L'infirmière Libérale Magazine n° 302 du 01/04/2014

 

Échappées

Christine Fontaine*   Candice Moors**   Mathieu Hautemulle***  

PARFUM D’ENFANCE

Roman d’apprentissage poétique et léger comme une bulle de savon. Victor Beauregard, 9 ans, habite à Bourg-en-Bresse, dans l’Ain, et n’a pas une famille ordinaire… Depuis le divorce de ses parents, il habite avec sa maman Claire, libraire, la compagne artiste-peintre de cette dernière, Pilar, et sa sœur aînée Alicia, ado qui n’aspire qu’à une vie libre. Son père François, photographe, ressemble à Peter Pan et ne veut pas grandir. Mais il y a surtout les vacances à Rocquebrune-Cap-Martin, qui vont le conduire dans des aventures dignes des plus célèbres détectives. Un environnement de vacances où se mêlent l’humour et la tendresse de l’enfance.

Gilles Paris, L’Été des lucioles, éditions Héloïse d’Ormesson, 220 pages, 2014. 17 euros.

MA RÉVÉRENCE

Notre héros est sûr d’une chose, il va mourir. Une magnifique journée de printemps à Paris, le soleil brille, les filles sont belles… Mais sa voiture vient d’être embarquée à la fourrière. Il fait toutes les démarches pour récupérer son véhicule. Et s’effondre devant le Centre Pompidou. Non, il refuse, il ne veut pas ce qui lui arrive. Il souhaite encore vivre : « Que l’on excuse mon désarroi, c’est la première fois que je meurs et je ne sais pas comment on fait. » Il passe de vie à trépas. À l’approche de la fin prochaine, certains se referment sur eux-mêmes, mais lui croit posséder un remède à l’inévitable : « Prendre la mort à revers. » Sans colère ni désespoir, l’auteur nous offre un hymne à l’humour, une ode à la non-vie.

Jean-Pierre Enjalbert, Prendre fin, éditions Belfond, 206 pages, 2014. 17 euros.

LA TÊTE CACHÉE DANS LE SABLE

Récit à la première personne d’un chercheur en mathématiques qui subit une ablation de la prostate, en raison d’un cancer. Les conséquences de cette amputation : incontinence urinaire, impuissance sexuelle, tentatives de suicide… C’est un mal qu’on voudrait garder bien enfoui au fond de soi. Le narrateur nous raconte les travers, les non-dits, les tabous avec lucidité et beaucoup d’humour. Rien ne nous est épargné car, en perdant sa prostate, cet homme a perdu une grande partie de son goût de vivre. Un raz-de-marée est passé sur son corps. Cette maladie, rencontrée chez les hommes de plus de 50 ans, est ressentie comme une honte. C’est pourtant une authentique leçon de vie pour nous tous. Et si ce témoignage très fort et cru pouvait contribuer à briser le tabou du silence, l’auteur aurait déjà gagné la partie.

Tahar Ben Jelloun, L’Ablation, Gallimard, 129 pages, 2014. 14,90 euros.

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