L'infirmière Libérale Magazine n° 301 du 01/03/2014

 

Éditorial

Le président de la République a annoncé, en début d’année, la suppression prochaine des cotisations des entreprises et des travailleurs indépendants finançant les allocations familiales - sans clairement préciser les nouveaux modes de financement. À l’autre bord de l’échiquier politique, un ancien ministre du Budget vient de suggérer, pour diminuer les prélèvements, de tailler dans les dépenses sociales et les lits d’hôpitaux. Le risque est de culpabiliser - plus que de « responsabiliser » - le patient, l’usager. Il est aussi d’oublier ce que permettent ces recettes, ce que recouvrent ces dépenses. En France, les prélèvements obligatoires sont sans doute complexes, inéquitables, appelés à une remise à plat. Ils n’en ont pas moins une utilité. Concrètement, un adulte leur consacre 1 300 de ses 2 800 € de revenu mensuel moyen… et les « récupère » à hauteur de 600 € sous forme de transferts (retraites, allocations chômage, prestations familiales…), auxquels on peut ajouter 700 € de dépenses publiques (en majorité pour l’éducation et la santé)(1). La redistribution monétaire (par les prestations familiales, minima sociaux, allocations logement d’un côté, la fiscalité directe de l’autre) divise presque par deux l’écart de niveau de vie entre les 20 %de Français les plus riches et les 20 % les plus modestes(2). Difficile, semble-t-il, de réduire à la fois les inégalités (comme le veut par exemple le nouveau plan cancer) et toutes les dépenses. A moins de trouver des recettes miracle.

(1) Camille Landais, Thomas Piketty, Emmanuel Saez, Pour une révolution fiscale, Seuil, 2011.

(2) Selon un état de lieux de la redistribution publié fin 2013 par l’Insee (à consulter par le raccourci bit.ly/1cpQ2iF).