L'infirmière Libérale Magazine n° 303 du 01/05/2014

 

MÉTHODE

Actualité

MATHIEU HAUTEMULLE  

« Quelle est la valeur d’un tel sondage ? », s’interroge un lecteur sur un réseau social. La question n’est pas illégitime quand on sait que seuls soixante infirmiers y ont répondu. Un pourcentage issu d’un nombre de sondés inférieur à cent semble avoir moins de force. Anne Beaufumé, associée de l’institut H20 (qui a réalisé l’étude), n’est d’ailleurs pas la dernière à faire preuve de prudence vis-à-vis des chiffres. « Ce qui est vrai statistiquement peut être faux pour une personne », remarque-t-elle, ironisant également sur telle entreprise « se prétendant numéro 1 mondiale » à partir d’un mini-sondage favorable à l’un de ses produits.…

« Des lois, des codes »

Mais, précise celle qui a dirigé l’étude de CMV Médiforce, en statistique, « il y a des lois, des codes, des règles de déontologie ». L’étude ne fait ainsi état que des résultats jugés statistiquement significatifs (comme les évolutions d’au moins dix points), et présente par ailleurs l’intérêt de poser des questions ouvertes (auxquelles on ne peut répondre ni par “oui” ni par “non”). Le panel d’infirmières, lui, a été fourni par la société World One. Limité à soixante sondés pour des raisons de coût (« la plus grosse part du budget [d’une telle étude] part sur le panel »), leur nombre révèle aussi la difficulté à trouver des Idels, qui seraient moins disponibles que leurs collègues salariées pour remplir un questionnaire en ligne pendant quinze minutes. Elles figurent parmi les professions les plus difficiles à recruter en panel avec les radiologues et les biologistes. En résumé, une étude avec un petit panel a peut-être moins valeur de vérité absolue que d’indication sur l’état de la profession. Une indication d’ailleurs, ici, utile également aux commanditaires du sondage, dont les infirmières libérales sont clientes.