PRÉVENTION
Actualité
BUCCO-DENTAIRE → À la rentrée, le service municipal de santé scolaire de Grenoble entame une nouvelle année de dépistage du syndrome du biberon. Un programme auquel les Idels pourraient s’associer, pour mieux repérer ces caries précoces aux lourdes conséquences.
Vous diriez que les premières caries apparaissent à quel âge : 6, 7 ans ? Elles peuvent en fait se développer bien plus tôt, dès 18 mois parfois. Les caries précoces ne sont pas rares du tout. Durant l’année scolaire 2012/2013, le service municipal de santé scolaire de la ville de Grenoble (38) a examiné la bouche de 1 633 enfants âgés de 5 ans en moyenne : 120 d’entre eux présentaient déjà de multiples caries. Majoritairement des enfants touchés par ce que l’on appelle le “syndrome du biberon”. Dès la fin de ce mois de septembre, le chirurgien-dentiste et l’assistante dentaire de la ville retournent dans les écoles pour repérer au plus tôt ces polycaries chez les tout-petits. Le dépistage a lieu en grande section. Les caries seront ensuite à nouveau traquées en CM2. Dans les quartiers défavorisés, des visites supplémentaires sont programmées en CP, CE1 et CM1.
Une habitude relativement courante est en fait très nocive pour les dents des jeunes enfants : le biberon de lait donné le soir avant de s’endormir ou le biberon de jus d’orange ou d’eau sucrée laissé en permanence à la portée de l’enfant. Quand les dents sont exposées de manière fréquente et prolongée à ces glucides dits fermentescibles, le risque de carie est en effet nettement augmenté. A fortiori la nuit, puisque la production de salive qui protège contre les lésions carieuses baisse pendant le sommeil. Les caries peuvent alors se multiplier très vite, surtout si le brossage des dents avec un dentifrice fluoré adapté à l’âge de l’enfant n’est pas régulier. Or un petit qui a perdu trop tôt ses dents de lait ou qui a des dents temporaires très abîmées va mal s’alimenter faute de pouvoir mastiquer et déglutir normalement. Il va aussi mal dormir en raison de la douleur. Il aura des difficultés pour parler. Les moqueries des copains risquent en outre d’entamer sa confiance en lui. « La racine de la dent de lait malade peut infecter la dent définitive avant qu’elle ne sorte », ajoute enfin Christiane Brun (notre photo), assistante dentaire à la Ville de Grenoble.
Le syndrome du biberon reste assez méconnu des professionnels de santé. C’est pourquoi le service municipal de santé scolaire de Grenoble a dispensé des formations sur le sujet aux personnels de crèche, généralistes, pédiatres, infirmières scolaires ou de PMI, etc. Christiane Brun aimerait aussi voir les Idels formées. Elles qui pénètrent dans les foyers peuvent être alertées par des tâches jaunes à marron sur les incisives supérieures des enfants ou de mauvaises habitudes alimentaires. De sorte qu’un syndrome du biberon ne passe pas longtemps inaperçu.
Au-delà de 5 caries, les jeunes patients doivent subir une intervention chirurgicale sous anesthésie générale. « On essaie au maximum de conserver la dent mais, lorsque celle-ci est trop délabrée ou infectée, on est obligé d’extraire », renseigne le Dr Bernard Borowsky, chirurgien-dentiste grenoblois qui soigne chaque année sous anesthésie générale environ 250 enfants. Comme quoi, des caries, même sur des dents de lait appelées à tomber, sont à prendre au sérieux.
→ Ne pas donner de biberon de lait, de jus de fruit ou d’eau sucrée à l’enfant pour s’endormir.
→ Le nombre de repas (équilibrés !) doit être de 4 par jour dès 6-8 mois sans grignotage dans la journée.
→ Commencer le brossage dès que les premières dents sortent. Au tout début, on peut utiliser une compresse humide enveloppée sur le doigt pour nettoyer la ou les dents ainsi que les gencives. Ou alors une petite brosse pour bébé sur laquelle on a déposé une trace de dentifrice fluoré adapté à l’âge de l’enfant.
→ Le brossage sera régulier (matin et soir) dès l’apparition des premières molaires, toujours avec un dentifrice fluoré adapté à l’âge de l’enfant et avec l’aide d’un parent.