PRATIQUES > Le taux d’accident d’exposition au sang (AES) est dix fois plus élevé en libéral qu’à l’hôpital. Conclusion d’une étude inédite initiée par la Fédération nationale des infirmiers.
Les infirmières libérales sont 62 % à avoir déjà connu un accident d’exposition au sang (AES) lors de la réalisation d’un acte invasif, et la moitié d’entre elles en a rencontré dans l’année écoulée. Ces résultats, présentés le 26 mars sur FNI TV, la chaîne Internet de la Fédération nationale des infirmiers
« Ce sont des chiffres énormes », s’alarme Philippe Tisserand, président de la FNI, initiatrice de l’étude. « Ce taux d’accident est dix fois supérieur à celui constaté en milieu hospitalier », remarque Gérard Pellissier, du Geres. « Dans les établissements de santé, de plus en plus souvent équipés en matériel de sécurité, une infirmière se pique tous les cinq à dix ans environ, précise Christian Rabaud, professeur des universités- praticien hospitalier au service des maladies infectieuses du CHU de Nancy, en Meurthe-et-Moselle. Tant que les infirmières sont à l’hôpital, le système les protège. Quand elles en sortent, elles doivent engager une démarche volontaire. »
Selon l’enquête, les infirmières libérales ne sont pas assez nombreuses à se protéger : 65 à 70 % ne portent pas de gants ; 60 % utilisent du matériel sécurisé, mais seulement 19 % en utilisent toujours. Pour le président de la FNI, il faut « questionner ces pratiques », mais aussi poser « la question des moyens : le matériel sécurisé représente un surcoût qui n’est pas pris en compte dans le tarif des actes ».
À la différence des salariées, les libérales sont mal protégées en cas d’accident du travail ou de maladie. Elles ne bénéficient que des faibles indemnités journalières (48,62?euros par jour) versées par leur caisse de retraite à compter du quatre-vingt-onzième jour d’arrêt seulement. Là encore, leur meilleure protection a un coût : « Elles doivent souscrire une assurance prévoyance volontaire », explique Thierry Casagrande, juriste.
L’accident le plus fréquent est la piqûre par une aiguille creuse. Christian Rabaud détaille la démarche à suivre : il est important de nettoyer la plaie avec de l’eau et du savon, de la désinfecter avec de l’eau de Javel ou de la bétadine, puis de s’adresser à un service hospitalier expert pour évaluer le risque de contamination (hépatite B, hépatite C, bactérie multirésistante, sida, etc.)
Pour connaître la liste des établissements référents en cas d’accident d’exposition au sang, il faut s’adresser à l’Agence régionale de santé.
* À revoir sur fmcevent.com/fnitv