COOPÉRATION > Le transfert d’actes à des infirmières reçoit un accueil « favorable, mais pas enthousiaste » des généralistes, selon la Drees.
L’article 51 de la loi Hôpital, patients, santé et territoires, qui vise à instaurer de nouvelles coopérations entre professionnels de santé, fait encore parler de lui, cette fois dans un rapport de la Drees
La réponse dépend, en fait, du mode de financement. « Plus le scénario engage les revenus des médecins, moins ceux-ci sont enclins à déléguer certaines tâches », note la Drees. Leur taux d’acceptation est respectivement de 60, 18 ou 26 % quand le “délégué-infirmier” est rémunéré entièrement par l’Assurance maladie, intégralement par les médecins, ou à parts égales entre eux. Le mode actuellement prédominant en France – le paiement à l’acte – ne concorde pas avec les rémunérations forfaitaires versées (avec succès selon la Drees) aux paramédicaux pour les activités déléguées, à l’étranger.
« Pour les deux tiers des médecins, les deux principaux freins au transfert de tâches seraient la difficulté de trouver une infirmière disponible et le risque de voir leur responsabilité légale engagée », ajoutent les chercheurs.
Autre facteur de variation des réponses : la nature des actes transférés. « Les tâches qui relèvent des compétences réglementaires du médecin telles que les prescriptions ou encore les gestes médicaux seraient moins volontiers déléguées à une infirmière. » Ainsi, 34 % des praticiens interrogés seraient enclins à déléguer la réalisation d’un frottis cervical… mais plus de 80 % des actes relevant de l’éducation thérapeutique du patient diabétique ou asthmatique, de l’éducation nutritionnelle ou encore de l’accompagnement des patients dans l’arrêt de consommation de tabac…
Après avoir rangé les médecins dans trois profils selon leur avis sur la délégation
(1) Les médecins généralistes face au paiement à la performance et à la coopération avec les infirmiers, “Études et résultats” n° 873, février 2014 (cf. le raccourci internet bit.ly/1ozgvOY).
(2) À lire dans notre article du 3 mars sur espaceinfirmier.fr (bit.ly/1geh67z).
« Leur méconnaissance de notre profession est telle que 20 % des généralistes ne souhaitent pas nous déléguer des actes ou des compétences qui relèvent pourtant de notre rôle propre depuis 1978 », déplore le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) à la lecture des résultats de la Drees, ironisant à propos de la surveillance de la tension ou de l’électrocardiogramme. « En matière d’actes cliniques, ajoute le SNPI, la rémunération d’une consultation n’est liée ni à son niveau de difficulté, ni à sa durée. (…) Les consultations médicales les plus simples et les plus rapides (…) sont au final les plus “rentables” pour les médecins. Ces derniers n’ont donc pas d’incitation financière à confier leur réalisation à un autre professionnel ! » (bit.ly/1kLCRet).