ACTES > La semaine de la vaccination a montré la faible couverture vaccinale. Et la volonté des Idels d’étendre leurs compétences…
À l’occasion de la semaine de la vaccination, du 22 au 26 avril, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) a demandé à la ministre de la Santé de faire preuve de « courage politique », lui demandant « un vrai droit infirmier à vacciner ». Selon le Sniil, cet élargissement du droit infirmier à vacciner, qui serait accompagné d’une information du médecin, pourrait contribuer à l’augmentation de la couverture vaccinale, comme cela a été constaté aux États-Unis ou au Québec. Justement, en France, cette couverture est relativement contrastée : la progression s’avère plutôt notable du côté des nourrissons, mais, chez les adultes, il reste une marge d’amélioration pour parvenir aux objectifs fixés par la loi de santé publique, soit 95 % de la population pour l’ensemble des vaccins et 75 % pour la vaccination grippale. Certaines maladies qu’on pensait éradiquées refont même surface, comme la rougeole ou la coqueluche.
Outre un phénomène de défiance vis-à-vis des bénéfices de la vaccination, cette dernière se heurte sans doute à un mur du point de vue de la pratique : en France, c’est un acte réalisé par les médecins, aucun vaccin ne pouvant être administré par une infirmière, exception faite de la vaccination antigrippale saisonnière – les Idels sont autorisées à vacciner sans prescription les personnes de plus de soiante-cinq ans ainsi que celles atteintes de certaines pathologies qui bénéficient d’une prise en charge du vaccin par l’Assurance maladie, en dehors de toute primo-vaccination.
Par ailleurs, depuis fin 2013, les infirmières libérales peuvent détenir à titre préventif une ampoule d’adrénaline à injecter d’urgence en cas de choc anaphylactique lors d’une vaccination. Une initiative de l’URPS (Union régionale des professionnels de santé)-infirmiers de Haute-Normandie menée l’an dernier a montré que les infirmières peuvent aussi mener un acte de vaccination en toute sécurité. « Nous avons mis en place un carnet de vaccination établissant la traçabilité de notre acte et nous nous sommes affranchis des risques d’allergie en détenant de l’adrénaline, là où les médecins n’étaient que 27 % à en détenir au cabinet », explique François Casadéi, président de l’URPS-infirmiers de Haute-Normandie.
Dans de nombreux pays anglo-saxons, les infirmières sont déjà autorisées à vacciner plus largement qu’en France. L’Organisation mondiale de la santé les a même identifiées comme ayant un rôle pivot dans la vaccination. Des études ont confirmé que la couverture vaccinale était meilleure lorsque les infirmières participaient aux campagnes. « Les infirmières ont potentiellement le rôle le plus important à jouer de tous les professionnels de santé dans le processus d’immunisation », rappelle le Conseil international des infirmières dans une publication de 2013. « Ce sont elles qui sont en première ligne avec les familles, à leur domicile, qui les connaissent donc le mieux dans leur environnement », renchérit la Fédération nationale des infirmiers, qui souhaiterait un débat sur ce sujet, expliquant que les infirmières maîtrisent des techniques de soins à haut risque pour lesquelles on leur fait déjà confiance. La ministre, en déclarant le 22?avril qu’il fallait « faire en sorte que certains actes puissent être réalisés par d’autres professionnels de santé » dans ce domaine, a-t-elle ouvert une porte ?