Cahier de formation
Savoir faire
Vous revoyez Monsieur X. après le retrait de sa sonde. Celui-ci est inquiet car il a des fuites urinaires. Vont-elles régresser avec la rééducation périnéale prescrite ? Risque-t-il de devenir incontinent ?
Une incontinence urinaire est fréquente après le retrait de la sonde, mais pas systématique. Si elle est présente, une rééducation périnéale, qui permet de tonifier le périnée et les sphincters urinaires, est mise en route rapidement.
→ La récupération de la continence urinaire s’effectue généralement en trois à six mois, mais elle est parfois plus longue. Dans 5 à 10 % des cas, une incontinence urinaire d’effort (toux, rire, activité sportive…) peut persister après six mois à un an. Si elle est invalidante, des interventions peuvent être proposées par l’urologue (pose d’une bandelette sous-urétrale, de ballonnets péri-urétraux, voire, en cas d’incontinence sévère, d’un sphincter artificiel).
→ Dans certains services d’urologie, les séances de kinésithérapie sont proposées au patient avant l’intervention, de manière à ce qu’il puisse appliquer au plus tôt les exercices de rééducation périnéale.
Des exercices de contraction des muscles du périnée sont faits quotidiennement et plusieurs fois dans la journée. Le patient apprend à les réaliser d’abord au repos, puis il doit les mettre en pratique avant chaque changement de position (de la position allongée ou assise à la position debout) et avant un effort.
Boire régulièrement (sauf en fin de journée pour limiter les levers nocturnes) de manière à avoir des mictions régulières, prendre son temps pour bien vider complètement sa vessie à chaque miction. Les exercices de contractions du périnée sont importants et il faut bien les mettre en pratique avant l’effort… et non après !
La cystite radique regroupe les lésions vésicales consécutives à l’irradiation. Les troubles se manifestent généralement pendant l’irradiation, puis se dissipent dans les semaines qui suivent la fin du traitement. Leur persistance ou leur apparition tardive est possible mais rare. Il convient d’éliminer par cystoscopie la probabilité d’un cancer de vessie radio-induit qui surviendrait à distance de la radiothérapie (< 1 %).
La cystite radique se manifeste par une dysurie, une pollakiurie et/ou des impériosités mictionnelles (besoin urgent et irrésistible d’uriner), parfois une hématurie. Ces symptômes peuvent masquer une infection urinaire qui est systématiquement recherchée (par ECBU).
Le patient doit boire suffisamment et régulièrement pour assurer un “lavage vésical”. Il doit signaler les troubles au radiothérapeute car des traitements symptomatiques peuvent lui être prescrits pour les soulager (antalgiques, AINS, antispasmodiques…). Il faut proscrire toute automédication, en particulier la prise d’AINS en l’absence d’un contrôle ECBU attestant l’absence d’infection urinaire (l’AINS pourrait aggraver l’infection urinaire). Si les symptômes sont gênants, les séances de radiothérapie peuvent être suspendues transitoirement.
À savoir : ces signes irritatifs existent aussi après une curiethérapie.
Oui, tout comme la cystite radique, une rectite radique peut survenir au cours des séances de radiothérapie. Elle se manifeste par une accélération du transit intestinal, voire une diarrhée, des selles parfois glaireuses, une irritation de l’anus et du rectum, des faux besoins, parfois des rectorragies. Il est recommandé de limiter les aliments irritants (aliments gras ou riches en fibres, épices, café…), de privilégier riz, pommes de terre, semoules, pâtes, carottes cuites, bananes et compote de coing. Comme pour la cystite radique, ces symptômes persistent parfois au long cours (5 % des patients) et peuvent nécessiter une prise en charge spécifique (traitements locaux…).
La radioactivité émise par les sources radioactives à l’intérieur de la prostate décroît avec le temps et l’irradiation émise à distance de la prostate (à l’extérieur du corps) est faible. Toutefois, par prudence, il est effectivement recommandé aux patients de ne pas prendre les enfants sur les genoux et de se tenir à un mètre de distance des femmes enceintes dans les semaines suivant l’intervention. Quelques précautions sont également à prendre les premiers jours au cours des mictions car des grains radioactifs peuvent migrer dans les urines ou le sperme. Ainsi, il peut être demandé au patient de filtrer quelques temps ses urines (à l’aide d’une passoire) dans un récipient spécial (donné puis remis à l’hôpital). De même, les rapports sexuels doivent être protégés les premières semaines.
Céline Poulain, cadre de santé en urologie
« À son retour à domicile, le patient peut être porteur d’une sonde vésicale. Il est nécessaire de surveiller la perméabilité de la sonde (sonde fonctionnelle), la diurèse, la couleur et l’odeur des urines. En cas d’anomalie d’un des critères de surveillance, il est primordial d’aviser le service d’urologie. L’incident redouté est que la sonde ne soit plus en place. Il ne faut pas tenter de la remettre car il y a un risque de faire une fausse route et de traverser l’anastomose (suture entre l’urètre et la vessie). Il faut alerter l’hôpital. La sonde sera remise en place par un urologue, au besoin sous contrôle d’imagerie. »