Cahier de formation
Savoir faire
Monsieur B., visiblement désemparé, vous apprend que son médecin envisage de le mettre sous oxygénothérapie. Mais il ne veut pas en entendre parler, par crainte du regard des autres.
À ce stade de la maladie, le dialogue avec l’infirmière est très important pour dédramatiser l’oxygénothérapie : il faut savoir se montrer à l’écoute de ce patient, répondre à ses interrogations et ses angoisses, lui réexpliquer le principe de l’oxygénothérapie, mais surtout ses bénéfices et les précautions à connaître. Il peut être utile de lui donner les coordonnées de prestataires d’oxygène et d’associations de maintien à domicile (voir Savoir plus), qui mettent à disposition sur leur site Internet des témoignages de patients sous oxygénothérapie.
→ L’oxygénothérapie de longue durée consiste à administrer quotidiennement, durant au moins 15 heures, de l’oxygène sur une durée d’au moins 3 mois afin de maintenir une Pa O2 supérieure ou égale à 60 mm Hg et/ou une saturation en O2 supérieure ou égale à 90 % pour apporter assez d’oxygène aux différents organes.
→ Le débit d’oxygène et la durée quotidienne sont déterminés par le prescripteur en fonction des résultats des gaz du sang. La surveillance des gaz du sang s’effectue tous les 6 mois si l’état du patient est stable sous oxygénothérapie et 1 fois par mois en cas d’instabilité.
L’oxygénothérapie permet d’améliorer la dyspnée et de faciliter la reprise de l’activité physique. Elle réduit les risques d’aggravation cardiaque et prolonge l’espérance de vie. Si les conditions d’utilisation sont bien respectées, l’oxygénothérapie est bien tolérée et, hormis un risque d’assèchement des muqueuses nasales, les effets indésirables sont rares.
LES DIFFÉRENTES SOURCES
À domicile, l’oxygène est le plus fréquemment apporté par des lunettes nasales, raccordées à la source d’oxygène. Il existe trois sources d’oxygène : l’oxygène gazeux et l’oxygène liquide, qui sur le plan réglementaire, sont considérés en France comme un médicament, et le concentrateur (ou extracteur) d’oxygène, qui est un dispositif médical produisant un air enrichi en oxygène à partir de l’air ambiant.
→ L’oxygène gazeux est contenu dans des bouteilles métalliques blanches (code couleur de l’oxygène médical en France), de volume variable (3, 1 ou 0,4 m3). Les bouteilles de 1 et 0,4 m3 ont un poids respectif de 9 kg et 3,3 kg. Elles peuvent se transporter sur un caddie ou dans un sac à dos spécifique et permettre la déambulation.
→ À l’intérieur des bouteilles, l’oxygène est comprimé (sous une pression de 200 bars). Un manodétenteur permet de “détendre” le gaz, c’est-à-dire d’abaisser la pression de l’oxygène pour atteindre une pression de 3 bars, tolérable par l’organisme.
→ L’oxygène liquide est contenu à une température de - 83 °C dans une cuve fixe de 20 à 44 litres (40 à 75 kg), installée au domicile du patient et permettant de stocker dans un faible volume une grande quantité d’oxygène, puisque 1 litre d’oxygène liquide dégage 850 litres d’oxygène gazeux. Le réservoir fixe est régulièrement rempli par les distributeurs agréés.
→ En plus de ce réservoir fixe, le patient dispose d’un système portable d’un volume de 0,5 à 1,2 litre (2,2 à 4,5 kg) permettant la déambulation. Il est rempli par le patient lui-même à partir de la source fixe en quelques minutes.
→ Un appareil de la taille d’un petit meuble placé sur roulettes et fonctionnant à l’électricité absorbe l’air ambiant, le débarrasse de ses impuretés par filtration, puis le comprime avant de séparer l’oxygène de l’azote afin de produire un air enrichi en oxygène (teneur en oxygène de l’ordre de 90 à 95 %). Il ne s’agit donc pas d’oxygène médical à proprement parler, mais l’efficacité de cet air enrichi en oxygène est comparable à celle des autres sources d’oxygène.
→ Le concentrateur doit être placé dans une pièce bien aérée, puisqu’il utilise l’air ambiant. Éviter de le placer dans la salle de bain et ne pas l’enfermer dans un placard ou une armoire. Laisser un espace d’au moins 10 cm entre un mur ou un rideau et le dispositif, de façon à laisser les entrées et sorties d’air dégagées. Il peut être aussi conseillé de le placer en dehors de la chambre, car il présente l’inconvénient d’être bruyant. Il se déplace facilement à l’intérieur de l’habitat puisqu’il est monté sur roulettes, mais il ne permet pas la déambulation à l’extérieur.
→ Il est conseillé de mettre le concentrateur en marche quelques minutes avant l’administration de façon à obtenir une bonne concentration d’oxygène.
→ Cet appareil fonctionnant à l’électricité, il faut prévoir une bouteille d’oxygène gazeux de secours (et le manodétenteur) pour pallier une éventuelle panne de courant. Mais ce dispositif présente l’intérêt de ne pas exposer aux dangers liés au stockage au transport de l’oxygène.
→ Il existe des concentrateurs portables ou transportables (de 2 à 4 kg), fonctionnant grâce à des batteries, permettant les déplacements.
→ L’Idel est un des professionnels de santé les mieux placés pour vérifier l’observance du traitement. Ainsi, elle peut être amenée à rappeler au patient que, comme pour tout médicament, l’oxygénothérapie doit être administrée conformément à la prescription et le traitement bien observé quotidiennement. La durée et le débit d’oxygénothérapie prescrits doivent être respectés.
→ Par ailleurs, il peut être utile de rappeler aux patients d’éviter d’inspirer par la bouche, puisque les lunettes font arriver l’oxygène par le nez.
L’oxygène est un comburant. Pour éviter les risques d’incendie et d’explosion, il convient de rappeler au patient et à son entourage :
→ de ne pas fumer près de la source d’oxygène ;
→ de ne pas placer la source d’oxygène près d’une source de chaleur (respecter une distance d’au moins 2 ? mètres), d’étincelles ni d’un feu ;
→ d’éviter les chocs et les chutes des bouteilles d’oxygène (arrimer les bouteilles) ;
→ de ne pas utiliser un concentrateur comme table de chevet et ne rien poser dessus ;
→ de ne pas ouvrir le concentrateur ;
→ de ne pas tenter de réparer soi-même un matériel défectueux ;
→ de ne pas lubrifier le matériel et de ne pas utiliser de corps gras sur le visage ou la peau des patients. En cas d’irritation ou de sécheresse nasale, utiliser des pâtes à l’eau ou des gels à base d’eau pour hydrater, mais pas de produit gras (pas de vaseline, ni d’huile goménolée) afin d’éviter les brûlures. De même, afin de limiter le risque de combustion, les patients doivent éviter le port de vêtements synthétiques ;
→ d’aérer l’habitation deux fois par jour pendant 10 minutes ;
→ de ne pas utiliser de bombe de laque ou de désodorisant car leur gaz propulseur est un excellent carburant.
L’oxygène liquide est très froid : le contact accidentel sur la peau ou par projection dans les yeux expose au risque de gelures et nécessite de prendre contact avec un médecin. De même, il ne faut pas toucher les connexions métalliques en raison d’un risque de brûlures.
Puis-je modifier moi-même le débit d’oxygène prescrit ?
Non, certainement pas ! Seul le médecin peut le modifier. Si vous prenez l’oxygène à un débit inférieur à celui qui vous est prescrit, le traitement sera moins efficace, et la quantité d’oxygène dans votre sang va diminuer. C’est aussi le cas, si vous ne respectez pas la durée journalière d’oxygénothérapie prescrite. À l’inverse, augmenter le débit expose à des risques (augmentation du taux de gaz carbonique dans le sang, pouvant induire un coma).