L'infirmière Libérale Magazine n° 304 du 01/06/2014

 

STATIONNEMENT

Actualité

M. H.  

AMENDES → En tournée, faute de place, où se garer Une Idel, sanctionnée par cinq procès verbaux en moins de deux mois, témoigne.

« Nous comptons, mes collègues et moi-même, (soit deux associées et un collaborateur), cesser notre activité d’ici la fin de l’année puisque cela devient impossible d’exercer. » Cette annonce de Sarah Guerlais, Idel à Vincennes (Val-de-Marne), est grave, et « sérieuse ». Cela ne semble pas être l’unique raison, mais il y a en tout cas une « goutte d’eau » : « deux PV en quinze jours » pour mauvais stationnement, explique la professionnelle de santé à la fin du mois de mai.

Ce n’est pas la première mésaventure automobile de cette membre du mouvement Ni bonnes ni nonnes ni connes. Le 6 avril, elle avait été triplement verbalisée pendant sa tournée, alors que Vincennes, ville en travaux, était ce jour-là « saturée » par le marathon de Paris et une brocante (cf. notre numéro de mai). « La tolérance, oui, bien sûr, mais au stationnement payant, pas n’importe où », a justifié un « intraitable brigadier » de police au Canard enchaîné du 29 avril.

Soins en hypercentre

Le sujet fait le “buzz”. En quasi-totalité sur le mode solidarité. « C’est fou, le positionnement de certains maires vis-à-vis des libéraux, médecins ou Idels », réagit Alexandra sur la page Facebook de notre magazine. D’autres estiment que patients et habitants pourraient soutenir l’infirmière, par exemple en boycottant les horodateurs. Et souvent, les oreilles des policiers sifflent… À Camille, l’histoire de Sarah Guerlais rappelle de mauvais souvenirs : « Pour le dernier PV pendant ma tournée, j’ai tenté de négocier (place payante mais caducée en règle). Réponse de la municipale : “C’est au bon vouloir de l’agent.” On marche sur la tête ! »

Un seul avis adressé à notre rédaction est plus circonspect, s’interrogeant sur l’endroit exact où Sarah Guerlais s’est garée le 6 avril, en espérant que ce ne fût pas sur « un trottoir, une place handicapée ou un passage piétons ». « Le problème, c’est que notre caducée n’est pas le Code de la route », résume Alexandra avec nuance. Sarah Guerlais, elle, affirme que, dans tous les cas, elle a tâché de se garer à un endroit où sa voiture, une citadine, ne gênerait pas la circulation, et précise avoir laissé son caducée et un mot avec un numéro de téléphone. « Pour votre information, je ne me gare jamais sur une place handicapée. En tant qu’infirmière, cela me semble assez évident :) », rétorque-t-elle à notre lectrice.

Au-delà de son cas, l’Idel vincennoise soulève la question de l’organisation de l’accès aux soins en hypercentre. « Sans mon intervention, le patient se trouve en danger », argumente-t-elle dans un courrier adressé au ministère public pour contester les trois PV du 6 avril. Elle en appelle à la tolérance suggérée par la circulaire n° 86-122 du 17 mars 1986. Fin mai, elle confiait ne pas avoir reçu de réponse à son courrier.