L'infirmière Libérale Magazine n° 300 du 01/02/2014

 

ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE

Actualité

NATHALIE DA CRUZ  

PROTOCOLE → L’ETP est désormais considérée comme un soin à part entière. Mais les programmes se développent avant tout à l’hôpital.

Trois ans et demi après le démarrage officiel de l’éducation thérapeutique du patient (ETP), comment les protocoles se déclinent-ils sur le terrain ? Quel rôle les paramédicaux jouent-ils Un point d’étape a été présenté lors des 24es Journées européennes de la Société française de cardiologie, le 16 janvier dernier (1), à Paris. Rappelons que l’ETP, qui est inscrite dans la loi HPST (2), doit être mise en œuvre pour les patients touchés par une maladie chronique, sous la forme de programmes autorisés par l’Agence régionale de santé. Et avec le vieillissement de la population, les patients chroniques constituent près de 20 % de la population…

L’engagement du patient…

Diététicienne au CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle), Thérèse Langard mène des programmes d’ETP pour des sujets obèses. Elle rappelle les fondamentaux d’un programme d’ETP : « La pierre angulaire du dispositif, c’est le diagnostic éducatif, qui doit aboutir à un contrat négocié avec le patient, et être suivi de la mise en œuvre d’apprentissages. » L’engagement du patient, condition sine qua non de la réussite…

Dès 2008, le centre de réadaptation cardiovasculaire de Ballan-Miré (Indre-et-Loire) a ouvert un service dédié à l’ETP. Kinésithérapeute dans ce service, Christine Goumy dispense des programmes aux patients sédentaires ayant subi un pontage ou auxquels on a posé un stent. L’objectif est double : remise en forme, d’une part, et prise de conscience de la pathologie, d’autre part. Avant la sortie, les activités physiques à réaliser au domicile sont planifiées. « L’ETP, c’est transmettre un savoir, et faire changer durablement le comportement du patient », résume Christine Goumy.

… et l’investissement de l’aidant

Peut-on faire de l’ETP avec des patients âgés ? Oui, répond Sabine Bernard-Charrière, infirmière au service gériatrie de l’hôpital Charles-Foix d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Avec une collègue infirmière, elle anime quatre programmes d’ETP destinés à des personnes de plus de 80 ans : patients sous anticoagulants oraux, insuffisance cardiaque, mais aussi sevrage des benzodiazépines et aide aux aidants des patients Alzheimer. « Il nous faut prendre en compte la spécificité des patients âgés. Pour cela, nous intégrons l’aidant principal dans le programme. Ce peut être le conjoint, la voisine, ou même l’aide ménagère. »

Des protocoles allégés ?

Tous ces exemples sont fort intéressants ; mais, en ville, qu’en est-il ? « Les patients qui entrent dans les programmes d’ETP ne sont recrutés que par l’hôpital ; c’est bien dommage », commente une infirmière dans l’assistance, qui officie à l’hôpital de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne). « Les médecins généralistes et les Idels sont, en principe, en mesure de faire de l’ETP… Mais, au cours d’une consultation classique, le temps leur fait défaut », admet Sabine Bernard-Charrière.

Pour Patrick Jourdain, cardiologue à l’hôpital René-Dubos de Pontoise (Val-d’Oise), « les protocoles des programmes d’ETP sont standardisés et complexes. Va-t-on concevoir des protocoles allégés pour la ville ? Ce serait une piste à creuser ». Pour l’heure, les libéraux peuvent surtout intervenir dans l’ETP au sein d’un réseau de santé. Après, reste tout le travail d’éducation thérapeutique informel que les Idels mènent au quotidien…

(1) Pour en savoir plus : www.sfcardio.fr

(2) La loi Hôpital, patients, santé et territoires a été adoptée le 21 juillet 2009. Depuis le 2 août 2010, date de publication d’un décret sur les compétences requises (revu par un décret du 31 août 2013) et d’un décret sur leur autorisation, des programmes d’ETP peuvent être mis en œuvre.