Chaleur humaine estivale

Madame Marinov s’est mise sur son 31. Cet après-midi d’août, comme chaque semaine depuis le début du mois de juillet, elle reçoit la visite de Jessica. Entre l’ancienne professeur de mathématiques de 88 ans résidant à Houilles (Yvelines) et l’étudiante en communication de 21 ans, une complicité s’est installée. « Elle me téléphone, prend des nouvelles. Il y a une vraie chaleur humaine », apprécie Madame Marinov.

Yvelines étudiants seniors

Durant une heure, les deux femmes font fi des 67 ans qui les séparent et parlent de tout et de rien. De ses tenues élégantes, du roman qu’elle vient de lire sur l’attentat perpétré contre Napoléon. De son époux, atteint de la maladie d’Alzheimer et placé en maison de retraite. De son fils, parti passer l’été en Bretagne, et de ses petits-enfants, qui vivent au Brésil. C’est pour lutter contre cet isolement, accentué pendant la période estivale, qu’elle s’est inscrite au dispositif “Yvelines étudiants seniors”.

Mis en place après la canicule de 2003 par le Conseil général des Yvelines, il fête son dixième anniversaire. En 2012, 1 809 personnes âgées du département en ont bénéficié. Repérées par la coordination gérontologique, par les CCAS (Centres communaux d’action sociale) ou par les professionnels de santé libéraux, « il s’agit de personnes qui ne peuvent pas sortir parce qu’elles marchent difficilement, et qui souffrent de solitude car la famille et les voisins sont en vacances, explique Sophie Lartigue, responsable de la coordination gérontologique du Grand Versailles. On s’assure que les personnes sont vraiment isolées. On ne doit pas prendre la place des enfants », précise-t-elle. Les étudiants (cursus paramédical, médical, médico-social, mais pas seulement), payés au Smic, prennent en charge 17 à 20 personnes, qu’ils visitent au moins une fois par semaine, deux fois pour les plus isolées. Au programme : promenade autour du pâté de maisons, petites courses, parties de dominos, conversation, etc. « Les étudiants se donnent un mal fou, ils ont plein de bonnes initiatives, tout en respectant les souhaits des personnes âgées », commente Sophie Lartigue.

Plus qu’un job d’été, c’est une responsabilité. Deux fois par semaine, les étudiants, qui ont suivi une courte formation avec des professionnels, font le point avec les responsables des coordinations gérontologiques sur les situations des personnes suivies et les éventuelles difficultés rencontrées. Au cours des épisodes de fortes chaleurs, les étudiants se sont changés en anges gardiens. « On appelait le matin pour conseiller les personnes âgées de s’hydrater et de s’aérer », détaille Jessica. « Le bilan est extrêmement positif sur le plan professionnel, humain et éthique, affirme Sophie Lartigue. Les personnes âgées sont ravies, même celles qui étaient réticentes au départ ! »