Droit au chat pitre

Mâtin, quelle rentrée ! L’épais portefeuille de votre ministre cumule tout de même la santé et le social, là où d’autres avant elle mariaient, non sans plaisir, sport et santé. C’est pourtant autre chose de visiter des vestiaires que de potasser une réforme des retraites… Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a du pain sur la planche, notre Marisol. Espérons déjà que le fait de l’avoir entretenue pendant une heure sur la seule profession infirmière vous fera remonter au rang de ses préoccupations*. Son estime, vous l’avez déjà : elle vous considère comme « un pilier de notre système de santé ». Si, si, elle a vraiment dit « les infirmiers », et pas seulement « les médecins ». On a donc cru pendant quelques jours qu’un changement était possible. Avant de l’entendre une nouvelle fois, lors de la présentation de sa Stratégie nationale de santé [lire actualité page 14], articuler les soins ambulatoires autour du seul et unique médecin traitant… Un jour, peut-être, vous aussi serez jugées dignes de toucher une rémunération de coordination, chasse gardée des médecins, ou un forfait de suivi des patients, comme vos amis les pharmaciens ?

Las, si vous vous attendiez, a minima, à un engagement ferme en direction de l’augmentation de vos actes, de vos indemnités de déplacement ou de l’évolution de la NGAP pour mieux prendre en compte les réalités du terrain, vous allez être déçues. Vous vous demanderez aussi comment faire entendre votre voix, lorsque votre Ordre est à ce point désavoué par les hautes sphères du pouvoir. Désorganisée, la profession ? Cela fait plusieurs fois qu’on en fait le douloureux constat dans ces pages. Bâillonnée ou bien discrète de nature, on ne sait plus trop. Pourtant, la ville est à vous. Cessez de faire le gros dos comme un chat d’appartement lorsque certains choix – ou l’absence de choix – vous déplaisent, exprimez-vous, rugissez comme des fauves. La ville est votre territoire, marquez-le ! Aux prémices d’une grande réforme du système de santé, on ne vous encouragera jamais assez à défendre vos positions, toutes griffes et dents dehors. Mais, avant la bataille, formez-vous et informez-vous. C’est comme ça qu’on gagne des guerres.