L'infirmière Libérale Magazine n° 302 du 01/04/2014

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

SANDRA MIGNOT  

VIOLENCES > À Saint-Germain-en-Laye, l’ISG rassemble les femmes en souffrance et tous les professionnels utiles à leur prise en charge.

« La lutte contre les violences est encore trop hospitalo-centrée, prise en charge à partir du moment où il y a une agression physique, remarque Pierre Foldès, chirurgien urologue réputé pour son travail de réparation de l’excision. Mais la violence, cela commence bien avant. » C’est la raison pour laquelle ce médecin a fondé, avec Frédérique Martz, cadre issue du monde de l’édition santé, l’Institut en santé génésique (ISG) à Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines. « Nous avons réuni ici cinq professions essentielles pour l’accueil des femmes victimes de violences : infirmière, travailleur social, juriste, psychologue et médecin, résume Frédérique Martz. Nous pouvons ainsi proposer une écoute adaptée à toutes les problématiques liées à la violence. »

Évaluer les besoins

Installé dans l’enceinte de l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye, l’endroit, fraîchement rénové, n’est pour l’instant ouvert que par demi-journée. L’ensemble des intervenants est bénévole, à l’exception des juristes, mis à disposition par des associations. « Nous avons voulu commencer à travailler sans attendre de subventions pour montrer ce que l’on pouvait faire, explique Pierre Foldès. Mais l’institut est en recherche de financements et a vocation à rémunérer ses intervenants. » Une infirmière assure généralement le premier entretien. « Nous rassurons les femmes, puis essayons d’évaluer leurs besoins et leurs attentes, décrit Dany Hamon, présente deux à trois demi-journées par semaine et IDE vacataire aux urgences et dans le service de chirurgie voisin. Puis nous hiérarchisons les priorités, afin de les soutenir dans les démarches qu’elles souhaitent entreprendre. » Remplis par chacun des intervenants, une fiche d’accueil et des protocoles par profession permettront le suivi du dossier par l’ensemble de l’équipe qui se réunit en staff chaque semaine. La synthèse est assurée par Frédérique Martz.

Des protocoles sont signés avec les services hospitaliers qui peuvent être sollicités. Car, si la prise en charge à l’institut est gratuite, aucun soin ni travail thérapeutique n’y est réalisé. « Nous disposons également d’un réseau à plusieurs niveaux, remarque la directrice. Un certain nombre de professionnels nous ont aidés à concevoir le projet, puis nous sommes allés à la rencontre des institutions de terrain qui peuvent travailler avec ces femmes. » Depuis deux ans, en effet, les deux cofondateurs de l’ISG ont patiemment construit leur réseau dans les Yvelines : commissariats, centres d’hébergement, relais juridiques, associations, etc.

Des Idels désirées

Prochaine étape, le développement des formations, à destination de tous les types de professionnels. À ce titre, les Idels intéressent tout particulièrement l’ISG. « Il s’agira de leur donner des outils pour repérer les signes d’appel et transmettre les informations », souligne Frédérique Martz.

Depuis début janvier, plus d’une quarantaine de femmes ont fait appel à l’institut.