PATIENT/IDEL
L’exercice au quotidien
Hollandaise d’origine, Jacoba Van Os s’est s’installée en France il y a 17 ans. C’est dans la Drôme, à Livron-sur-Saône, que cette infirmière a découvert l’exercice en libéral. Une pratique qui lui a fait prendre conscience de l’importance de la communication avec le patient.
« Je suis arrivée en France en 1996 et j’y travaille en tant qu’infirmière libérale depuis 14 ans. Auparavant, j’habitais au nord des Pays-Bas où j’étais infirmière cadre dans une clinique universitaire pour enfants. À 40 ans, j’ai voulu changer de cadre de travail, car les prises en charge autour des enfants – comme la chimiothérapie ou les transplantations d’organes – commençaient à m’impacter ; or, quand on est cadre, il faut savoir gérer son équipe sans avoir de doutes. Parallèlement, j’ai rencontré mon mari, un Canadien, qui ne souhaitait pas vivre aux Pays-Bas, et comme je ne voulais pas aller vivre au Canada, le compromis a donc été la France, pays qui m’a offert une opportunité de travail : le libéral. J’aime le libéral pour le contact avec les patients et parce que nous pouvons être importants pour eux. J’estime que la valorisation des soins passe par l’attitude que nous adoptons avec le patient. À l’hôpital, c’est la technique qui est privilégiée, et les patients se laissent faire. Alors qu’en libéral, la technique n’est pas le plus important : c’est la communication avec les patients qui est fondamentale, car nous entrons dans leur intimité. Si notre attitude ne leur plaît pas, ils peuvent changer d’infirmière. Nous leur offrons un service, mais s’ils ne sont pas là, nous n’avons pas de revenus. Aux Pays-Bas, l’exercice libéral n’existe pas sous la même forme : il s’apparente davantage à l’hospitalisation à domicile ou aux services de soins infirmiers à domicile. Les infirmiers, salariés, sont très restreints en termes de temps. Les patients s’en plaignent, notamment parce qu’ils vont être pris en charge par un grand nombre d’infirmières différentes. Alors qu’en France, en libéral, les patients connaissent bien leur infirmière, des liens se créent et une continuité des soins s’installe. Il faut apprendre à faire face aux patients en termes de communication. C’est dommage que cela ne soit pas davantage enseigné à l’école, car ce n’est pas évident d’être attentif, cela ne se résume pas aux mots. Et, d’un autre côté, les mots sont très importants pour les patients. Les professionnels soignants peuvent avoir, sans s’en rendre compte, des mots durs, alors que cela a un impact important sur les patients. »
Jane-Laure Danan, vice–présidente chargée de la formation infirmière au Cefiec
« La communication avec le patient est fondamentale. Il existe, au sein du programme d’enseignement dispensé dans les Ifsi, des unités d’enseignement avec un nombre d’heures important concernant la communication. L’enseignement de la démarche relationnelle, le fondement de la relation de confiance avec le patient, la conduite d’un entretien infirmier ou encore l’adaptation du mode de communication à la personne sont dispensés aux élèves tout au long de leur cursus. Il y a également un transfert de cet enseignement théorique sur le terrain de stage. Bien sûr, il faudra attendre que les élèves soient professionnalisés pour voir les effets de cet enseignement. »