Dermatose
Cahier de formation
LE POINT SUR
Maladie de la peau touchant près de 4 % de la population française, le psoriasis est dû à un dysfonctionnement du système immunitaire. Le 29 octobre prochain aura lieu la 10e Journée mondiale du psoriasis : l’occasion de faire le point sur une pathologie encore mal connue des Français et sur laquelle persistent nombre d’idées reçues.
→ Dermatose chronique non contagieuse, le psoriasis affecte aussi bien les hommes que les femmes et peut débuter à tout âge. Il se déclare chez des patients ayant un terrain génétique prédisposant et est secondaire à une réaction immunitaire associée à des facteurs environnementaux susceptibles, en fonction des patients, de déclencher et/ou d’aggraver les symptômes (stress+++, infections, traumatismes, etc.).
→ La réaction immunitaire se caractérise par l’activation des lymphocytes T (cellules de l’immunité) qui produisent de multiples cytokines pro-inflammatoires : TNF-alpha, interleukines et chimiokines. Ces dernières, libérées dans la peau, vont entraîner une accélération du renouvellement de l’épiderme aboutissant, pour la forme la plus courante du psoriasis (80 % des cas), à la formation de plaques érythématosquameuses (plaques rouges avec squames blanchâtres). Les lésions sont le siège de démangeaisons, voire des douleurs cutanées.
→ L’évolution de la maladie est imprévisible : poussées entrecoupées de périodes de rémission ou plaques permanentes avec apparition de nouvelles atteintes au cours du temps.
À savoir : la transmission de la pathologie à la descendance n’est pas systématique, mais il existe un facteur héréditaire. Par exemple, si l’un des parents est atteint de psoriasis, l’enfant a 15 % de risques de développer la maladie.
→ Le diagnostic du psoriasis cutané s’effectue en général par examen clinique chez un dermatologue ou chez le médecin généraliste. Le psoriasis se distingue de l’eczéma en particulier par ses plaques bien délimitées et situées sur les faces d’extension des articulations (eczéma : plaques mal délimitées, sur les faces de flexion).
→ 15 à 20 % des patients souffrant de psoriasis cutané déclarent également un rhumatisme psoriasique (les atteintes articulaires pouvant être sévères). Ce dernier peut parfois être confondu avec la polyarthrite rhumatoïde (lire notre Cahier de formation sur le sujet dans L’Infirmière libérale magazine n °293 daté de juin 2013), en particulier dans les cas où le patient n’a pas encore déclaré le psoriasis au niveau cutané. Un élément discriminatoire est l’atteinte des articulations interphalangiennes distales (articulations interphalangiennes proximales dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde).
On ne peut pas guérir le psoriasis, mais il existe aujourd’hui des traitements efficaces pour soigner les symptômes. Ils peuvent parfois induire des effets secondaires, dans la grande majorité réversibles.
L’infirmière libérale occupe un rôle de premier plan dans l’adhésion du patient au traitement.
La sévérité de la maladie fait partie des éléments nécessaires au médecin pour décider du traitement à mettre en place. Elle est évaluée en partie en fonction de la surface de peau atteinte, des localisations et du type de lésions. Mais le plus important reste d’évaluer l’impact de la maladie sur la qualité de vie du patient : la souffrance du patient n’est pas toujours proportionnelle à la surface cutanée atteinte (baisse de l’estime de soi, stigmatisation, exclusion, repli sur soi, etc.).
Ces crèmes traitantes sont à base de dérivés de vitamine D, de dérivés de vitamine A (rétinoïdes topiques), et/ou de cortisone (dermocorticoïdes). Le traitement de référence est l’association de dérivés de la vitamine D et de la valérate de bétaméthasone dans le même tube. Les dérivés de la vitamine D ou A peuvent provoquer une sécheresse cutanée.
Elle peut être utilisée selon deux modes : les UVB ou les UVA (puvathérapie : prise de psoralène + UVA). Elle doit être réalisée en cabinet de dermatologie. Elle peut entraîner une sécheresse cutanée, des démangeaisons et présente des risques de cancers de la peau à long terme.
Il en existe trois types : les rétinoïdes oraux, ralentisseur du renouvellement cellulaire des épithéliums (peuvent entraîner une sécheresse cutanée et une dyslipidémie), le méthotrexate, un antimitotique (peut provoquer des infections cutanées et une toxicité hépatique), et la ciclosporine, un immunosuppresseur anti-lymphocytes T (peut occasionner des infections cutanées et une toxicité rénale +/– hypertension).
→ Elles sont basées sur l’utilisation de produits biologiques synthétisés en laboratoire. On parle de biomédicaments. Il s’agit d’anticorps ou de protéines qui vont empêcher l’action des cytokines et, par conséquent, bloquer la formation des plaques. On distingue les anti-TNF-alpha (Enbrel, Humira, Remicade) et les anti-interleukines (Stelara). Leur tolérance globale semble bonne à très bonne en fonction des produits. Il existe un risque de tuberculose, mais il est extrêmement limité avec les tests de dépistage pratiqués avant chaque initiation. Le risque de cancer ne semble pas augmenté avec dix ans de recul.
→ Certains biomédicaments sont administrés par perfusion à l’hôpital ou à domicile. Pour d’autres, la première prescription a lieu à l’hôpital et les renouvellements s’effectuent en ville. Les injections sont réalisées par l’infirmière libérale, ou par le patient à qui l’infirmière libérale apprend le geste : injection sous-cutanée, au niveau des cuisses, des bras ou de l’abdomen, sur une peau saine (non atteinte par le psoriasis de préférence). La stricte observance du planning des injections est cruciale (il ne faut pas les décaler, car cela peut conduire à l’inefficacité ou à l’inactivation du traitement).
À noter : les cures thermales sont efficaces contre le psoriasis. Elles peuvent améliorer les symptômes et permettent l’éducation thérapeutique et l’apprentissage des bons gestes au quotidien pour sa peau. Elles permettent également de rompre l’isolement.
Plusieurs “bonnes pratiques” permettent de diminuer les symptômes et de mieux vivre avec la maladie. En priorité : hydrater matin et soir toute la surface du corps et éviter toute agression cutanée, notamment grattage et frottements. Ne pas s’isoler, poursuivre ses activités de détente et de loisir habituelles (pas de contre-indication au sport). Si souhaité, utiliser du maquillage hypoallergénique pour camoufler les plaques (base hydratante, puis base verte neutralisante, puis fond de teint).
Pour obtenir documentation, information et soutien : France Psoriasis, anciennement APLCP (www.aplcp.org, 01 42 39 02 55).