan de santé publique dédié spécifiquement à l’enfance. Elle dit déplorer « que la santé de l’enfant et de l’adolescent ne fasse pas l’objet d’une politique de santé distincte et lisible ». Elle propose de revoir le calendrier des examens obligatoires et de redéfinir les missions des différents professionnels de santé intervenant auprès de l’enfant (pédiatres, généralistes, médecins et infirmiers scolaires, sages-femmes, puéricultrices). Elle préconise à ce sujet de déléguer davantage de tâches aux puéricultrices, comme la réalisation des vaccins et deuxièmes injections des 12e et 16e mois. La présence des infirmières spécialisées pourrait également être renforcée pendant les séances de préparation à la naissance et à la parentalité. Pour éviter que les parents ne viennent encombrer les urgences hospitalières, le rapport soumet aussi l’idée de développer « une offre de soins de puéricultrices libérales » ou encore d’adjoindre des puéricultrices à des maisons médicales de garde ou de santé.

Des suites attendues

« C’est un premier pas vers la reconnaissance et la valorisation de la profession de puéricultrice », estime Sébastien Colson qui a siégé à la commission Berland. Ce dernier interroge, cependant : « Que va-t-on faire maintenant de ce rapport ? » En somme, à quand le nouveau diplôme d’État de puéricultrice reconnu au grade master ? Et à quand un changement de nomenclature pour une cotation des actes de puériculture dans les services de Protection maternelle infantile (PMI) ou en libéral ?

Aujourd’hui, les puéricultrices libérales auraient de la peine à palier le manque d’offre médicale en ville étant donné leur faible nombre : elles étaient 700 en 2012, 641 en 2011. Si les puéricultrices obtenaient enfin une cotation spécifique pour leurs actes auprès des enfants, leur nombre pourrait rapidement augmenter. « Mais on devra être vigilant à ce qu’il n’y ait pas une fuite des puéricultrices de tous les secteurs d’activité pour monter un cabinet libéral », prévient Sébastien Colson.