L'infirmière Libérale Magazine n° 301 du 01/03/2014

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

SANDRA MIGNOT  

« LA PMI, C’EST PAS FUTILE ! » Derrière ce slogan, quelque 800 manifestants ont défilé sur le pavé parisien fin janvier pour l’avenir des services de protection maternelle et infantile.

« L’action de la PMI, fondée sur la prévention primaire, est une action de long terme, dont il est difficile d’évaluer les résultats, explique Elisa Guises, vice-présidente de l’Association nationale des puéricultrices diplômées et des étudiantes (ANPDE) et représentante des puéricultrices au sein du collectif Assurer l’avenir de la PMI, organisateur de la mobilisation du 30 janvier(*). Et jusqu’ici on ne se sent pas vraiment soutenus par l’État. » La PMI est en effet placée sous la responsabilité des conseils généraux et pâtit d’un manque de volonté nationale pour soutenir ses missions, pourtant clairement définies dans le Code de la santé publique : consultations, bilans de santé, visites à domicile de puéricultrices et de sages-femmes, entretien psychologique, accueil parents-enfants…

Résultat : une grande hétérogénéité des services disponibles dans les départements. « Beaucoup ne répondent pas aux minima réglementaires définis par la loi, explique Bruno Percebois, médecin de PMI en Seine-Saint-Denis. Des consultations médicales sont supprimées, ou alors assurées uniquement pour une tranche d’âge très restreinte… » Des difficultés aggravées par une démographie professionnelle en berne et un statut peu attractif. « Alors qu’il y a une très grande demande de la part des familles, note Elisa Guises. Avec l’augmentation des besoins liée à l’accroissement de la prématurité, à l’affaiblissement de la transmission intergénérationnelle, et même à la crise économique, la PMI conserve pourtant son intérêt. »

Les puéricultrices ne sont pas concernées par la pénurie. En 2009, 4 000 infirmières spécialisées exerçaient en PMI (sur 11 000 agents). « Toute une partie de notre travail n’est pas valorisée, dénonce Elisa Guises. Nos consultations ne sont pas cotées, notre action est donc invisible ».

Reçues par le ministère, les organisations mobilisées sont ressorties plutôt satisfaites de l’entrevue. Une concertation sur les conditions d’exercice, l’attractivité des carrières, la formation initiale et continue, devrait être prochainement instituée. « La mise en place de protocoles de coopération de pratiques avancées a même été évoquée », précise la vice-présidente de l’ANPDE. Un autre espace de concertation sur la place de la PMI dans la politique de santé sera également ouvert. Objectif : la définition d’une politique de santé en PMI axée sur l’enfance et l’adolescence, selon Elisa Guises.

(*) www.assureravenirpmi.org