L'infirmière Libérale Magazine n° 301 du 01/03/2014

 

FORMATION

Actualité

AVELINE MARQUES  

VISIBILITÉ MENACÉE > Ils ne font pas partie des 246 mentions de diplômes retenues par le ministère de l’Enseignement supérieur.

Les masters de sciences cliniques infirmières survivront-ils à la rentrée 2015 ? Créés à la suite de la réforme LMD (licence-master-doctorat) de 2009, les deux seules formations françaises(1) sont menacées par la refonte des intitulés de diplôme lancée par la ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso. Sur les 5 800 mentions actuelles, seules 246 devraient subsister. Si la santé conserve cinq mentions - santé, économie de la santé, droit de la santé, santé publique et biologie-santé - les sciences cliniques infirmières n’ont pas réussi l’épreuve de la rationalisation. Conséquence : pour obtenir l’accréditation du ministère, les universités devront rattacher leur formation à l’une de ces 246 mentions. Les spécialités disparaîtront et seront remplacées par des « parcours types », propres à chaque établissement. Pour faire vivre les disciplines rares, ces derniers sont encouragés à se regrouper pour mutualiser leurs moyens.

Course aux budgets

Cette perte de visibilité pourrait avoir de lourdes conséquences. « Dans les universités, les petits masters vont se faire écraser par les plus gros dans la course aux budgets », avertit Pierre Chantelot, responsable du secteur formation au Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup), qui craint que « la disparition d’intitulés correspondant à des disciplines rares contribue à la diminution des flux d’étudiants vers ces formations et ainsi mette en danger l’existence même de champs d’activité scientifique ». La pétition(2) lancée en janvier par la dizaine d’étudiants de master 1 sciences cliniques en soins infirmiers de l’université de Versailles-Saint-Quentin (UVSQ) qui, à la mi-février, avait recueilli plus de 2 700 signatures, arrive trop tard : « On nous a dit qu’il n’y aurait pas de rajout », déplore Pierre Chantelot. Et ce, malgré l’avis défavorable exprimé par le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche, fin janvier.

Le ministère se veut néanmoins rassurant. « Il n’est pas question que l’on supprime les masters en sciences cliniques infirmières », assure-t-on au cabinet de la ministre. Le troisième Plan cancer (2014-2019), qui prévoit la création du métier d’IDE clinicien en cancérologie (lire p. 17), le prouve. Tout comme la dizaine de rapports parlementaires qui, ces dernières années, ont plaidé pour la création de professions intermédiaires aux pratiques avancées.

Convaincu du potentiel français de cette discipline, le Pr David Orlikowski, coordinateur du master de l’UVSQ, prépare la rentrée 2015, date d’application de la refonte. « Nous nous rapprochons de l’université Paris-Sud pour créer deux parcours types : clinicien et pratiques avancées paramédicales », développe-t-il. Mais, la création ex nihilo de formations en sciences cliniques infirmières risque d’être encore plus difficile qu’elle ne l’était déjà.

1 - Le master de l’université de Versailles-Saint-Quentin, ouvert à la rentrée 2011, et celui de l’École des hautes études en santé publique, en partenariat avec l’université d’Aix-Marseille, lancé en 2010.

2 - Pour la pérennité du Master science clinique en soins infirmiers, cette pétition : bit.ly/1cltksc

LMD : MENTION AB

→ Enfin ! Le rapport de l’Igas et de l’IGAENR sur l’intégrationau dispositif licence-master-doctorat a été publié à l’heure de notre bouclage. Retrouvez sur notre site, en date du 19 février, une première analyse de ce document.