L'infirmière Libérale Magazine n° 295 du 01/09/2013

 

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STRATÉGIE → Le rapport Cordier divulgué cet été prône le travail en équipe, et égratigne au passage l’exercice libéral…

La question commençait à devenir pressante. À quand la remise officielle du rapport Cordier ? Chargé de tracer les grands axes de la stratégie nationale de santé, le comité des sages(1), présidé par Alain Cordier, inspecteur général des finances, devait initialement rendre sa copie à la fin mai. Le texte de 147 pages, daté de juin, a finalement été divulgué par la presse à la mi-juillet. Il contient 19 recommandations au total. Mais sa remise officielle est prévue pour septembre, confirme le ministère des Affaires sociales et de la Santé.

Meilleure communication

Le comité appelle en préambule à « une organisation des soins résolument plus collaborative ». Il insiste sur la nécessité d’améliorer la fluidité des parcours de soins et, obligatoirement, la communication entre les professionnels de santé. “Favoriser la constitution d’équipes de soins de santé primaires” compte parmi les actions prioritaires à réaliser selon les sages. Ce qui passe, entre autres, par la mise en place d’ici fin 2013 d’une grille d’auto-évaluation des structures de soins de santé primaires (maisons, pôles et centre de santé) et une « simplification administrative de l’exercice libéral » afin « d’augmenter le temps consacré aux soins et à l’accompagnement ». Côté tarification, le comité souhaite pérenniser le dispositif des nouveaux modes de rémunération en ambulatoire, à savoir les dotations forfaitaires.

Partage de données

Dans un communiqué, la Fédération nationale des infirmiers (FNI) déplore « l’évidente méconnaissance de l’exercice libéral que traduit l’essentiel des mesures préconisées ». La FNI n’approuve au final que 5 des 19 recommandations(2) des sages. « En misant exclusivement sur les nouveaux modes de rémunération et l’organisation en centres de santé, ce rapport écarte purement et simplement l’exercice libéral dans l’avenir du système de santé », martèle la FNI. « Le modèle de l’exercice libéral en solitaire est de moins en moins adapté à une prise en charge des patients atteints de maladie chronique », écrivent en tout cas les sages. « Personne ne peut s’opposer au fait qu’il faille renforcer les coopérations interprofessionnelles », rétorque Philippe Tisserand, le président de la FNI. Seulement, la solution ne passe pas forcément par un regroupement dans un même lieu des professionnels. Selon lui, la collaboration repose essentiellement sur le partage des données grâce au dossier médical et aux messageries sécurisées. Pour garantir d’ailleurs une meilleure coordination ville-hôpital, le comité rappelle l’importance du courrier de fin d’hospitalisation à remettre au patient à sa sortie et au médecin traitant. « La réalité est que la proportion de courriers contenant les informations requises, envoyés dans un délai inférieur ou égal à 8 jours, est de 54 % en médecine, et de 41 % en chirurgie ou en obstétrique », déplorent les sages.

Reconnaissance du métier d’infirmier clinicien

Parmi leurs autres décisions à prendre en priorité selon le rapport, citons enfin la reconnaissance du métier d’infirmier clinicien doté de compétences élargies (évaluation des risques, prévention, éducation thérapeutique…). Une autre question se pose maintenant : quelles suites donnera-t-on aux travaux des sages ?

(1) Un groupe composé de six spécialistes, créé par Jean-Marc Ayrault en février 2013.

(2) Les cinq mesures approuvées par le FNI : promouvoir la santé de chacun et de tous ; impliquer et accompagner la personne malade, soutenir l’entourage ; créer une instance représentative des associations des usagers du système de santé ; aider à la transmission d’informations entre professionnels de santé ; développer la télémédecine à bon escient.