L'infirmière Libérale Magazine n° 303 du 01/05/2014

 

Éditorial

Dans la prescription du médecin, la délivrance du pharmacien, la prise en charge infirmière : le bon usage du médicament se joue là, au plus près du patient. Il relève aussi d’un échelon plus collectif, dans la mise sur le marché des produits, la fixation de leurs prix, leur police… À ce niveau, la transparence est nécessaire pour défendre l’intérêt général – en premier lieu celui du patient. Mais la confiance, déjà ébranlée par l’affaire du Mediator, subit un nouveau revers avec les soupçons de conflit d’intérêts à l’encontre du Dr Morelle : en 2007, alors employé de l’Inspection générale des affaires sociales, ce haut fonctionnaire a travaillé, visiblement sans l’autorisation nécessaire, pour un laboratoire pharmaceutique(1). Le Dr Morelle, Aquilino de son prénom, était pressenti comme secrétaire d’État à la Santé il y a quelques semaines à peine. Le voilà “poussé” à la démission de son poste de conseiller de François Hollande, visé par une enquête préliminaire du parquet national financier. Ces révélations ne contribuent pas franchement à l’image de transparence et d’indépendance des autorités, nécessaires dans ce domaine, plus encore que dans d’autres, en raison des intérêts en jeu et des jeux d’influence. Ainsi, selon un expert, « toute l’industrie pharmaceutique est concernée » par le lobbying auprès des hommes politiques(2). Le nom de cet expert, ancien conseiller technique en charge du médicament, coauteur d’un rapport sur le Mediator en 2011 ? Aquilino Morelle.

(1) Selon le site Médiapart, le 17 avril 2014. Aquilino Morelle a indiqué n’avoir « commis aucune faute ».

(2) Dans un chat sur metronews.fr le 28 juin 2011.