EXPÉRIMENTATION → On oppose souvent diminution des coûts et amélioration des soins. Grâce à un programme individualisé, une association d’infirmiers libéraux prouve que les deux vont de pair.
Il existe des moyens de mieux soigner les patients tout en faisant des économies pour la collectivité. C’est ce qu’ont démontré plusieurs équipes d’infirmiers lors de la 3e Journée de l’infirmière libérale
Destiné aux patients porteurs de maladies chroniques et ne pouvant participer aux séances collectives de l’hôpital, le programme a déjà fait l’objet d’une audition par le ministère de la Santé et l’ARS. Une attention toute particulière justifiée par les chiffres de l’OMS selon lesquels les maladies chroniques constitueront la principale source d’incapacité physique, mentale et sociale à l’horizon 2020.
Pour cette expérimentation, gratuite pour les patients et non spécifiquement rémunérée, l’expression essentielle est celle de “parcours de soins coordonnés”. L’idée est de sélectionner, au fur et à mesure, les meilleurs projets dans chaque domaine, en totale concertation entre les médecins et les infirmiers de terrain, la ville et l’hôpital.
Quatre pathologies ont été retenues : le cancer, les maladies cardiovasculaires, les broncho-pneumopathies chroniques obstructives et le diabète. Les critères de participation des patients sont la non-observance, la mise en place d’un nouveau traitement, la rupture de suivi ou des indicateurs biocliniques présentant un risque. Chacun des infirmiers participant a reçu une formation officielle de quarante heures à l’ETP, et devait justifier de connaissances approfondies dans les pathologies en question.
Concrètement, lors de l’identification d’un problème éducatif en consultation médicale, le médecin adresse son patient à une Idel du programme pour une consultation infirmière. Après la présentation du suivi individuel en ETP, le patient signe un formulaire de consentement éclairé, avant d’être inclus. On lui présente la liste des Idels formées, parmi lesquelles il choisit celle qui le suivra. Tous les éléments le concernant sont alors intégrés à une plateforme informatique sécurisée, partagée par l’infirmier et le médecin. Cinq à dix séances d’éducation thérapeutique suivent, basées sur des objectifs personnalisés. Au terme du programme, un bilan éducatif final.
Les infirmiers qui y ont participé ont décrit trois cas concrets dans différentes pathologies. Les résultats sont toujours impressionnants, comme pour cet exemple de mauvaise observance d’un traitement oral du diabète qui a failli faire passer le patient au traitement injectable - un patient dont l’illettrisme n’avait pas été détecté. Grâce au programme, le patient est devenu autonome et observe sans problème la prescription de ses antidiabétiques oraux.
Pour chacun des cas présentés, une extrapolation financière a été faite. Pour le patient illettré, le coût d’une Idel passant deux fois par jour lui faire ses injections d’insuline aurait été de 6 118 euros par an. Or, si on évalue les sept séances d’ETP à 280 euros, on constate une économie directe de 5 838 euros dès la première année. On comprend que les pouvoirs publics s’intéressent de très près au programme proposé par l’Ailba.
* Vidéos de la Journée visibles sur www.ailba.fr