L'infirmière Libérale Magazine n° 301 du 01/03/2014

 

PLAIES ET CICATRISATIONS

Actualité

SANDRA MIGNOT  

CONGRÈS > La prescription infirmière relève d’un savoir-faire qui inclut la connaissance du droit et des recommandations de bonnes pratiques.

Aujourd’hui, il n’y a plus débat, l’infirmier est prescripteur, a assuré Marjorie Cabrol, infirmière coordinatrice du réseau ville-hôpital Cicat-LR à Montpellier, lors de la 18e conférence nationale Plaies et cicatrisations, organisée du 19 au 21 janvier. Et c’est dans ce secteur que la prescription infirmière trouve son application la plus pratique. 215 000 patients, suivis à domicile, présentent des escarres, des ulcères veineux ou des pieds diabétiques. « Une nouvelle pratique infirmière qui se développe et qui autorise une relative autonomie, bien encadrée », commente Marjorie Cabrol, citant entre autres le décret du 29 juillet 2004 sur le rôle propre infirmier.

Obligation de formation

L’infirmière coordinatrice a aussi fait le point sur différentes aides à la prescription : l’arrêté du 16 juillet 2010 qui - notamment - classifie types de plaies et de pansements, des applications mobiles et les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS).

Car, du droit à la prescription de dispositifs médicaux découle une obligation de formation. Sur ce point, Sylvie Meaume, gériatre et chef de service à l’hôpital Rothschild, souligne les difficultés d’usage des compressions dans les cas d’ulcère de jambe et de lymphœdème. « L’adhésion du patient au traitement est un problème majeur, explique-t-elle. Mais il est aussi nécessaire de former les IDE sur la prise en charge du lymphœdème. Une étude montre que, malgré la prescription, dans 55 % des cas le traitement est incorrect, qu’il s’agisse d’une pose inadéquate de la compression, d’un drainage imparfait, etc.

Produits déremboursés et nouveaux sets

La connaissance des recommandations de bonnes pratiques, la nécessité d’évaluer la pertinence de la prescription initiale, les responsabilités juridiques (traçabilité des dispositifs utilisés, information au patient…) sont liées à la prescription infirmière. « En 2010, ces prescriptions ont généré un chiffre d’affaires supérieur à 80 millions d’euros en officine, indique Marjorie Cabrol. Nous devons être attentifs au coût de nos prescriptions. »

Isabelle Fromantin, infirmière experte en plaies et cicatrisations à l’institut Curie, note quelques dérapages : « Les pansements très ou super absorbants sont de plus en plus nombreux. Or ils sont réservés aux plaies extrêmement exsudatives ou pour espacer des soins. Mais pas pour être changés tous les jours s’ils ne sont pas saturés. » L’experte regrette aussi le déremboursement de nombreux produits à l’argent. Mais elle salue le retour sur le marché de deux sets de détersion pour le traitement des plaies chroniques à domicile correspondant aux normes de la HAS « à un coût peu élevé ».