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POLÉMIQUE > Un projet d’arrêté qui réforme notamment la prise en charge à domicile de la nutrition parentérale pour la confier aux hôpitaux provoque la colère des libérales.
Les infirmières libérales seront-elles bientôt exclues de la prise en charge à domicile de la nutrition parentérale ? C’est ce que redoutent les syndicats infirmiers à la lecture d’un projet d’arrêté du ministère de la Santé qui vise à réformer la nomenclature de ces prestations. Toujours en discussion, le texte, dans l’état actuel, prévoit la mise en place de « forfaits de prestation » qui comprendraient, outre la fourniture du matériel, « l’intervention de l’infirmier du prestataire pour la coordination du retour à domicile du patient », ainsi que « sa participation à la coordination du suivi du patient ». « Nous avons fait des propositions pour modifier le texte, explique Annick Touba, présidente du Sniil. Nous voudrions que l’infirmière du prestataire ne soit que la coordinatrice du matériel et rien d’autre ; les soins, c’est notre travail. »
Selon le Sniil, les prestataires de santé à domicile sont avant tout des sociétés commerciales, et ils n’emploient que peu d’infirmières. Ces dernières ne « sont pas forcément demandeuses » d’assurer ces fonctions de coordination, estime également Philippe Tisserand, président de la FNI, « sauf les gros groupes cotés en bourse qui organisent déjà des filières captives d’où l’infirmière libérale est évincée ». La FNI pointe également un autre aspect de cet arrêté qui pourrait être néfaste pour les infirmières libérales. Le projet prévoit de confier l’initiative de la prise en charge à domicile de la nutrition parentérale à l’hôpital. Or « leur proximité avec l’HAD risque fortement de créer un monopole d’activité au détriment de l’offre de soins libérale », met en garde Philippe Tisserand.
En fait, cet arrêté reprend certaines recommandations d’un avis de la Haute Autorité de santé, datant de 2008. « On se heurte sans cesse à des décisions médicales de gens qui sont loin du terrain », regrette Annick Touba. Au départ, il devait s’agir essentiellement de revoir les modes de calcul des forfaits pour éviter les gâchis, notamment en créant des forfaits pour des durées hebdomadaires. Dans cette affaire, les infirmières libérales sont soutenues par l’Union nationale des professions de santé (UNPS) : « Il faut absolument que tous les soins de ville soient laissés aux libéraux, sinon, on les décourage, a déclaré récemment son président Jean-François Rey. Aujourd’hui, c’est la nutrition parentérale, demain, pourquoi pas la dialyse ! »