UNE AUTRE VOIE > La réforme de la formation initiale infirmière et la diminution progressive du nombre d’établissements hospitaliers font du cabinet libéral un lieu de stage attractif. En région parisienne, quelques Idels acceptent de jouer le jeu d’accueillir des stagiaires.
Devant les difficultés à mettre en œuvre de nouveaux terrains de stage, les Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) se tournent enfin vers le secteur libéral. « Nous sommes le terrain idéal pour l’avenir, compte tenu de la diminution du nombre de lits et d’hospitalisations », a expliqué Pascal Lambert, Idel et pilote de la commission du tutorat de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS)-infirmiers d’Île-de-France lors d’un colloque organisé par l’Agence régionale de santé, le 29 janvier.
En région parisienne, une dizaine de cabinets libéraux se sont engagés à accueillir les stagiaires des Ifsi de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. « Mais seuls deux d’entre eux accueillent plusieurs étudiants pendant une même session de stage », précise Brigitte Dausse, cadre supérieure de santé et coordinatrice des stages à l’Ifsi de Bichat. Une charte d’encadrement a été élaborée qui fixe les devoirs et responsabilités de chacun. L’Idel est le garant d’un accompagnement de qualité. Il fixe lui-même le nombre de stagiaires qu’il peut accueillir. Le formateur coordonnateur en Ifsi peut proposer une préparation spécifique au stage en secteur libéral. Il est l’interlocuteur privilégié de l’Idel si des difficultés apparaissent durant le stage.
« Notre objectif principal est le travail sur le projet individuel de soin », souligne Pascal Lambert. Mais le stage en libéral permet également de repérer les caractéristiques de la population d’un territoire, d’intégrer les principes d’organisation des prises en charge, d’identifier les spécificités de la prise en charge à domicile, d’appréhender la dimension gestionnaire de l’exercice libéral, d’envisager les enjeux socio-économiques du parcours de soin…
Au chapitre des réussites, Pascal Lambert cite notamment la disponibilité des Idels tuteurs, l’apprentissage de gestes techniques tels que la pose/retrait de Piccline, la participation à des actions d’éducation à la santé. « Les patients sont généralement très accueillants vis-à-vis des étudiants, et ceux-ci peuvent même aborder le développement du lien avec l’entourage. » Suivre le professionnel au domicile des patients permet aussi d’appréhender la dimension économique du rapport au soin. « Et les étudiants jugent généralement ce stage valorisant et moins monotone qu’à l’hôpital », ajoute Brigitte Dausse.
Côté difficultés, l’infirmier libéral a souligné la problématique de la rémunération des actes réalisés par l’étudiant, normalement interdite. « Nous avons déjà des collègues qui se sont retrouvés déremboursés par la Sécurité sociale, après enquête, précise Pascal Lambert. Mais nous travaillons sur la question et cela devrait évoluer en notre faveur car, avec la tarification à l’activité, les hôpitaux seront aussi concernés par ce problème. » Enfin, les horaires spécifiques (très tôt le matin notamment) et l’organisation de la journée de travail sont parfois peu compatibles avec l’accueil des étudiants sans véhicule.
Quant aux Idels impliqués, ils apprécient la remise en question régulière que permet la présence d’un étudiant. « On est obligé de faire attention à notre routine, d’avoir une autre attitude par rapport au patient, de nous mettre à jour sur les dernières recommandations, remarque Pascal Lambert, qui accueille des étudiants depuis une douzaine d’années. C’est exigeant et stimulant. »