L'infirmière Libérale Magazine n° 299 du 01/01/2014

 

Éditorial

MATHIEU HAUTEMULLE  

Les motifs de contestation se multiplient comme des chalets dans un marché de Noël. Parmi les derniers secteurs à rejoindre la révolte figurent les professions libérales, et leur exaspération fait les gros titres. Sans doute parce qu’elles sont réputées bien sages habituellement, mais surtout parce qu’elles représentent une importante force de frappe, se félicitant de soigner, défendre et conseiller cinq millions de personnes chaque jour. Par l’entremise de l’Union nationale des professions libérales, elles grondent devant une fiscalité qui exploserait, ou ce qu’elles perçoivent comme une étatisation de leur caisse de retraite. En un mot, elles seraient rien de moins qu’asphyxiées - on se dit que ce terme, employé par un regroupement syndical présidé par un médecin, a été bien pesé avant d’être utilisé…Et voilà comment les libéraux en manque d’oxygène rejoignent les cohortes de “Pigeons”, de “Tondus”, de “Sacrifiés” et autres “Bonnets rouges” - sans oublier les sages-femmes, ouvriers de raffineries ou de chantiers navals en grève… L’année 2014 risque donc d’être assez sportive, et pas seulement pour raison de Coupe du monde de foot. Les discussions, chicanes et négociations (notamment, au premier trimestre, sur les soins de proximité et leur rémunération) devraient perdurer, surtout dans un contexte de campagnes électorales (municipales puis européennes). On peut ne pas aimer le conflit, mais il n’y a pas toujours lieu de le craindre : quand il sort du silence et qu’il trouve son chemin en mots, il est aussi une opportunité de changer les choses dans un sens plus acceptable, pour soi et pour la société. De défendre ses intérêts, voire d’avancer ses pions. Alors, après les confits et les confettis des fêtes, bonne année riche en conflits aux dénouements heureux…